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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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vue avec lui à l’université ou dans les cafés. Quatre, tu poursuivras tes
études jusqu’à ce que j’en décide autrement. Tu pourras les abandonner, mais
pas pour te marier, et seulement avec ma permission. Et cinq, tu as dix-neuf
ans. Tu ne peux pas te marier avant deux ans. Quand tu seras majeure, nous
verrons.
    Sur ce il sortit, et elle s’assit sur son lit.
Faible et épuisée.

X
Les amis d’Hitler, 1928
    De tous les amis de son oncle au sein de la
hiérarchie nazie, celui qu’elle préférait était Herr Doktor Paul Joseph Goebbels,
mais uniquement parce qu’il semblait avoir un faible pour elle. Ils firent
connaissance en mars 1928, lorsque Goebbels, âgé de trente ans, Gauleiter de Berlin et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Der Angriff (L’Attaque),
se rendit à Munich pour les besoins du parti ; il écrivit ensuite dans son
journal : « Hier j’ai rencontré Hitler et il m’a immédiatement invité
à dîner. Une charmante dame était là. »
    Geli savait qu’il avait travaillé un temps à
la Bourse de Cologne, que c’était un écrivain facile et plutôt intelligent, au
départ bien à gauche des nazis, mais à présent militant zélé et partisan fanatique
d’Hitler, lequel avait dit affectueusement de lui : « Notre Doktor
est tout feu tout flamme. » Elle s’était donc imaginé un homme
complètement différent de celui qu’elle vit lors de leur première rencontre à l’Osteria
Bavaria, car il ressemblait à un gamin famélique de treize ans, mesurant à
peine plus d’un mètre cinquante, et ne pesant pas plus de cinquante kilos, la
tête trop grosse pour son corps, ses cheveux bruns plaqués contre une boîte
crânienne que l’on distinguait sous son visage, comme sur un cadavre. Il
claudiqua jusqu’à leur table dans son trench-coat blanc trop grand, penchant
dangereusement sur la gauche à cause d’une maladie contractée dans son enfance,
l’ostéomyélite, qui avait provoqué l’arrêt de la croissance de sa jambe gauche,
plus courte de dix centimètres que la droite. Ce qui apparemment ne l’empêchait
pas de se trouver beau et chic, et ses yeux se posèrent sur Geli avec
gourmandise lorsque Hitler fit les présentations.
    — Vous êtes ravissante, dit-il.
    — Enchantée, Herr Goebbels, répondit-elle
en lui tendant la main.
    — Doktor Goebbels, corrigea-t-il, et
malgré son sourire, elle se sentit mortifiée.
    Mais il était néanmoins si aimable, et ses
immenses yeux noirs si lumineux reflétaient tant de tragédies de jeunesse, tant
de blessures de l’âme, un tel désir de charmer et de séduire que Geli lui
pardonna son arrogance. D’ailleurs, elle le trouvait charmant, car c’était un
intellectuel, cultivé, vif, drôle, voire caustique ; il avait une superbe
voix de baryton, riche et sonore comme un orgue d’église tonitruant. Ses belles
mains étaient parfaites, des mains de pianiste doué auxquelles on avait évité
les blessures dues au travail ou au sport ; et il confessa modestement que
sa pièce Der Wanderer (Le Vagabond) avait été jouée quelques mois
auparavant au théâtre Wallner de Berlin.
    C’était la première fois qu’elle rencontrait
un auteur dramatique, elle le lui dit, puis eut peur de paraître bébête ou trop
impressionnée.
    — Et il a également écrit un roman, dit
Hitler. Eher va le publier cette année, n’est-ce pas ?
    Goebbels s’inclina.
    — Grâce à vous.
    — Quel est le titre ? s’enquit Geli.
    —  Michael ou le Destin d’un Allemand. C’est
un petit livre, sous la forme d’un journal intime, qui raconte l’histoire d’un
jeune intellectuel avide de saisir la vie par toutes les fibres de son être. Qui
trouve sa vocation parmi ceux qui travaillent dans les mines.
    — Je suis dedans, dit Hitler, comme si
cela allait de soi.
    Le Doktor Goebbels s’inclina à nouveau
gracieusement.
    — Vous êtes le destin de l’Allemagne, son
homme prédestiné. Le roman serait creux sans vous.
    La flatterie continua durant tout le repas. Geli
pensa que son oncle était dans une de ses crises de méchante humeur, à changer
continuellement de sujet, ses idées flottant quelque part entre le banal et le
carrément étrange, mais elle vit que le Doktor Goebbels buvait chacune de ses
paroles, touchant à peine aux plats, aussi plein d’adoration pour Hitler qu’un
de ses chiens. Et quand Hitler se rendit aux toilettes, le Doktor Goebbels
confia :
    — Quand il parle, c’est si simple

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