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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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mastectomie, mais on avait trouvé des
cellules cancéreuses dans les tissus. Un médecin juif leur avait dit que la
seule chance de la guérir était de saturer sans cesse la blessure avec de l’iodoforme,
qui lui brûlait la peau comme de l’acide. Encore maintenant il se rappelait
cette infecte odeur d’hôpital. Klara mordait une serviette pour ne pas crier. Lorsque
le produit passa dans son sang, elle ne pouvait plus avaler. L’eau qu’il lui
présentait était comme du poison. Tante Johanna et lui l’avaient installée dans
la cuisine, la seule pièce chauffée de la maison. Ils avaient démoli un placard
et apporté un sofa pour qu’il soit toujours près d’elle et il l’entendait gémir
dans son sommeil.
    — C’était l’enfer.
    — Mais c’était bien pour elle, que vous
soyez là. Elle n’était pas heureuse de votre compagnie ?
    Roulant sur le côté, il plaqua un oreiller
sous sa tête et coinça son bras entre les genoux.
    — J’avais dix-huit ans, et elle m’a
transformé. Elle était si courageuse, Geli. Si tendre et si attentionnée. Solide.
Jamais une plainte. Nous avions mis un arbre de Noël dans la cuisine et nous l’avions
garni de bougies, et elle s’endormait dans leur lueur vacillante. J’étais en
train de dessiner son portrait quand elle est morte, juste après minuit. Angela
nous a trouvés ainsi au lever du jour.
    Geli se leva et s’agenouilla doucement près de
lui, servante de son chagrin.
    — Et elle vous manque toujours ?
    Il enfouit son visage dans l’oreiller comme un
enfant, hocha la tête comme un enfant.
    — Vous pleurez ?
    Elle n’entendit qu’une sorte de plainte forcée,
un pleurnichement.
    — Allons, oncle Adolf.
    Elle lui passa la main dans les cheveux. Elle
déposa un baiser sur son épaule.
    — Vous allez me faire pleurer aussi. Ce n’est
pas ce que vous voulez ?
    Se débattant fébrilement, comme un poisson
dans un filet, Hitler se dégagea et remonta son trench-coat sombre pour se
cacher le visage.
    — Ne me regarde pas comme ça ! hurla-t-il.
    Terrorisée, elle se releva et regarda par la
fenêtre. Une cavalière en jodhpurs et manteau de fourrure faisait trotter un
hongre dans les champs du Jardin anglais, et sa monture s’enfonçait dans la
neige jusqu’aux boulets.
    — Ça va, oncle Adolf ?
    Elle l’entendit heurter le sol de ses
chaussures et pousser un soupir étouffé, peut-être avait-il le visage dans les
mains.
    — Elle était tout pour moi. Et à présent
c’est ton tour. J’ai tellement peur…
    — Il ne faut pas…
    Le plancher trembla comme il tombait à genoux
derrière elle, lui enlaçait les cuisses, enfouissait son visage dans ses fesses.
    — Si seulement j’avais quelqu’un pour s’occuper
de moi ! gémit-il, ses paroles semblant écrites d’une main chaude et moite
sur sa jupe.
    Elle toucha les cheveux de son oncle.
    — Moi, je m’occuperai de vous.
    — C’est vrai ?
    Une clarification semblait s’imposer.
    — Vous êtes mon oncle.
    — Je n’ai pas d’amis, pas de famille…
    — Vous m’avez. Vous avez Angela et Paula.
    Elle sentit qu’il secouait la tête.
    — Elles ne m’aiment pas ! J’ai
besoin d’amour !
    — Moi, je vous aime.
    Elle le sentit s’écarter d’elle, toujours à
genoux, les mains remontant sur ses cuisses. Puis il se leva, à la manière des
vieillards, cherchant son équilibre, peinant et soufflant, avant de se
ressaisir.
    — Où est mon chapeau ?
    Elle le lui donna sans se retourner.
    — J’espère que tu es contente, regarde ce
que tu me fais subir !
    Elle lui fit face. Son regard courroucé était
aussi rouge qu’un cri.
    — Je n’ai rien…
    — Je me suis ridiculisé à cause de toi !
    — Je ne comprends pas, oncle Adolf. Je…
    Alors, il sourit. Il lui caressa les cheveux
avec une douceur infinie, puis la joue et le menton.
    — Comme tu es jolie, dit-il en mettant
son chapeau. J’ai établi des règles pour toi, princesse, poursuivit-il. Aussi
raisonnables et généreuses les unes que les autres. Une, j’exige toujours ton
obéissance, ta loyauté et ta compagnie. Deux, c’est moi qui déterminerai quand
tu sortiras avec Emil ou quand tu ne sortiras pas avec lui. Chacun de vous
devra m’en demander la permission séparément. C’est ainsi que les pères
agissent avec leurs filles. Trois, cette relation devra rester secrète aux yeux
du public. Vous ne devrez pas être photographiés ensemble. Tu ne devras pas
être

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