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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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quelqu’un dans votre genre ?
    — Vous ai-je
jamais donné la moindre raison de douter de moi, sire ? Le service que je
vous rendis à Colmar devrait vous avoir prouvé ma loyauté au-delà de tout
soupçon.
    — Admettons,
fit Lothaire avec une prudence diplomatique. Mais les temps changent, et les
hommes aussi. À présent, monseigneur l’évêque, il sied que votre loyauté soit
de nouveau mise à l’épreuve. Soutiendrez-vous la prestation de serment, oui ou
non ?
    — Le peuple
de Rome rechignera à vous jurer fidélité, mon roi, après les sanglants dommages
que votre armée vient d’infliger à nos provinces.
    — Votre famille
a le pouvoir de changer cet état de fait, répondit Lothaire. Si votre père
Arsène et vous-même prêtez serment, d’autres suivront.
    — Vous me
demandez là un geste éclatant. Il faudra m’offrir quelque chose d’aussi
éclatant en retour.
    — Je le
sais.
    — Un serment
n’est qu’une enfilade de mots. Le peuple a besoin d’un pape capable de l’aider
à retrouver les coutumes du temps jadis  – à retrouver l’empire franc, et
à vous retrouver, vous, mon roi.
    — Et je ne
vois pas qui mieux que vous pourrait avoir cette capacité, Anastase. Je ferai
tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous soyez le prochain pape.
    Il y eut une
brève pause.
    — Le peuple
prêtera serment, sire, dit enfin Anastase. J’y veillerai.
    Jeanne sentit une
bouffée de colère l’envahir. Lothaire et Anastase étaient en train de brader la
papauté comme deux marchands sur un étal de foire. En échange des nombreux
privilèges du pouvoir pontifical, Anastase consentait à mettre le peuple romain
à la merci de l’empereur franc.
    On frappa à la
porte. Un serviteur de Lothaire entra.
    — Le comte
vient d’arriver, sire.
    — Fais-le
entrer. L’évêque et moi-même en avons terminé.
    Un homme vêtu d’un
pourpoint militaire pénétra dans la chapelle. Il était de haute taille. Ses
longs cheveux roux flottaient sur ses épaules. Des yeux saphir illuminaient ses
traits.
    Gerold !

23
    Un cri de
surprise s’échappa des lèvres de Jeanne.
    — Qui va là ?
lâcha Lothaire.
    Elle sortit
timidement de sa cachette. L’empereur et Anas- tase la considérèrent avec
stupéfaction.
    — Qui es-tu ?
interrogea Lothaire.
    — Je suis
Jean Anglicus, sire, prêtre et médecin particulier de Sa Sainteté le pape
Serge.
    — Depuis
combien de temps te tiens-tu derrière cette colonne ?
    — Sans doute
depuis des heures, sire, répondit Jeanne après une courte hésitation. Je suis
venu prier pour le prompt rétablissement de Sa Sainteté. Peut-être étais-je
plus las que je ne le pensais. Toujours est-il que je me suis endormi et que je
viens juste de me réveiller.
    Lothaire vrilla
sur Jeanne un regard méfiant. Bien plus vraisemblablement, ce petit prêtre
avait été surpris dans la chapelle lorsque Anastase et lui étaient entrés, et n’avait
trouvé ni issue ni cachette. Mais, après tout, cela n’avait pas d’importance.
Que pouvait-il avoir entendu, et surtout compris ? Pas grand- chose. Cet
homme était visiblement trop insignifiant pour s’avérer dangereux. Mieux valait
l’ignorer.
    Anastase, suivant
le même raisonnement, était parvenu à une conclusion distincte. Il allait de
soi que Jean Anglicus venait de surprendre leur conversation. Mais pourquoi ?
Pouvait-il être un espion ? Certainement pas pour le compte de Serge, car
le pape n’était pas assez artificieux pour user de tels procédés. Dans ce cas,
pour qui d’autre ? Et pour quel motif ? Ce petit prêtre étranger
mériterait dorénavant d’être étroitement surveillé.
    Gerold se mit lui
aussi à dévisager curieusement Jeanne.
    — Ton visage
m’est familier, mon père, finit-il par dire, sourcils froncés. Nous
serions-nous déjà rencontrés ?
    Soudain, malgré
la pénombre, son expression se transforma. On eût dit qu’il venait de voir un
spectre.
    — Mon Dieu,
souffla-t-il, haletant. Ce n’est pas possible !
    — Vous vous
connaissez ? interrogea Anastase.
    — Nous nous
sommes croisés à Dorstadt, se hâta de répondre Jeanne. J’y ai étudié plusieurs
années, à l’école cathédrale. Ma sœur, ajouta-t-elle en martelant
imperceptiblement ce dernier mot, fut un temps la pupille du comte.
    Dans le même
temps, ses yeux gris-vert adressèrent à Gerold un avertissement muet. Surtout, ne dis rien. Peu à peu, il parut retrouver son

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