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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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protestation.
    — Regardez !
    Jeanne et Gerold
s’étreignirent en riant à l’unisson, ravis du résultat de leur expérience.
Pendant ce temps, les deux louveteaux se frayèrent un chemin vers le flanc de
leur mère et se mirent à téter goulûment, avant même qu’elle ait eu le temps de
mettre bas son troisième rejeton.
    Ensemble, Jeanne
et Gerold observèrent les premiers instants d’intimité de cette nouvelle
famille. Leurs mains se nouèrent dans l’ombre.
    De sa vie, Jeanne
ne s’était jamais sentie aussi proche de quelqu’un.
     
     
    — Votre
absence s’est fait cruellement ressentir aux vêpres, lâcha Richild, plantée
sous le portique, avec un regard glacial pour le comte et sa pupille. Nous
sommes à la veille de la Saint-Norbert, se peut-il que vous l’ayez oublié ?
L’absence du seigneur lors des saintes dévotions constitue un piètre exemple
pour ses gens.
    — J’avais
autre chose à faire, répliqua froidement Gerold.
    Richild allait
répliquer quand Jeanne l’interrompit d’un ton jubilatoire :
    — Nous avons
vu la louve blanche mettre bas ! Et ses petits n’étaient pas morts,
contrairement à tout ce que l’on raconte. Lucrèce avait raison !
    Richild la
considéra comme elle eût considéré une démente.
    — Toutes les
choses de la nature sont explicables, enchaîna Jeanne. Ne le voyez-vous pas ?
Les petits sont nés vivants, sans  aucun lien avec le monde surnaturel,
exactement comme le disait Lucrèce !
    — Quel
discours païen est-ce là ? Aurais-tu la fièvre ?
    Gerold s’interposa
en hâte.
    — Va te
coucher, Jeanne. Il se fait tard.
    Il prit son
épouse par le bras et l’entraîna à l’intérieur du château. Jeanne resta où elle
était. La voix de Richild, trop vive, résonna de nouveau dans le silence du
soir.
    — Voilà ce
que tu as obtenu à force d’instruire cette fille au-delà de sa capacité d’apprentissage !
Gerold, tu dois cesser de l’encourager dans sa quête contre nature !
    Jeanne repartit à
pas lents vers la chambre.
     
     
    La louve blanche
fut abattue après avoir mis bas le dernier de ses rejetons. C’était une bête
dangereuse, une mangeuse d’hommes, et il n’était pas question de la remettre en
liberté. Son dernier-né, frêle et malade, ne vécut que quelques jours. Mais les
deux autres ne tardèrent pas à devenir des louveteaux vigoureux et débordants d’activité,
dont les jeux perpétuels faisaient la joie de Jeanne et de Gerold. L’un d’eux
arborait la robe brune mouchetée de gris caractéristique des loups de la
région. Gerold en fit don à Fulgence, qui ne se priva pas du plaisir de le
montrer à Odo. Quant à l’autre, le premier-né, il avait hérité de la robe
immaculée de sa mère et de ses yeux opalescents. Jeanne et Gerold le gardèrent.
Ils le baptisèrent Luc, en l’honneur de Lucrèce, et leur affection pour ce louveteau
ne fit que renforcer l’étroitesse des liens qui les unissaient déjà.

10
    Une foire se
tiendrait bientôt à Saint-Denis ! La nouvelle était de taille. Dans tout
le royaume, aucune foire n’avait eu lieu depuis plus d’années qu’un homme n’aurait
su en compter. Et pourtant, quelques-uns des plus vénérables vieillards  –
comme Burchard, le meunier  – gardaient en mémoire le temps où l’on
dénombrait deux ou trois foires par an en pays franc. Du moins le
prétendaient-ils, car il était difficile de les croire. Cela remontait bien sûr
à l’époque où l’empereur Charlemagne était à son apogée, où les routes et les
ponts étaient sûrs, où brigands et charlatans ne rôdaient pas en tout lieu, et
où — Dieu nous en préserve ! — les redoutables hordes normandes ne
déferlaient pas régulièrement sur les campagnes. Aujourd’hui, les routes
étaient trop périlleuses pour que les foires fussent profitables : les
marchands n’osaient plus transporter leurs précieux biens, et leurs clients ne
tenaient pas davantage à risquer leur vie.
    Quoi qu’il en fût,
il y aurait bientôt foire à Saint-Denis. Et ce serait merveille, si la moitié
seulement de ce qu’avait clamé le héraut se transformait en réalité : on
pourrait voir des négociants de Byzance aux coffres garnis d’épices, de
soieries et de brocarts ; des gens de Venise offrant des capes rehaussées
de cuir et de plumes de paon ; des marchands d’esclaves venus de Frise,
vantant leur cargaison de Slaves et de Saxons ; des Lombards aux nombreux
sacs de

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