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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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tu as pu, Uther, et tu as été un bon roi. Tu n’as rien
à te reprocher. »
    « Mais j’ai commis le mal, reprit Uther. J’ai commis
des actions odieuses. J’ai désiré la femme d’un autre et j’ai fait en sorte
qu’il fût tué. » – « Le grand roi Salomon, si célèbre par sa sagesse,
en a fait autant, répondit Merlin. Sache qu’il fallait qu’il en fût
ainsi. » – « Mais la souffrance d’Ygerne quand je l’ai obligée à
abandonner son enfant ! J’entends encore le cri qu’elle a poussé !
J’ai peur, Merlin, j’ai peur du jugement de Dieu, car je suis un
pécheur ! » – « Ce n’est pas à moi qu’il faut dire cela, mais au
prêtre qui viendra t’assister tout à l’heure, Uther. Je n’ai aucune qualité
pour te confesser et te donner l’absolution. Je ne suis que ton ami. » –
« Je t’en remercie, Merlin, et tes paroles me réconfortent au moment suprême
où je vais quitter cette terre. Mais je voudrais te demander encore autre
chose. Éloigne tout le monde, je veux rester seul avec toi ! »
    Merlin fit comprendre à tous ceux qui étaient là de
s’écarter, puis il s’assit à côté d’Uther. « Que veux-tu
savoir ? » dit-il. Uther hésitait, cherchait ses mots. À la fin, il
se décida : « Cet enfant, Merlin, qu’est-il devenu ? » –
« Il n’est pas devenu, répondit Merlin, il deviendra. » – « Que
veux-tu dire ? » – « Je dis que ton fils, dont l’image te
poursuit comme un mauvais rêve ou un remords cuisant, portera la couronne de ce
royaume. Uther, je t’affirme que ton fils sera roi et qu’il accomplira les
grandes prouesses qui en feront l’un des hommes les plus illustres de tous les
temps. C’est dans ce but que je t’ai obligé à me remettre l’enfant de ta faute.
En agissant ainsi, je n’ai fait qu’obéir au plan de Dieu, car ce n’est pas ton
intérêt ni même ton honneur que j’ai défendu, mais la lignée royale à laquelle
tu appartiens. Il fallait qu’il y eût dans ce royaume un homme à qui confier
l’épée sacrée, cette épée de souveraineté dont le nom évoque la foudre :
c’est ton fils qui la détiendra et qui la brandira pour achever les aventures
du Saint-Graal et maintenir le plus longtemps possible cette Table Ronde que tu
as instituée et dont la renommée atteindra les extrêmes limites du monde. Sois
en paix avec toi-même, Uther Pendragon, avant de l’être avec Dieu ! »
À ce moment, on entendit un grand tumulte. Ce furent des cris, des appels, des
galopades de chevaux. Et l’on vit de grandes turbulences sur le champ de
bataille. « Voilà qui est accompli, dit Merlin. Roi Uther, les ennemis
s’enfuient dans le plus complet désordre, poursuivis par tes hommes qui les
traquent sans merci. C’est ta victoire, et cette victoire n’a été acquise que parce
que tu étais là. » Un sourire se dessina sur les lèvres du roi.
« Maintenant, je peux mourir tranquille. » Et il ajouta dans un
murmure : « Ygerne… Sais-tu que j’ai réellement aimé
Ygerne ? » – « Je n’en doute pas, répondit Merlin, car seul un
enfant de l’amour peut prétendre instaurer la paix entre les hommes. » Et,
tandis qu’un prêtre s’approchait pour assister le roi, Merlin s’éloigna
lentement.
    Uther Pendragon mourut ce soir-là, peu avant la tombée de la
nuit, quand montèrent les premières étoiles dans le ciel. « Merlin, veille
sur mon fils », avait-il murmuré dans un souffle. Merlin était resté
longtemps immobile devant le corps de celui qui avait été son ami, puis il
était descendu du tertre et avait pris le chemin qui menait vers la nuit. Au
moment où il parvenait près d’un bois touffu, une silhouette se dressa devant
lui, celle d’une femme qui paraissait encore très jeune, aux cheveux noirs, aux
yeux énigmatiques, au visage hésitant entre l’ombre et la lumière, vêtue d’une
longue robe rouge sur laquelle s’accrochaient les derniers rayons du soleil.
Merlin s’arrêta et lui dit : « Pourquoi viens-tu rôder autour d’un
cadavre comme un vautour ? » La femme éclata d’un grand rire :
« Tu voudrais peut-être que je pleure sur le roi Uther ? Tu me
connais mal, Merlin ! » – « Je te connais trop bien, au
contraire, répondit Merlin, et c’est pour cela, Morgane, que je me permets
cette familiarité. Mais d’où tiens-tu que je suis Merlin ? »
    « Je te connais depuis toujours, dit Morgane. J’étais
là quand tu

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