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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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même
temps.
    Elle se précipita
vers l’entrée du temple.
    — Gerold !
Attends !
    Un martèlement de
sabots sur les pavés couvrit la fin de son cri. Gerold s’éloignait au galop sur
la route. Une poignée de secondes plus tard, sa silhouette fut avalée par le
premier tournant.

24
    L’été romain
arriva, plus torride que jamais. Le soleil dardait ses rayons sans relâche. Dès
midi, les cailloux de la chaussée pouvaient calciner les plantes de pied d’un
homme. La puanteur des déchets pourrissants, multipliée par la chaleur, montait
dans l’air figé et restait suspendue au-dessus de la cité comme une nuée
suffocante. Les fièvres pestilentielles ne tardèrent pas à faire rage parmi les
pauvres, entassés dans des taudis humides sur les basses terres des berges du
Tibre.
    Redoutant la
contagion, Lothaire et son armée quittèrent la ville. Les Romains s’en
réjouirent. Pour entretenir une telle masse d’hommes, on avait été tout près de
saigner à blanc les coffres publics.
    Serge était
partout salué comme un héros. L’adoration du peuple romain l’aida à surmonter
le deuil de Benoît. Le retour de sa santé et de son énergie, dû en grande
partie au régime rigoureux imposé par Jeanne en guise de pénitence, avait fait
de lui un autre homme. Fidèle à sa promesse, il fit reconstruire l’Orphanotrophium.
Les murs en ruine furent renforcés, la toiture fut refaite. Des carreaux du
meilleur travertin furent arrachés au temple de Minerve et réutilisés pour
paver le sol de la grande salle. Une chapelle neuve fut construite, vouée à
saint Étienne.
    Autrefois, Serge
était souvent trop fatigué ou trop malade pour dire la messe. Il célébrait
désormais l’office chaque matin. Par ailleurs, on le trouvait fréquemment en
train de prier dans sa chapelle privée. Le pape n’était pas homme à faire les
choses à moitié : il avait embrassé la foi avec une ferveur égale à celle
qu’il déployait naguère dans sa passion des plaisirs de la table.
    Deux années de
suite, un hiver clément suivi de récoltes généreuses instaura une période de
prospérité. Même les légions de pauvres qui encombraient les rues devinrent un
peu moins misérables, à mesure qu’augmentaient les aumônes versées par les
citoyens. Les Romains, satisfaits de leur cité et de leur pape, multipliaient
les offrandes aux autels de leurs églises.
    Ils ne se
doutaient pas encore  – et comment l’auraient-ils pu ? — de l’imminence
de la catastrophe qui allait s’abattre sur eux.
     
     
    Jeanne assistait
à l’une des réunions régulières du pape avec les grands princes de la cité
quand un courrier échevelé fît irruption dans la salle.
    — Qu’y
a-t-il ? lança le pontife, courroucé.
    Le messager s’agenouilla
humblement.
    — Votre
Sainteté... Je vous apporte un message de Sienne, de la plus haute importance.
Une grosse flotte sarrasine vient de quitter la côte de l’Afrique. Elle se
dirige droit sur Rome.
    — Sur Rome ?
répéta un prince. Ce doit être une erreur.
    — Il n’y a
pas d’erreur possible, dit le messager. Les Sarrasins seront ici sous quinze
jours !
    Un lourd silence
suivit, pendant que chacun s’efforçait de prendre la mesure d’une nouvelle
aussi énorme. Finalement, un autre prince prit la parole.
    — Peut-être
serait-il judicieux de mettre les saintes reliques en lieu sûr, suggéra-t-il.
    Il faisait
naturellement allusion aux ossements de l’apôtre Pierre, les plus glorieuses
reliques de toute la chrétienté, qui reposaient au cœur de la basilique
Saint-Pierre, à l’extérieur des murs de la ville.
    Romuald, le plus
puissant des princes assemblés, renversa la tête en arrière et partit d’un rire
tonitruant.
    — Vous ne
pensez tout de même pas que les infidèles oseraient attaquer Saint-Pierre, mon
cher !
    — Et qui les
en empêcherait ? demanda Jeanne.
    — Ces
barbares ne sont certes pas des imbéciles, répliqua Romuald. Ils savent que la
main vengeresse de Dieu s’abattrait sur eux à l’instant où ils fouleraient les
dalles du sanctuaire sacré !
    — Ils ont
leur propre culte, objecta Jeanne. Ils ne redoutent pas le courroux de notre
Dieu.
    Le sourire de
Romuald mourut sur ses lèvres.
    — Quel
blasphème est-ce là, prêtre ?
    — La
basilique est une proie de choix pour les pillards, répondit Jeanne, ne
serait-ce que pour la richesse unique de ses trésors. Par sécurité, je suggère
que nous les

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