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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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échange silencieux, et pendant un
bref instant ce fut comme s’ils étaient seuls au milieu de cette noble
compagnie.
    Il s’avança. S’agenouilla
devant le trône.
    — Relève-toi,
superista, dit-elle d’une voix qui lui parut à elle-même incertaine. En ce
jour, tu mérites les plus insignes honneurs. Rome t’est hautement
reconnaissante.
    — Merci,
Votre Sainteté.
    — Ce soir,
nous rendrons hommage à ton succès par un banquet. Tu siégeras à ma table, à la
place d’honneur.
    — Hélas, je
ne pourrai pas être présent. Je quitte Rome aujourd’hui même.
    — Quitter
Rome ? répéta-t-elle, stupéfaite. Que veux-tu dire ?
    — À présent
que la grande tâche que vous m’avez confiée est achevée, je renonce à mon titre
de superista. Le prince Siconulf m’a prié de rentrer à Bénévent pour reprendre
le commandement de ses armées, et j’ai accepté.
    Jeanne réussit à
maintenir sa rigide posture sur le trône, mais ses mains se crispèrent sur
leurs appuis.
    — C’est
impossible, lâcha-t-elle. Je ne le permettrai pas.
    Les prélats
assemblés écarquillèrent les yeux. Rares étaient les officiers qui renonçaient
à un poste aussi illustre, mais après tout le Frison était libre d’aller et
venir à sa guise.
    — En me
mettant au service de Siconulf, répondit-il d’un ton égal, je continuerai à
servir les intérêts de Rome, car les terres du duc de Bénévent offrent un
puissant rempart chrétien contre les Lombards et les Sarrasins.
    Jeanne serra les
mâchoires et se tourna vers les prélats.
    — Laissez-nous,
ordonna-t-elle.
    Juvianus et les
autres échangèrent des regards perplexes, puis quittèrent la salle, tête
baissée en signe de respectueuse obéissance.
    — Était-ce
bien sage de les faire sortir ? demanda Gerold quand ils furent seuls. Tu
risques d’éveiller les soupçons.
    — Il fallait
que je te parle seule à seul. Quitter Rome ? Où as-tu la tête ? Peu m’importe,
d’ailleurs, je ne le permettrai pas ! Siconulf trouvera bien quelqu’un d’autre
pour diriger ses armées. J’ai besoin de toi ici, près de moi.
    — Ma
perle... murmura-t-il d’une voix pareille à une caresse. Ouvre les yeux. Nous
ne pouvons pas échanger un regard sans risquer de trahir nos sentiments. Un
coup d’œil, un mot de trop, et ta vie serait aussitôt en péril ! Je dois partir, ne le comprends-tu pas ?
    Jeanne savait qu’il
avait raison. Mais l’idée de son départ imminent l’emplissait de terreur.
Gerold était la seule personne au monde qui la connût vraiment, la seule à qui
elle pût se fier.
    — Sans toi,
je resterais complètement seule, dit-elle. Je doute de pouvoir le supporter.
    — Tu es plus
forte que tu ne le crois.
    — Non,
dit-elle.
    Elle quitta son
trône pour marcher vers lui. Soudain, sa tête se mit à tourner. Elle chancela.
Gerold fut près d’elle en un instant. Il lui prit le bras, la soutint.
    — Tu es
souffrante !
    — Non,
juste... fourbue.
    — Tu
travailles trop. Il te faut du repos. Viens, je te raccompagne jusqu’à tes
appartements.
    Elle lui
étreignit l’avant-bras.
    — Promets-moi
que tu ne partiras pas avant que nous n’ayons de nouveau parlé.
    — Bien sûr,
répondit-il, le regard grave. Je ne partirai pas avant que tu ne sois tout à
fait rétablie.
     
     
    Jeanne reposait
sur son lit, dans le silence de sa chambre. Suis-je malade ? Si tel est
le cas, je dois en découvrir la cause et me soigner au plus vite, avant
qu’Ennodius et les autres membres de la société de médecine aient vent de mon
état.
    Elle s’attela à
la tâche sans tarder, s’interrogeant elle-même comme si elle était son propre
patient.
    Quand sont
apparus les premiers symptômes ?
    À la réflexion,
elle ne se sentait pas au mieux depuis plusieurs semaines.
    Quels sont ces
symptômes ?
    Fatigue, manque d’appétit,
sensation d’empâtement. Quelques nausées, surtout au lever...
    Un frisson de
terreur s’empara d’elle.
    Son esprit
remonta désespérément le temps, s’efforçant de retrouver la date de ses
dernières menstrues. C’était deux mois plus tôt, peut-être trois. Elle avait
été si affairée qu’elle n’y avait prêté aucune attention.
    Tous les
symptômes convergeaient, mais il existait un moyen sûr de vérifier son
diagnostic. Elle souleva le bassin posé sur le sol à côté de son lit.
    Peu après, elle
le reposa d’une main tremblante.
    La preuve était
irréfutable. Elle portait

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