La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
route qui mène au royaume de la Mort.
La fin de Thésée fut, elle aussi, pitoyable. Il se trouvait
à la cour d’un ami, le Roi Lycomède, celle-là même où quelques années plus tard
Achille devait chercher refuge sous un déguisement féminin. Les uns disent que
Thésée s’y était rendu parce qu’Athènes l’avait banni. Quoi qu’il en soit, le
Roi son hôte et ami, le tua, sans qu’on nous dise pourquoi.
Banni ou non par les Athéniens, ceux-ci, après sa mort, l’honorèrent
plus qu’aucun autre mortel. Ils lui élevèrent un superbe tombeau et décrétèrent
que ce lieu serait désormais le sanctuaire de tous les esclaves, de tous les
pauvres et opprimés, en mémoire de celui qui toute sa vie s’était fait le
protecteur des êtres sans défense.
Hercule
Ovide relate la vie d’Hercule {En
grec : Héraclès} mais très brièvement, sans suivre sa méthode habituellement
détaillée à l’extrême. Il n’aime guère s’étendre sur des exploits héroïques et
préfère de beaucoup une histoire pathétique. À première vue, il peut paraître
étrange qu’il taise le fait qu’Hercule tua sa femme et ses enfants, mais ce
récit avait été conté déjà par Euripide, le poète du V e siècle, et la réticence d’Ovide s’explique
peut-être par son intelligence ; il trouvait fort peu à dire au sujet des
mythes déjà traités par les grands tragiques. Il passe également sous silence
les légendes les plus fameuses qui ont Hercule pour héros, entre autres celle
où il sauva Alceste de la mort, alors qu’Euripide en fait le sujet d’une autre
de ses tragédies. Sophocle, contemporain d’Euripide, décrit la mort du héros. Son
aventure avec les serpents alors qu’il était tout enfant, est racontée par
Pindare au V e siècle et par
Théocrite au III e siècle. Dans
ma relation, j’ai suivi les récits donnés par les deux poètes tragiques et par
Théocrite de préférence à Pindare, qui est l’un des poètes les plus difficiles
à traduire et même à paraphraser. Pour le reste, j’ai suivi Apollodore, un
prosateur du I er ou du II e siècle de notre ère qui avec Ovide est
le seul écrivain à conter toute la vie d’Hercule. Si j’ai choisi son texte de
préférence à celui d’Ovide, c’est qu’en cette unique occasion, il se montre
plus prodigue de détails.
Hercule fut le plus grand héros de la Grèce. C’était un
personnage d’un tout autre ordre que le grand héros athénien, Thésée. Il
représentait ce que la Grèce entière, à l’exception d’Athènes, admirait au plus
haut point. Les Athéniens différaient des autres Grecs, leur héros devait donc
être lui aussi, tout autre. Thésée, bien entendu, était un brave entre les
braves ainsi que le sont tous les héros, mais contrairement à ces mêmes héros, il
se montrait aussi compatissant que courageux, et il alliait une grande
intelligence à une exceptionnelle vigueur physique. Il était donc tout naturel
que les Athéniens se choisissent un tel héros puisque plus qu’aucun autre
peuple de la Grèce, ils prisaient la pensée et les idées. Leur idéal se
trouvait incarné dans la personne de Thésée. Mais Hercule incarnait ce que le
reste de la Grèce appréciait par-dessus tout. Ses qualités étaient celles que
les Grecs en général honoraient et admiraient et, sauf le courage stoïque, elles
n’étaient pas celles par lesquelles Thésée se signalait.
Hercule était l’homme le plus fort de la terre et il
possédait cette suprême confiance en soi que donne une magnifique vigueur
physique. Il s’estimait l’égal des dieux – et non sans quelque raison. Ceux-ci
durent faire appel à son aide pour vaincre les Géants ; dans le combat
final des Olympiens contre les fils bestiaux de la Terce, les flèches d’Hercule
jouèrent un rôle important. Il traitait les dieux en conséquence. Un jour que
la prêtresse de Delphes dédaignait de répondre à sa question, il saisit le
trépied sur lequel elle se tenait et déclara qu’il l’emporterait et proférerait
l’oracle lui-même à sa façon. Bien entendu, c’était une chose qu’Apollon ne
pouvait admettre, mais Hercule était tout prêt à se mesurer avec lui et Zeus
dut intervenir. Toutefois, la querelle fut aisément vidée. Hercule se montra
fort accommodant. Il ne voulait pas se disputer avec Apollon, il ne demandait
qu’une réponse de son oracle ; si Apollon consentait à la donner, l’affaire
serait réglée en ce
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