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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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défit
précautionneusement le sceau et déroula le parchemin, qui émit quelques
craquements. Jeanne ne quitta pas son père des yeux, tandis qu’il s’efforçait d’en
déchiffrer le contenu. Il le lut de haut en bas, puis recommença, comme si
quelque chose lui avait échappé. Enfin, il leva la tête, l’œil noir de fureur.
    — Que
signifie ceci ? lâcha-t-il. Je croyais que ce message me concernait !
    — C’est le
cas, dit le messager en souriant. N’êtes-vous pas le père de l’enfant ?
    — L’évêque n’a
donc rien à dire de mon sacerdoce ?
    L’homme haussa
les épaules.
    — Tout ce
que je sais, mon père, c’est que j’ai ordre d’escorter l’enfant jusqu’à l’école
de Dorstadt, ainsi que le dit ce message.
    Jeanne laissa
échapper un cri. Sa mère se précipita vers elle et l’entoura d’un bras
protecteur. Le chanoine hésita, l’œil toujours fixé sur l’étranger. Tout à coup,
il sembla se décider.
    — Fort bien,
dit-il. Je dois admettre qu’il s’agit d’une occasion unique pour mon fils, même
si son aide risque de me manquer cruellement.
    Il se tourna vers
Jean.
    — Va donc
préparer ton bagage, mon fils, sans perdre un instant. Tu seras demain à
Dorstadt, où tu reprendras tes études pour obéir au souhait de l’évêque.
    Jeanne faillit s’étrangler.
L’émissaire secoua la tête.
    — Sauf votre
respect, mon père, il me semble que c’est une fille que je dois ramener à
Dorstadt. Oui, une fille du nom de Jeanne...
    Celle-ci se
dégagea de l’étreinte de sa mère.
    — Je suis
Jeanne ! lança-t-elle.
    L’émissaire se
tourna vers la fillette, mais le chanoine s’interposa.
    — Billevesées,
dit-il. C’est bien mon fils que l’évêque attend. Jean, Jeanne... Simple lapsus calami, petite erreur due à la distraction du scribe épiscopal, rien
de plus. Ces choses arrivent fréquemment, même sous la plume des meilleurs
scribes.
    L’étranger
hésita.
    — Je ne sais
si...
    — Faites
usage de votre cervelle, jeune homme. Que voulez-vous que l’évêque puisse
attendre d’une fille ?
    — Effectivement,
admit l’autre, je me suis posé la question.
    Jeanne allait
protester. Sa mère l’attira de nouveau contre elle et lui fit signe de se
taire.
    — Mon fils,
en revanche, poursuivit le chanoine, étudie les Écritures depuis le berceau.
Jean, récite donc un passage du Livre de la Révélation à notre honorable hôte.
    Jean pâlit.
    — Acopa...
Apocalypsis Jesu Christi quo... quam dédit illi Deus palam fa... facere
servis...
    Le messager l’interrompit
d’un geste impatient.
    — Le temps
presse. Nous devons partir sur-le-champ pour rejoindre la cella avant la nuit.
    Son regard
incertain alla de Jean à Jeanne, puis se posa sur Gudrun.
    — Qui est
cette femme ?
    Le chanoine s’éclaircit
la gorge.
    — Une
païenne saxonne dont je m’efforce de tourner l’âme vers Dieu.
    L’émissaire
considéra ses yeux bleus, sa silhouette gracieuse et la chevelure d’or pâle qu’on
devinait sous son bonnet de lin blanc. Il esquissa un large sourire à demi
édenté, et s’adressa directement à elle.
    — Tu es la
mère de ces enfants ?
    Gudrun opina en
silence. Le chanoine s’empourpra.
    — Quel est
ton avis, femme ? Est-ce le garçon ou la fille que veut l’évêque ?
    — Chien
insolent ! explosa le chanoine, furieux. Vous osez mettre en doute la
parole d’un serviteur du Seigneur ?
    — Calmez-vous,
mon père, fit l’autre avec ironie. Auriez- vous oublié vos devoirs envers l’autorité
que je représente ?
    Écarlate, le
chanoine ne put que foudroyer du regard l’envoyé de l’évêque. Celui-ci
interrogea de nouveau Gudrun.
    — Je t’écoute.
Le garçon, ou la fille ?
    Jeanne sentit les
doigts de sa mère se crisper sur ses épaules. Il y eut un long silence. Puis la
voix de Gudrun s’éleva, douce, musicale, et chargée de cet accent saxon qui
ferait toujours d’elle une étrangère.
    — C’est le
garçon que vous voulez, dit-elle. Emmenez-le.
    — Mère !
s’écria Jeanne, choquée de la trahison maternelle.
    Satisfait, l’émissaire
hocha la tête.
    — L’affaire
est réglée, dédara-t-il en se tournant vers la porte. Je dois aller m’occuper
de mon cheval. Veillez à ce que l’enfant soit prêt le plus tôt possible.
    — Non !
    Jeanne tenta d’intervenir,
mais Gudrun la retint et lui murmura en saxon :
    — Fais-moi
confiance, ma petite caille. C’est beaucoup mieux

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