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La nuit de l'ile d'Aix

La nuit de l'ile d'Aix

Titel: La nuit de l'ile d'Aix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Prouteau
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chercher Las Cases. Je veux lui dicter quelques notes.
    —  Sire, il n’est pas encore rentré.
    —  Envoyez-le-moi dès son retour.
    M. de Las Cases était venu avec son fils faire ses adieux à sa femme. La duchesse de Rovigo les avait conduits à Paris Las Cases a serré passionnément Élisabeth sur son cœur. Puis il a pris une dernière fois dans ses bras le jeune Emmanuel. La famille s’est donné rendez-vous à Baltimore.
    « Ordre du Ministre de la Guerre
    au Général Beker
    Monsieur le Général,
    Vous prendrez une partie de la Garde qui se trouve sous vos ordres à Rueil, et vous irez brûler et détruire complètement le pont de Chatou.
    Je fais détruire également par des troupes qui sont à Courbevoie le pont de Bezons   ; j’y envoie un de mes aides de camp pour cette opération.
    J’enverrai demain des troupes à Saint-Germain   ; mais, en attendant, gardez-vous sur cette route.
    L’officier qui vous porte cette lettre est chargé de m’apporter lui-même le rapport de l’exécution de cet ordre.
    M al Prince d’Eckmuhl. »
    Napoléon pousse sa fenêtre sur un ciel d’un bleu violent et pur. Au-delà des frondaisons rutile et tournoie un rideau mouvant de flammes et de fumées qui porte jusqu’au parc ses relents de calcin, ses parfums de résine et ses crépitements d’élytres.
    Hortense assise sous le marronnier se lève et avance sous la fenêtre   :
    —  Qu’est-ce que c’est   ?
    —  On dirait un incendie...
    Napoléon descend dans le parc en robe de chambre. Il embrasse Hortense. Au-dessus de leurs têtes des oiseaux de flammes passent sur les ailes du vent.
    Au même moment Las Cases entre au galop dans le parc.
    —  Sire, c’est le pont de Chatou qui brûle, Beker l’a fait sauter parce que les Prussiens ne sont plus qu’à trois lieues de la ville.
    —  Il faut faire sauter tous les ponts de la Seine, dit Napoléon. Et se tournant vers Gourgaud   : Faites doubler les postes devant la grille, c’est plus prudent. Alors Las Cases, quelles nouvelles de Paris ?
    —  Sire, la ville est en proie à une grande agitation. Des milliers et des milliers de paysans sont entrés dans Paris. La Commission ne sait plus quoi en faire. Quand on dit Fouché, l’écho répond trahison. Le peuple réclame des armes, les soldats vous réclament, vous. Tout le monde souhaite que vous repreniez la tête de l’armée et que vous assuriez la défense de Paris.
    L’Empereur l’écoute, secoue la tête, et tourné vers son aide de camp   :
    —  Flahaut, courez aux Tuileries et dites à Fouché que les frégates que j’ai demandées doivent être prêtes à appareiller à Rochefort. Dites-lui aussi que s’il n’obtient pas ces frégates je m’enferme à Malmaison et je demande au peuple et à l’armée de me défendre.
    Flahaut s’éloigne au grand galop.
    Dans l’antichambre de Davout, Beker croise une sorte de dandy en haut-de-forme et à tête de policier. C’est le baron de Vitrolles, l’agent de Louis XVIII libéré par Fouché.
    —  Il m’a transmis, dit Davout, des propositions jugées acceptables pour le pays.
    Beker réagit vivement.
    «  —  Je ne puis, monsieur le maréchal, vous dissimuler mon étonnement de vous voir prendre une détermination qui doit disposer du sort de l’Empire, en faveur d’une seconde restauration. Prenez garde de vous charger d’une si grande responsabilité   ; il y a peut-être encore des ressources pour repousser l’ennemi, et l’opinion de la Chambre des représentants ne me paraît pas, après son vote pour Napoléon II, favorable au retour des Bourbons {44} . »
    Davout élude le débat   :
    —  Revenons à votre mission, général. Eu égard à l’urgence des circonstances, il faut mettre des frégates à la disposition de Napoléon sans retard. Voilà la copie du nouvel arrêté du gouvernement adressé au ministre de la Marine.
    « Paris, 28 juin
    Monsieur le Duc,
    De longs retards ayant eu lieu depuis la demande faite de saufconduits pour Napoléon, et les circonstances actuelles faisant craindre pour sa sûreté personnelle, nous nous sommes déterminés à regarder comme non avenu l’article cinq de notre arrêté du 26 de ce mois. En conséquence, les frégates sont mises à la disposition de Napoléon. —  Rien maintenant ne met obstacle à son départ. L’intérêt de l’État et le sien exigent impérieusement qu’il parte aussitôt après la notification que vous allez lui faire de

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