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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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es né, invisible mais présente quand ta mère t’a rejeté de son
ventre pour te livrer à la lumière. J’étais présente au fond de tes yeux quand
tu les as ouverts sur le monde. Je sais beaucoup de choses, moi aussi, Merlin,
parce que j’ai vécu longtemps dans les mondes intermédiaires, où seuls peuvent
évoluer des êtres comme nous, avant de m’incarner dans cette forme où tu me
vois. En fait, je suis plus vieille que toi, et je ne suis pas née du diable.
Je supporte toute la mémoire de l’univers. Certains hommes m’ont appelée Ishtar
ou Isis, ou encore Aphrodite. D’autres m’ont donné le nom de Dana, ou encore
celui de Dôn. Peu importe. J’ai toujours été présente quand la terre tremblait
et quand le ciel se déchirait sous la morsure de la foudre. Aujourd’hui, je
suis Morgane, fille d’Ygerne et de Gorlais de Tintagel. Et j’étais là quand tu
es venu semer la mort et la destruction dans la forteresse de mon père. Je t’ai
reconnu quand tu as ouvert le chemin de la chambre où dormait ma mère. J’ai vu
Uther Pendragon se glisser dans son lit et y commettre le pire des crimes. Et
c’est toi qui as fait cela, Merlin, toi que je reconnaissais sous la misérable
défroque que tu avais endossée pour mieux tromper ton monde. Je savais que
c’était toi et que je te retrouverais un jour, en face de moi. » –
« Je le savais aussi, dit Merlin. Il est de toute éternité établi que nos
chemins doivent obligatoirement se croiser, ou même parfois devenir parallèles.
Mais, toute savante et puissante que tu es, Morgane, il y a certaines choses
que tu ignores et auxquelles tu ne peux accéder. C’est peut-être parce que je
suis le fils du diable, mais je peux te dire que ton pouvoir est sans effet sur
moi. » Morgane éclata de rire. « Je le sais, dit-elle. Je ne peux
rien contre toi, mais toi, tu ne peux rien contre moi. » – « C’est
vrai », dit Merlin. Et tout à coup, il parut très triste, comme s’il
venait de voir dans les yeux de Morgane son propre destin.
    « Que vas-tu faire, maintenant ? demanda Morgane.
J’imagine que tu vas, une fois de plus, nous étonner avec tes tours de
passe-passe. Cela te va bien de changer d’aspect pour mieux faire tomber les
autres dans tes pièges ! » – « Si je fais des tours de
passe-passe, comme tu dis, répondit Merlin, ce n’est pas à ton usage. Alors
cesse ton persiflage, s’il te plaît. Nous valons peut-être mieux que cela, tous
les deux, et nous n’avons pas à nous combattre. » – « Tu oublies que
j’ai un cœur », dit Morgane. – « Moi aussi », dit Merlin d’un
air lugubre. Et il la quitta et s’engagea au plus profond du bois tandis que
Morgane demeurait silencieuse à contempler les étoiles.
    Après la mort d’Uther Pendragon, le royaume resta donc sans
héritier puisque personne, sauf Merlin, Morgane et Urfin, ne savait que le
défunt roi avait un fils. Les grands du royaume se réunirent donc pour décider
du gouvernement du pays, mais ils ne purent pas s’accorder sur un nom. Les
différentes factions faisaient valoir ce qu’elles considéraient comme leurs
droits, et on en venait à penser qu’aucune solution ne serait possible sans le
recours aux armes. Heureusement, quelques sages proposèrent qu’on fit appel à
Merlin pour lui demander son avis. On l’envoya donc chercher.
    On mit du temps à le retrouver, car il se déplaçait
constamment et se dérobait le plus qu’il pouvait. Il pensait en effet que plus
les barons attendraient, plus ils deviendraient nerveux et plus ils seraient
disposés à l’écouter. Enfin, un jour, il se présenta devant l’assemblée.
« Merlin, dit alors le roi Uryen, nous connaissons tous ta sagesse et nous
savons que tu as beaucoup aimé les rois de ce pays. Tu les as aidés dans leurs
combats contre nos ennemis et tu as souvent contribué à ramener la paix entre
nous. Nous te demandons instamment de nous venir en aide à présent, car ce
royaume, tu le sais bien, est un royaume sans roi. Donne-nous ton avis sur ce
qu’il convient de faire, pour le plus grand bien de notre peuple et dans le
plus grand respect de Notre Seigneur. » Merlin répondit : « Ce
ne sera qu’un simple avis, car je ne peux rien proposer d’autre. Je ne suis pas
Dieu pour me permettre de décider du sort des hommes. J’ai effectivement
beaucoup aimé ce royaume et je me suis efforcé d’aider ceux qui en avaient la
charge. Si vous me demandiez de choisir

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