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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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Mercedes huit places.
    Elle monta dans la voiture.
    — J’espère que l’odeur ne vous dérange pas.
Le siège avant est rembourré avec des algues.
    — Au cas où vous auriez une petite faim ?
    — Vous vous moquez de moi ?
    — Je vous taquinais, Herr Schaub.
    — Vous êtes désinvolte, Fräulein Raubal, dit-il
en s’installant au volant, et il chercha le mot qui le décrirait, lui. Moi, je
suis…
    — Vous, vous êtes susceptible, Herr
Schaub.
    Très concentré, les sourcils froncés, il
regarda à travers le pare-brise et finit par déclarer :
    — Je trouve que la vie est une chose
hasardeuse et tragique, et qu’il faut la prendre au sérieux.
    — Et vous pouvez dire ça en étant assis
sur des algues ? sourit Geli.
    Schaub fut si offensé qu’il ne la regarda
pratiquement plus alors qu’il la conduisait vers les sites les plus célèbres de
Munich.
    — On nous appelle « la cité de la
bonne nature, la capitale de l’art allemand, l’Athènes de l’Isar, la Moscou de
notre mouvement ». Nous comptons près de huit cent mille habitants, et
moins de quatre mille Juifs.
    Elle lui lança un regard singulier qu’il
ignora. Schaub l’emmena d’abord à la Feldherrnhalle, où, dit-il, « nos
martyrs nazis furent tués en 1923 » ; puis à travers les bois et les
prairies du jardin anglais, qui faisait « cinq kilomètres du nord au sud »,
et qui était « le premier parc public du continent ». Puis ce fut le
Glaspalast, qui abritait des expositions industrielles et avait été construit
par le roi Maximilien II sur le modèle du Crystal Palace de Londres. À
cette saison, lui dit-il, il n’y avait pas beaucoup d’attractions dans le parc
du Theresienwiese, mais à la mi-septembre s’y tenait Oktoberfest, la plus
grande fête populaire du monde.
    Schaub vit qu’elle n’était pas attentive, aussi,
histoire de dire quelque chose, il lui demanda si les concerts se passaient
bien, et n’écouta pas sa réponse. Aux jardins botaniques, il avoua qu’il avait
arrêté de fumer pour plaire à son oncle, mais qu’il avait très envie d’une
cigarette en ce moment, comme si c’était elle la responsable de ce besoin
impérieux. Elle visita seule l’immense cathédrale Notre-Dame, et le laissa
mijoter trop longtemps. Quand elle en sortit, il se leva des marches de pierre
glacées et lui lança :
    — Vous avez entendu parler de fanatisme
religieux, Fräulein Raubal ? Eh bien, Adolf Hitler est ma religion à moi.
    Et ce fut toute sa conversation pendant une
heure. Il se contentait souvent de freiner et de désigner gravement un bâtiment
en le nommant – le Musée égyptien, la Pinacothèque, la Résidence des
Wittelsbach, – avant de repartir en accélérant brusquement. Son tour se termina
au nord-ouest de la ville devant l’immense palais baroque et son parc de plus
de vingt hectares, construit par la famille royale Wittelsbach à Nymphenburg. Il
fut aussi muet qu’un garde du corps lorsqu’ils se promenèrent à travers la
villa et les galeries, et autour d’un lac vert où les enfants faisaient voguer
des bateaux. Schaub regarda l’heure à sa montre de gousset et fronça les
sourcils.
    — J’ai reçu l’ordre de vous conduire
Maximilianstraße.
    — Pour quoi faire ?
    — Pour vous acheter de nouveaux vêtements.
Mon Führer dit que vous ressemblez à une pauvresse.
    Maximilianstraße était le quartier de la haute
couture et regorgeait de chaussures italiennes et de robes qu’elle n’avait vues
que dans des magazines de luxe. Elle fut si étourdie par les centaines de
modèles à choisir qu’elle essaya quatorze paires de chaussures, au grand dam de
Schaub assis à côté d’elle, et plus tard elle le sentit bouillir quand elle
laissa la vendeuse décider quelle robe habillée, parmi les cinq qu’elle avait
sélectionnées, Hitler allait lui offrir, puisqu’elle n’arrivait pas à faire son
choix. Pour payer, Schaub sortit de l’argent d’une enveloppe sale marquée NSDAP,
déposant chichement un billet après l’autre sur le comptoir de verre, puis une
fois dehors, il porta la boîte et défit la ficelle qui l’entourait pour la
mettre précieusement dans la poche de son trench-coat.
    — Je me suis bien amusée, dit Geli.
    — Vraiment ? Nous sommes le parti
national-socialiste, pas national-capitaliste.
    — J’ai été pauvre toute ma vie, Herr
Schaub. Mon oncle vous a donné une voiture.
    Schaub ne trouva pas tout de suite quoi

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