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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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signature.
    À en juger par sa
mise et ses manières, ce devait être un marchand.
    — Plus tard,
Aio, répondit Benoît.
    Le nouveau venu
secoua la tête avec véhémence.
    — Non,
Benoît, je ne peux plus attendre ! Tout Rome sait que le pape est en grand
danger. Suppose qu’il vienne à mourir dans la nuit ?
    Jeanne jeta un
regard inquiet en direction de Serge, qui apparemment n’avait rien entendu. Il
somnolait déjà.
    L’homme secoua
une grosse bourse pleine de pièces.
    — Voici
mille sous, la somme convenue. S’il signe tout de suite, cet or est à toi, avec
ceci en prime, ajouta-t-il en sortant de sa tunique une seconde bourse, plus
petite.
    Benoît lui prit
le parchemin des mains, s’approcha du lit et le déroula sur le drap.
    — Serge ?
    — Il dort,
protesta Jeanne. Ne le réveillez pas.
    Benoît ignora la
remarque. Il prit son frère par l’épaule et le secoua rudement.
    — Serge !
    Les yeux du pape
clignèrent. Benoît prit une plume sur la tablette, la trempa dans l’encrier
tout proche, et la glissa dans la main de son frère.
    — Signe,
ordonna-t-il.
    Hébété, le pape
posa la plume sur le parchemin. Sa main tremblante fit tomber quelques gouttes
d’encre. Benoît la prit dans la sienne et aida Serge à tracer la signature pontificale.
    De l’endroit où
elle se tenait, Jeanne n’eut aucune peine à lire ce que disait le parchemin. C’était
une formata, par le biais de laquelle Aio était nommé évêque d’Alatri.
Cet homme était tout bonnement en train d’acheter un évêché !
    Satisfait, Benoît
se redressa.
    — Repose-toi
maintenant, mon frère. Quant à toi, ajouta-t-il à l’usage de Jeanne, reste à
son chevet.
    Elle opina.
Benoît et Aio quittèrent vivement la chambre.
    Jeanne rabattit
les couvertures sur Serge et les arrangea avec douceur. Selon toute évidence,
rien n’allait plus au sein du palais papal. Et la situation ne risquait pas de
s’arranger tant que Serge serait malade et que son frère ferait la loi à sa
place. Sa mission était limpide : il s’agissait de rendre sa santé au
souverain pontife, et ce le plus tôt possible.
     
     
    Pendant quelques
jours, l’avenir de Serge resta incertain. Le chant constant des prêtres l’empêchait
de bien dormir, et sur demande de Jeanne, leur veille au chevet du pape finit
par être suspendue. À l’exception d’un bref passage à la Schola Anglorum,
Jeanne ne quitta pas son patient. La nuit, elle dormait sur une pile de
coussins, juste à côté du lit pontifical.
    Vers le troisième
jour, les membres de Serge commencèrent à désenfler, et sa peau à partir en
lambeaux. Dans la soirée, Jeanne découvrit tout à coup que Serge ne transpirait
plus.
    Dieu soit bué.
La fièvre est tombée.
    Le lendemain
matin, il reprit conscience.
    — Comment
vous sentez-vous ? demanda Jeanne.
    — Je... je ne
sais pas trop, répondit le pape d’une voix faible. Mieux, je présume.
    — Vous
semblez aller beaucoup mieux, en effet.
    Son teint terreux
n’était plus qu’un souvenir, de même que l’opacité de son regard. Soudain, il
se mit à se gratter avec frénésie.
    — Mes jambes...
mes jambes fourmillent !
    — Ces
démangeaisons sont un excellent signe. Elles montrent que la vie est en train
de reprendre ses droits. Mais vous devez éviter d’irriter votre peau, car le
danger d’infection n’est pas encore écarté.
    Le pontife retira
sa main. Mais ses démangeaisons étaient si fortes qu’il ne tarda pas à se
gratter de plus belle. De guerre lasse, Jeanne finit par lui administrer une
tisane d’herbe aux poules, et il se rendormit.
    Le lendemain,
lorsqu’il rouvrit les yeux, Serge était pleinement lucide.
    — La
douleur... Je ne sens plus rien ! dit-il, promenant sur son corps un
regard incrédule. Mes jambes ne sont plus enflées !
    Enhardi, il s’assit
sur le lit. Ayant repéré un chambellan posté près de la porte, il lui lança :
    — J’ai faim.
Apporte-moi donc un quartier de jambon et du vin !
    — Un plat de
légumes et une carafe d’eau, rectifia Jeanne d’un ton ferme.
    Le chambellan s’en
alla sans laisser à Serge le temps de protester.
    — Qui es-tu ?
demanda le pape, haussant les sourcils.
    — Je m’appelle
Jean Anglicus.
    — Tu n’es
pas romain.
    — Je suis né
en terre franque.
    — Dans le
nord ! Ces lointaines contrées sont-elles aussi barbares qu’on le prétend ?
    Jeanne sourit.
    — On y
trouve moins d’églises, si c’est

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