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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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répondit rien.
    — Le comte
Hugo est un bien bel homme, intervint Berthe une servante. Avec sa cape et ses
gants d’hermine, il a fière allure sur son destrier !
    Cette fille
rougeaude, qui n’avait pas seize hivers, était entrée un mois plus tôt au
service de Richild pour remplacer une suivante morte de la typhoïde.
    Gisla gloussa.
Encouragée, Berthe poursuivit :
    — Et à la
façon dont il vous regarde, gente demoiselle, peu importe la tunique que vous
porterez le jour des noces. Le soir venu, il ne pensera qu’à vous l’ôter !
    Sur ce, la
servante partit d’un grand éclat de rire. Gisla pouffa de plus belle. Les
autres occupantes du char gardèrent le silence, les yeux fixés sur Richild.
    Le regard
scintillant de colère, celle-ci posa sa broderie.
    — Que
viens-tu de dire, Berthe ? interrogea-t-elle d’un ton dangereusement
calme.
    — Euh...
rien, gente dame.
    — Mère, je
suis sûre qu’elle ne cherchait pas à...
    — Je ne
souffrirai ni indécence, ni propos orduriers !
    — Je vous
demande pardon, gente dame, bredouilla Berthe.
    Elle gardait
malgré tout une ombre de sourire aux lèvres, comme si elle ne pouvait pas
croire que Richild fût vraiment en colère.
    Celle-ci tendit
le bras vers l’arrière du char.
    — Dehors.
    — Mais,
gente dame ! s’écria Berthe, soudain consciente de l’énormité de sa faute.
Je ne voulais pas...
    — Dehors !
En guise de pénitence, tu marcheras jusqu’au bout du voyage.
    La route était
encore longue jusqu’à Saint-Denis. Berthe considéra piteusement ses pieds,
chaussés de socques grossières à semelles de chanvre. Jeanne fut prise de pitié.
Elle avait eu une phrase étourdie, mais elle était jeune et inexpérimentée dans
ses fonctions de servante ; en outre, elle n’avait cherché à offenser
personne.
    — Tu
réciteras le Notre Père à haute voix tout en marchant.
    — Oui, ma
dame.
    Berthe enjamba la
rambarde, sauta à terre et se mit à marcher à côté du char. Au bout d’un bref
moment, sa voix s’éleva, lente et monocorde :
    — Pater
Noster qui es in caelis...
    Elle récitait
bizarrement, mettant régulièrement l’accent là où il ne fallait pas. Jeanne
était sûre qu’elle ne comprenait pas le sens de ses paroles.
    Richild revint à
sa broderie. Ses cheveux d’ébène luisaient sous le soleil. Ses lèvres étaient
serrées. Ses yeux fulminaient encore lorsqu’elle piqua son aiguille.
    Ce n’est pas
une femme heureuse, songea Jeanne. Ce constat était
d’autant plus étonnant qu’il concernait l’épouse de Gerold. Leur union avait
certainement été arrangée par leurs  parents. Il arrivait que de tels mariages
formassent des couples heureux, mais ce n’était pas leur cas. Ils dormaient
séparément, et s’il fallait en croire les commérages de leurs serviteurs, ils n’avaient
plus partagé les mêmes draps depuis de longues années.
    — Souhaites-tu
chevaucher ?
    Gerold lui
souriait. Il venait d’arriver à sa hauteur, sur son étalon alezan, et tenait de
la main droite la bride de Boda, une jument baie que Jeanne aimait
particulièrement.
    Elle rougit,
embarrassée par la nature inconvenante des pensées qu’elle venait d’avoir. Sa
concentration était telle qu’elle n’avait pas vu Gerold quitter les autres
cavaliers, détacher Boda du groupe des montures de réserve, et la ramener par
la bride jusqu’au char.
    — Chevaucher
avec les hommes ? intervint Richild. Je ne le permettrai pas. C’est
indécent !
    — Balivernes !
riposta Gerold. Il n’y a aucun mal à cela, et Jeanne ne demande pas mieux, n’est-ce
pas, Jeanne ?
    — Je...
je...
    — Naturellement,
dit Gerold, si tu préfères rester ici...
    — Non !
s’écria Jeanne. Je vous en prie, laissez-moi monter Boda !
    Elle se dressa
sur sa banquette et tendit les bras. Gerold la prit par la taille en riant et
la déposa sur sa selle, puis sur celle de la jument qui l’accompagnait. Jeanne
se redressa. Depuis leur char, Gisla et Dhuoda l’observaient avec surprise, et
Richild avec une furieuse réprobation. Gerold parut ne rien remarquer. Jeanne
lança Boda au trot et rejoignit prestement les cavaliers. Les mouvements
souples et cadencés de la jument étaient un vrai plaisir, comparés aux
incessantes secousses du chariot. Son loup gambadait à ses côtés, la queue
haute, visiblement ravi.
    Elle ralentit en
arrivant à la hauteur de son frère, qui ne réussit pas à cacher son désarroi.
Jeanne

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