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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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aller au désastre.
    — Je ne vois
rien qui puisse être plus utile au peuple, répondit-elle d’un ton qui se
voulait détaché.
    Il détourna les
yeux.
    — Soit. Mais
n’oublie pas que je ne peux rien promettre. Je vais étudier le problème, et je
ferai tout mon possible pour remettre cet aqueduc en état de marche.
    — Je n’en
demande pas davantage.
     
     
    Elle entrevoyait
peu à peu, et sous un jour nouveau, ce que recouvrait la fonction de pape.
Cette position, qui conférait en théorie d’immenses pouvoirs, imposait surtout
de lourds devoirs. Son temps était presque entièrement accaparé par le fardeau
des obligations liturgiques. Le dimanche des Rameaux était consacré à bénir et
à distribuer des rameaux d’olivier devant Saint-Pierre. Le Jeudi saint, elle
lavait les pieds des pauvres et leur servait un repas de ses propres mains. À
la Saint-Antoine, sur le parvis de la cathédrale Sainte-Marie-Majeure, elle
aspergeait d’eau bénite les bœufs, chevaux et mules menés là par leurs
propriétaires. Le troisième dimanche de l’Avent, elle procédait à l’imposition
des mains pour chacun des candidats devant être ordonnés prêtres, diacres ou
évêques.
    Il fallait aussi
dire la messe quotidienne. Certains jours, c’était une messe à stations,
précédée d’une procession à travers les rues de la ville jusqu’à l’église où la
cérémonie devait se tenir ; en chemin, on s’arrêtait pour entendre
diverses requêtes. La procession et la messe occupaient alors l’essentiel de la
journée. On dénombrait chaque année plus de quatre-vingt-dix messes à stations,
notamment pour les fêtes de la Vierge, les Quatre-Temps, la Noël, les dimanches
de Septuagésime et de Sexagésime, et aussi presque tous les dimanches et jours
fériés du Carême.
    Il y avait des
fêtes pour honorer des saints comme Pierre, Paul, Laurent, Agnès, Jean, Thomas,
Luc, André et Antoine, sans parler de la Nativité, de l’Annonciation et de l’Assomption
de la Vierge. Il s’agissait là de fêtes fixes ou immuables, ce qui signifiait
qu’elles tombaient toujours le même jour de l’année, comme Noël et l’Épiphanie.
L’Oblation, la fête du Siège de Saint Pierre, la Circoncision du Christ, la
Nativité de Jean-Baptiste, la Saint-Michel, la Toussaint et l’exaltation de la
Croix, étaient aussi des fêtes fixes. Pâques, le jour le plus important de l’année
chrétienne, était une fête mobile : sa place dans le calendrier suivait le
cycle de la pleine lune ecclésiastique, comme c’était le cas pour les fêtes « satellites »
comme le mardi gras, le mercredi des Cendres, l’Ascension et la Pentecôte.
    Chacune de ces
fêtes chrétiennes était célébrée pendant quatre jours au moins : il y
avait la vigile, ou veille de la fête ; la fête elle-même ; le
lendemain ; et l’octave, ou huitième jour. Au total, plus de cent
soixante-quinze jours fériés étaient consacrés à un cérémonial extrêmement
élaboré.
    Cet état de fait
laissait à Jeanne fort peu de temps pour gouverner et s’occuper de ce qui lui
tenait vraiment à cœur : l’amélioration du sort des pauvres et de l’éducation
du clergé.
    En août, l’exigeante
routine liturgique fut interrompue par un synode. Soixante-sept prélats y
participèrent, parmi lesquels tous les suburbicarii, ou évêques
provinciaux, et quatre évêques francs envoyés par l’empereur Lothaire.
    Deux des thèmes
de débat abordés à cette occasion étaient pour Jeanne d’un intérêt particulier.
Le premier concernait l’ intinctio, ou pratique de la sainte communion
par trempage du pain eucharistique dans le vin plutôt que par une distribution
séparée des deux éléments. Vingt ans après que Jeanne eut introduit cette façon
de faire à Fulda en vue de prévenir l’expansion des épidémies, l’idée s’était
tellement répandue qu’il s’agissait maintenant d’une coutume presque
universelle en pays franc. Le clergé romain, qui ne savait rien du rôle joué
par Jeanne dans l’introduction de cette pratique, la considérait avec une
grande méfiance.
    — Je vois là
une transgression de la loi divine ! lança l’évêque de Castrum, indigné.
Car enfin, la Bible montre bien que Christ fit don séparément de son
corps et de son sang à ses disciples !
    Des murmures d’approbation
jaillirent un peu partout.
    — C’est la
pure vérité, renchérit Pothos, évêque de Trevi. Cette pratique

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