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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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officiers étaient déjà réunis dans la grande salle quand Gerold y
pénétra. Le prince passa outre aux courtoisies d’usage.
    — Je viens
de recevoir un message de Corse, annonça-t-il abruptement. Soixante-treize
vaisseaux sarrasins ont quitté la côte africaine, emportant quelque cinq mille
hommes et deux cents chevaux.
    Un silence
stupéfait salua cette déclaration. Une flotte aussi nombreuse était presque inimaginable.
Éburis, fidèle vassal de Siconulf, laissa échapper un sifflement.
    — Quelles
que soient leurs intentions, dit-il, il est clair qu’il ne s’agit pas d’une
simple incursion de pirates !
    — Ils
cinglent vers Rome, précisa Siconulf.
    — Vers Rome !
C’est impossible !
    — Absurde !
Ils n’oseraient pas !
    Gerold entendit à
peine ces commentaires. Mille pensées se bousculaient sous son crâne.
    — Le pape
Serge aura besoin de notre aide, lâcha-t-il d’un ton cassant.
    En réalité, le
sort de Serge lui importait peu. Mais en un instant, la nouvelle de l’arrivée
des Sarrasins venait de balayer l’amertume et le chagrin qui le tenaillaient
depuis deux ans. Une seule chose comptait à présent : retrouver Jeanne, et
faire tout ce qui serait en son pouvoir pour la protéger.
    — Que
suggères-tu, Gerold ? s’enquit Siconulf.
    — Mon
prince, laissez-moi conduire nos troupes à Rome.
    — La cité
sainte dispose de ses propres armées, répondit le souverain en fronçant les
sourcils.
    — Tout au
plus peut-elle compter sur la familia Sancti Pétri, une milice papale
aussi peu nombreuse qu’indisciplinée. Ces gens-là tomberont comme des mouches
sous les flèches sarrasines.
    — Que
fais-tu de la muraille ? Je doute que les Sarrasins puissent l’abattre.
    — La
muraille est solide, admit Gerold. En revanche, certaines portes sont
insuffisamment étayées. Elles ne résisteront pas à un assaut soutenu. Quant au
tombeau sacré de l’apôtre Pierre, sa situation hors les murs le rend
extrêmement vulnérable.
    Siconulf
réfléchit. Il répugnait à engager ses troupes pour une autre cause que la
sienne propre. Toutefois, en bon prince chrétien, il révérait la cité sainte et
ses illustres sanctuaires. La perspective de voir des barbares infidèles
profaner le tombeau du prince des Apôtres lui était odieuse. En outre, il était
possible qu’il retirât un bénéfice personnel de l’envoi de troupes pour la
défense de Rome. Plus tard, le pape Serge pourrait le récompenser en lui cédant
quelque riche domaine pontifical situé en bordure de son territoire.
    — Je te
donne trois divisions, dit-il à Gerold. Combien de temps faut-il pour te
préparer ?
    — Mes
troupes sont déjà sur le qui-vive. Nous pouvons partir sur-le-champ. Si le
temps reste clément, nous serons à Rome dans dix jours.
    — Prions
pour que cela suffise. Dieu soit avec toi, Gerold.
     
     
    Un calme irréel
régnait à Rome. Depuis l’avertissement initial, venu de Sienne deux semaines
plus tôt, on n’avait plus eu la moindre nouvelle de la flotte sarrasine. Les
Romains avaient donc lentement relâché leur vigilance, de plus en plus convaincus
qu’il ne s’agissait que d’une fausse alerte.
    L’aube du 23 août
parut, riche en promesses. La messe fut dite en la cathédrale Sainte-Marie des
Martyrs, l’une des plus belles églises de Rome, connue à l’époque païenne sous
le nom de Panthéon. L’office fut plus splendide que jamais, car le soleil
déversé par l’ouverture circulaire du dôme inondait de lumière dorée l’ensemble
de la congrégation. Sur le chemin du retour au Latran, la chorale pontificale
chanta Gloria in excelsis Deo à pleins poumons.
    La mélodie mourut
sur les lèvres des chantres à l’instant où ils débouchèrent sur la place du
Latran inondée de soleil. Là, ils virent une foule anxieuse entourer un
messager essoufflé et tout crotté.
    — Les
infidèles ont accosté, annonçait celui-ci d’un ton macabre. La ville de Porto
est prise. Son peuple a été massacré, ses églises profanées !
    — Dieu nous
préserve !
    — Qu’allons-nous
devenir ?
    — Ils nous
tueront jusqu’au dernier !
    La foule,
houleuse, semblait sur le point de céder à une dangereuse panique.
    — Silence !
tonna Serge, couvrant la rumeur de sa forte voix. Cessez sur-le-champ cette
démonstration de couardise ! Seriez-vous des moutons, pour céder ainsi à
la peur ? Nous sommes des Romains ! Et nous sommes à Rome, le

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