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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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ainsi, je te le promets.
    — Non !
cria de nouveau Jeanne en se débattant.
    Sa mère mentait.
La visite de l’émissaire était l’œuvre d’As- clepios, elle en était certaine.
Son maître ne l’avait pas oubliée. Il avait trouvé un moyen de lui faire
continuer ce qu’ils avaient commencé ensemble. Ce n’était pas Jean qu’on
attendait à l’école de Dorstadt.
    — Non !
    D’un coup de
rein, elle se dégagea et courut vers la porte. Le chanoine tenta de la
rattraper, mais elle lui échappa. Déjà, elle était dehors, courant à toutes
jambes vers le messager qui s’éloignait. Derrière elle, dans la maison, elle
entendit crier son père. La voix de sa mère, brouillée de colère et de larmes,
s’éleva en retour.
    Elle rattrapa l’homme
au moment où il rejoignait son cheval et tira sur sa tunique. Il baissa les
yeux sur elle. Du coin de l’œil, Jeanne vit que son père approchait.
    Elle avait très
peu de temps pour délivrer son message. Il fallait qu’il soit d’une clarté
irréfutable.
    — Magna
est veritas etpraevalebit.
    « La vérité
est grande, et elle prévaudra. » C’était une citation d’Esdras, assez obscure
pour n’être connue que par les clercs les plus érudits. L’envoyé de l’évêque l’identifierait
à coup sûr. Et constatant qu’elle aussi la connaissait, et qu’elle parlait le
latin, il saurait que c’était bien elle que l’évêque attendait.
    — Lapsus
calami non est, enchaîna-t-elle. Il ne s’agit pas d’une
erreur de copiste. Je suis Jeanne. Je suis celle que vous êtes venu chercher.
    L’homme posa sur
elle un regard bienveillant.
    — Que me
chantes-tu là, joli minois ? Quel étrange chapelet de paroles !
dit-il en lui caressant le menton. Pardonne-moi, mon enfant, mais je n’entends
rien à la langue saxonne. Et crois-moi, je commence à le regretter, surtout
après avoir vu ta mère !
    Il plongea la
main dans une sacoche de sa selle et en ressortit une datte confite.
    — Voilà une
petite gâterie pour toi. Tiens, prends-la.
    Médusée, Jeanne
ne put que regarder stupidement le fruit.
    L’homme n’avait
rien compris. Cet enfant de l’Église, cet émissaire de l’évêque ne connaissait
pas un mot de latin ! Comment était-ce possible ?
    Les pas de son
père s’élevèrent dans son dos. Son bras la ceignit brutalement par la taille.
Il la souleva de terre et la porta jusqu’à la maison.
    — Non !
hurla-t-elle.
    La grosse main du
chanoine se plaqua sur son visage. Sur le point d’étouffer, elle se débattit de
tous ses membres. Il ne la relâcha qu’à l’intérieur de la demeure. Elle s’écrasa
au sol et respira goulûment. Il leva le poing.
    — Non !
s’écria Gudrun en venant se planter devant lui, d’un ton que sa fille ne lui
avait jamais entendu prendre. Vous ne la toucherez pas ! Sinon, je dis
toute la vérité.
    Le chanoine jeta
sur sa femme un regard incrédule. Au même instant, Jean apparut sur le seuil.
Il traînait un sac de lin où il avait mis ses effets.
    — Notre fils
attend votre bénédiction pour partir, dit Gudrun.
    L’homme soutint
longtemps son regard avant de se retourner vers Jean.
    — Agenouille-toi.
    L’enfant s’exécuta.
Son père plaça une main sur son front baissé.
    — Mon Dieu,
toi qui ordonnas à Abraham de quitter sa maison et le protégeas tout au long de
son errance, nous te recommandons cet enfant.
    Un fin rayon de
lumière entré par la fenêtre illumina la chevelure de Jean.
    — Veille sur
lui, fournis-lui ce qui lui sera nécessaire pour son âme et pour son corps...
    Tandis que son
père poursuivait sa prière, Jean posa sur sa sœur, sans lever la tête, une
paire de grands yeux effrayés. Il ne souhaite pas partir, comprit-elle
tout à coup. Comment avait- elle pu ne pas le voir ? Elle ne s’était pas
souciée un instant de ce que ressentait son frère. Il a peur. Il est
incapable de satisfaire aux exigences d’une école, et il le sait.
    Si seulement
je pouvais partir avec lui...
    Une ébauche de
plan germa dans son esprit.
    — ... Et
quand son pèlerinage sur cette terre s’achèvera, puisse-t-il arriver sain et
sauf au Royaume des Cieux, par la grâce de Jésus-Christ notre Sauveur. Amen.
    La bénédiction
était terminée, et Jean se releva. Docile comme un mouton à l’approche du
sacrifice, il accueillit sans broncher l’étreinte de sa mère et les ultimes
recommandations paternelles. Mais quand Jeanne s’approcha pour

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