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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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passé pendant mon voyage  – quelque chose qui m’a aidé à
comprendre à quel point mon mariage était vide de sens, et à quel point tu
étais, toi, essentielle à mon bonheur. Je suis rentré plus tôt que prévu pour t’annoncer
mon intention de répudier Richild et te demander ta main.
    Jeanne secoua la
tête.
    — Quel
malentendu, murmura-t-elle, mélancolique. Quel gâchis !
    — Qu’il ne tient
qu’à nous de réparer à présent.
    Gerold l’attira
contre lui et l’embrassa. À la façon d’une chandelle brûlante approchée d’une
tablette de cire, son baiser effaça en un instant tout ce qu’avaient écrit les
années. Elle se crut revenue au bord du ruisseau, juste derrière Villaris,
jeune et grisée par une passion toute neuve. Il ne la libéra qu’au bout d’un
long moment.
    — Écoute-moi,
ma perle, dit-il d’une voix sourde. Je quitte le service de Lothaire. C’est ce
que je viens de lui annoncer dans la chapelle.
    — Et il a
consenti à te rendre ta liberté ?
    — Il a
commencé par faire des difficultés, mais j’ai réussi à le convaincre. Bien sûr,
ma liberté a un prix. Il m’a fallu renoncer à Villaris et à toutes mes terres.
Je ne suis plus un riche seigneur, Jeanne. Mais il me reste la vigueur de mes
deux bras, et j’ai des amis qui me soutiendront. L’un d’eux est Siconulf,
prince de Bénévent, avec qui j’ai lié amitié du temps où nous guerroyions tous
deux contre les Obodrites sous la bannière impériale. Il a besoin d’hommes
sûrs, car il est très menacé par son rival Radelchis. Viendras-tu avec moi,
Jeanne ? Seras-tu ma femme ?
    Un bruit de pas
tout proche les sépara. L’instant suivant, la porte s’entrouvrit pour laisser
apparaître le visage de Florentin, l’un des notaires du palais.
    — Ah !
Je te trouve enfin, Jean Anglicus ! Je t’ai cherché partout. Est-ce que...
je dérange ?
    Son regard fit
plusieurs fois l’aller-retour entre Jeanne et Gerold.
    — Pas le
moins du monde, se hâta de répondre l’intéressée. Que puis-je pour toi,
Florentin ?
    — J’ai une
effroyable migraine, expliqua le notaire. Je me demandais si... tu consentirais
à m’administrer un de tes remèdes calmants.
    — Bien sûr,
dit Jeanne.
    Florentin
attendit près de la porte, échangeant quelques propos anodins avec Gerold.
Pendant ce temps-là, Jeanne prépara rapidement une mixture de feuilles de
violette et d’écorce de saule, qu’elle fit macérer dans un bol de tisane au
romarin. Ayant terminé, elle tendit le bol à Florentin, qui s’en alla sans
demander son reste.
    — Nous ne
pouvons pas parler ici, dit-elle à Gerold sitôt que le notaire eut tourné les
talons. C’est trop dangereux.
    — Quand
pourrai-je te revoir ? pressa le comte.
    Jeanne réfléchit
un instant.
    — Connais-tu
le temple de Vesta, sur la Via Appia, juste à la sortie de la ville ? Je t’y
rejoindrai demain matin, après tierce.
    Il la prit dans
ses bras et l’embrassa de nouveau, d’abord doucement, puis avec une voracité
croissante, qui souleva dans le cœur de Jeanne une tempête de désir.
    — À demain,
lui glissa-t-il au creux de l’oreille.
    Et il partit,
laissant Jeanne en proie à un furieux vertige d’émotions.
     
     
    Dans la lumière
ténue qui annonce l’aube, Arighis promena un regard satisfait sur la cour du
palais du Latran. Tout était fin prêt. Un trépied garni de braises crépitait
devant la statue de la Louve. Deux grosses plaques de fer rougeoyaient
au-dessus des flammes. Un soldat tenant un glaive acéré attendait à proximité.
    Les premiers feux
du soleil illuminèrent l’horizon. L’heure était inhabituelle pour un châtiment
public. De tels événements avaient lieu d’ordinaire après la messe. En dépit de
cela, une foule de badauds était déjà rassemblée. Les plus curieux étaient
arrivés en avance pour s’assurer des meilleures places. Nombre d’entre eux
avaient amené leurs enfants, qui gambadaient de-ci de-là, tout excités par une
fiévreuse attente.
    Arighis avait
délibérément choisi l’aube pour infliger à Benoît son châtiment, avant que
Serge ne fût réveillé et n’eût l’idée de changer d’avis. On risquait bien
entendu de l’accuser d’avoir cédé à une précipitation inutile, mais le
vice-dominus n’en avait cure. Il savait ce qu’il faisait, et pourquoi.
    Arighis occupait
la même fonction depuis plus de vingt ans. Sa vie tout entière était vouée au
service du

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