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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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et
réclamant à sa place une « dictature patriotique ». C’est à lui seul
que l’on devait l’augmentation spectaculaire du nombre des adhérents du parti, qui
comptait à présent trois mille membres ; cependant ses fondateurs, qui
craignaient sa prééminence et l’afflux de tant d’anciens soldats forts en
gueule dans les meetings, avaient cherché à affaiblir son influence par une
alliance avec un groupe socialiste à Augsbourg. « Ayant appris cela, je
les ai réduits au silence en menaçant de démissionner. Sans moi, ils n’avaient
pas d’avenir, ils le savaient, et ils se rendirent à mes raisons. » D’ailleurs,
dans une lettre obséquieuse, le parti reconnut ses grands succès, son habileté,
son sacrifice, et ses « exceptionnels talents d’orateur », et lui
offrit le poste de président, sans s’embarrasser d’autres débats parlementaires
et des désordres de la démocratie. Il en était donc désormais le Führer, le
chef absolu et tout-puissant. Et c’était ainsi que cela devait être, naturellement.
    — Ensuite il demande de nos nouvelles, conclut
Angela en pliant la lettre.
    — Et il dit que nous lui manquons
beaucoup ? ironisa Léo.
    — C’est pas drôle, répondit Geli.
    — Adolf est si occupé qu’il en oublie les
autres, dit leur mère.
    — Mais c’est merveilleux cette réussite !
dit Paula. Sans aucune qualification ni instruction !
    L’oncle de Léo envoya au collégien un
prospectus sur la section gymnastique et sports du parti, qui proposait des
activités telles que boxe, marche, et football à ses jeunes membres, et
utilisait leurs muscles comme « une force offensive à la disposition du
mouvement ». En bas du prospectus, Hitler avait écrit : « Es-tu
intéressé ? » et indiqué que le nom de l’organisation avait été
changé en Sturmabteilung (SA) ou section d’assaut. On distribuait aux
énergiques jeunes gens de la SA, écrivait-il, des bonnets de laine, des
chemises brunes, et des brassards ornés de croix gammées, afin de leur « instiller
des sentiments de solidarité et de discipline ». Le capitaine Ernst Röhm
était à leur tête, et « il les considère comme sa propre armée, bien qu’ils
ne doivent obéissance qu’à moi seul ».
    Léo Raubal était bel et bien intéressé par la
Sturmabteilung, mais surtout parce qu’il avait énormément besoin d’un père, et
parce que son célèbre parent semblait enfin s’intéresser à lui. En travaillant
après l’école et le week-end, Léo économisa assez d’argent pour acheter un billet
de chemin de fer pour Munich, à l’occasion de la première fête du NSDAP, qui
aurait lieu le 27 janvier 1923.
    La vallée de la Ruhr, la principale région
minière et industrielle allemande, venait d’être envahie par cent mille
militaires français et belges, au prétexte que l’Allemagne, en prenant du
retard dans le versement des réparations en bois et en charbon, n’avait pas
rempli les scandaleuses obligations du traité de Versailles. Furieux, les
Allemands ripostèrent par des grèves, des manifestations de masse, de la
résistance passive et du sabotage ; en conséquence le Rentenmark s’effondra
sur le marché mondial, passant en quelques semaines du taux déjà inflationniste
de sept mille marks à cinquante mille marks pour un dollar. En l’espace de huit
mois, le Rentenmark, tombé à cent trente milliards pour un dollar, n’allait
avoir pratiquement plus aucune valeur. La valse des étiquettes était telle que
les ouvriers apportaient leur paye à la maison dès qu’ils l’avaient touchée
pour que les femmes se dépêchent d’aller faire les courses avant que les prix n’augmentent
de nouveau. Le gouvernement de Weimar était contraint d’employer quarante-neuf
garçons de bureau à porter d’énormes corbeilles à papier remplies de billets, rien
que pour payer un ticket de train. Les enfants ne sortaient pas faute de
souliers. Le charbon était si précieux qu’on ne chauffait pas les maisons. Le
chômage était épidémique, la faim et la maladie chroniques, le désordre régnait
dans les rues, le nihilisme et l’irrésolution faisaient rage, et de tous les
chanceliers, industriels, généraux et politiciens ergoteurs qui parlaient pour
le Reich naufragé, seul Adolf Hitler semblait personnellement aussi indigné que
le peuple, et plus il protestait contre l’avalanche de malheurs qui s’abattait
sur l’Allemagne, plus grande était

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