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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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voyait. S’ils se joignaient à
lui, il leur faisait des politesses et des amabilités tout en les questionnant
sur leurs spécialités, et elle voyait sa machinerie interne recueillir d’eux ce
dont il avait besoin, comprendre leurs affections, leurs désirs secrets et
leurs mécanismes de pensée et de sentiments. Alors il leur parlait, les
inondait de paroles, utilisant tout ce qu’il venait d’apprendre, dominant leur
esprit, et ils étaient stupéfaits par la force de sa volonté et de son
intellect, par son puits de sympathie. S’il voulait vous charmer, vous étiez
charmé. S’il voulait vous persuader, vous étiez persuadé.
    — Et s’il voulait vous aimer ?
    Sans répondre, Geli se pencha en avant pour
prendre une autre pastille.
    — Vous êtes la seule à qui oncle Adolf
montre de l’affection ? demanda Willie en anglais.
    — Cela vous remarquez ?
    — Et comment ! Vous vous marierez, vous
croyez ?
    Elle rougit.
    — Mais nous sommes l’oncle et la nièce !
Quelqu’un dit ça ?
    — Mon père.
    Afin d’éviter le regard formidable d’Hitler, elle
quitta le sofa et s’assit par terre sous le portrait, en entourant ses genoux
de ses bras. Elle passa de nouveau à l’allemand.
    — Je dois beaucoup à oncle Adolf pour
avoir agi comme un père et pour avoir pris soin de ma famille. Je lui en serai
toujours redevable. Sans lui, nous n’aurions ni maison ni argent. Nous lui en
sommes tous reconnaissants. Et je suis sûre qu’il m’aime à sa façon. Mais je
déteste sa jalousie et sa possessivité. J’ai souvent l’impression d’être son
esclave. Vous connaissez ce sentiment ?
    — Pas vraiment, non, dit-il en anglais.
    — Parfois, reprit-elle en allemand, il ne
supporte pas que je m’intéresse à quelque chose ou quelqu’un d’autre que lui. À
tout instant je dois être prête à aller où il veut, ou à cesser toute activité
pour obéir à son dernier caprice. Même mes leçons de chant hebdomadaires
peuvent être annulées parce qu’il déteste être seul. Il nous arrive de passer
une journée entière au cinéma, et il veut y retourner après dîner. Ça m’ennuie
à mourir. Ou bien c’est l’Opéra. Soir après soir. J’ai vingt-deux ans. J’ai
envie de m’amuser. Avec des gens de mon âge. Et tout ce que je fais, c’est
dîner avec des hommes âgés.
    — Et ils peuvent être drôlement rasoir !
dit son cousin.
    Elle fut surprise de fondre en larmes et de
voir se peindre sur le visage de Willie une terreur interloquée à l’idée qu’elle
continue à s’épancher. Elle continua néanmoins.
    — Vous comprenez, où qu’il aille il lui
faut de la compagnie. Un auditoire d’adorateurs. Les mots volent de tous côtés
autour de lui, comme un rempart de phrases. Qui peut y pénétrer ? Et
est-ce qu’il écoute les autres ?
    Willie admit que pour oncle Adolf, écouter
semblait être une récréation.
    — Oui ! Et donc je suis un mystère à
ses yeux. Nous le sommes tous. Pas encore découverte. Sans complications. Il
veut que je ne sois qu’une bonne ménagère, un animal domestique. Même quand je
chante, ça le contrarie. Je me demande comment j’arrive à lui procurer un peu
de plaisir.
    — En tout cas, répondit Willie en anglais,
je suis sûr qu’il serait ravi de voir qu’il peut vous bouleverser à ce point.
    Elle rit.
    — Excusez-moi. Je suis agacée, c’est tout.
Peut-être que j’ai de la fièvre. Mais nous avons aussi de bons moments. Et
oncle Adolf est très généreux.
    Elle passa ses mains sur ses joues trempées de
larmes. Elle prit une inspiration.
    — Vous allez essayer d’oublier toutes les
horreurs que j’ai dites quand vous rentrerez en Angleterre, n’est-ce pas ?
    — Je ne me souviendrai que de vous, répondit
Willie galamment.
    — Même quand je le déteste, il gagne. Je
me tourmente à cause de lui. Il m’obsède, je ne peux pas me le faire sortir de
l’esprit.

XVI
La maison brune, 1931
    Le premier janvier 1931, au 45, Briennerstraße,
juste à l’est de la prairie de pierre blanche de Königsplatz, Adolf Hitler
inaugura officiellement la Maison brune comme le siège du parti
national-socialiste des ouvriers allemands. Lorsque les formalités officielles
furent terminées en fin d’après-midi, Hitler, arborant bottes montantes, jodhpurs
et uniforme de SA, emmena Geli dans une visite architecturale privée, lui
faisant d’abord faire le tour à pied du bâtiment de quatre étages, lui
inclinant

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