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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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émergea des broussailles. Il tenait un arc à la main. Un carquois empli
de flèches à penne jaune se balançait dans son dos.
    Va-t-il me
tuer ?
    L’homme marcha
sur Jean. L’enfant jeta tout autour de lui une rafale de regards, en quête d’une
issue. Les arbres étaient très denses dans cette partie de la forêt. Peut-être
arriverait-il à échapper à son assaillant.
    Mais celui-ci
était déjà sur lui  – assez près, en tout cas, pour permettre à Jean de
lire la noire menace qui dansait dans son regard.
    Il voulut courir,
mais c’était trop tard. L’homme le saisit par le bras. Jean se débattit
follement. Son agresseur, qui le dominait d’une bonne tête, le maintint tout
contre lui, en le soulevant si haut que ses orteils se décollèrent du sol.
    Jean se souvint
brusquement de la dague. De sa main libre, il fouilla dans les replis de sa
tunique. Ses doigts trouvèrent le manche d’os et le saisirent. La lame jaillit,
puis plongea d’un seul mouvement. Avec une sorte d’ivresse, Jean la sentit qui
s’enfonçait profondément dans les chairs de son ennemi. Quand elle eut touché l’os,
il la retira avec un mouvement de torsion. L’homme jura, porta une main à son
épaule meurtrie, et lâcha sa proie.
    Jean se rua entre
les arbres. Mille branches acérées déchirèrent ses vêtements et lui griffèrent
la peau, mais il courut de plus belle. Malgré la lune, tout était sombre sous
les épaisses frondaisons. Au moment où il jetait un coup d’œil par-dessus son
épaule pour voir s’il était poursuivi, il heurta un hêtre. Il empoigna la
première branche à portée de sa main et se mit à escalader l’arbre. Son corps
agile s’éleva rapidement, ne s’arrêtant que lorsque les branches, de plus en
plus frêles, menacèrent de plier sous son poids. Alors, il s’immobilisa et
attendit.
    On n’entendait
que le doux bruissement des feuillages. Une chouette ulula par deux fois, et
son étrange appel résonna longtemps dans le silence. Puis Jean distingua un
bruit de pas. Retenant son souffle, il serra convulsivement la dague dans sa
main et se félicita d’avoir mis un manteau brun, presque invisible dans les
ténèbres.
    Les pas se
rapprochèrent. Jean perçut un souffle rauque et haletant.
    L’homme venait de
s’arrêter au pied de l’arbre.
     
     
    Au clair de lune,
Jeanne se faufila hors de la chaumière. Les ombres s’étiraient partout,
fantomatiques, et elle frissonna en songeant aux esprits malins et aux gnomes
qui hantaient la nuit. Rajustant sa cape grise autour de son cou, elle s’avança
parmi les ombres, fouillant du regard le paysage méconnaissable à la recherche
du sentier forestier. La lumière était favorable  – on était deux jours
avant la pleine lune  –, et elle ne tarda pas à repérer le vieux chêne,
fendu en deux par la foudre, qui marquait le départ du chemin. Elle traversa le
champ en courant pour le rejoindre.
    À l’orée du bois,
elle s’arrêta, puis reprit sa route. Les arbres se refermèrent bientôt
au-dessus d’elle. Le sentier était encombré de pierres et de broussailles, mais
elle marchait vite. L’auberge se trouvait à quinze milles. Elle devait y être
avant l’aube.
    Elle s’efforçait
de maintenir une foulée régulière, mais ce n’était pas simple. Dans l’obscurité,
elle frôlait bien souvent le bord du chemin, où les ronces s’accrochaient à ses
vêtements, à ses cheveux. Le terrain était de plus en plus inégal. Plusieurs
fois, elle trébucha sur un rocher ou une racine. Il lui arriva même de tomber,
ce qui lui valut de s’écorcher mains et genoux.
    Après plusieurs
heures de marche, le ciel s’éclaircit par-delà la cime des arbres. L’aube
approchait. Malgré son épuisement, Jeanne pressa le pas. Elle courait presque
le long du chemin. Il fallait absolument qu’elle arrive à la cella avant le
départ des hommes de l’évêque.
    Son pied gauche
heurta quelque chose. Elle voulut reprendre son équilibre, mais, entraînée par
sa propre vitesse, elle tomba en avant et ne put qu’étendre les bras pour
amortir sa chute.
    Jeanne resta un
instant immobile, le souffle coupé. Son bras droit lui faisait mal. Une branche
aiguë l’avait écorché. À cela près, elle ne semblait pas blessée. Elle s’assit
et regarda derrière elle.
    Un homme couché
sur le sol lui tournait le dos. Dormait-il ? Impossible. Sinon, il se
serait réveillé au moment où elle avait trébuché sur lui. Elle toucha son

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