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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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rassemblée autour de l’église. On fêta les Martyrs en même temps que les
noces de Jeanne, et toute la ville avait accouru.
    Au premier rang
des badauds, Jeanne aperçut un grand jeune homme au corps lourd qui l’attendait,
mal à son aise, entre ses parents. Le fils du maréchal-ferrant. La jeune
fille ne fut pas sans remarquer sa mine lugubre et son abattement. Il ne
souhaite pas ce mariage plus que moi. Et je le comprends.
    Encouragé par son
père, il s’avança vers Jeanne et lui tendit la main. Elle la prit. Côte à côte,
ils attendirent sans bouger que Wiso, l’intendant de Villaris, eût fini d’annoncer
le contenu de la dot de Jeanne.
    Celle-ci jeta un
coup d’œil vers la forêt. Elle ne pouvait plus s’enfuir. La foule les
encerclait, et les hommes de Richild ne la lâchaient pas du regard.
    Parmi les
curieux, elle reconnut Odo, entouré des élèves de l’école. Jean n’était pas du
nombre. Elle scruta la foule et finit par l’apercevoir à l’écart, ignoré par
ses compagnons. Comme elle, il était seul. Elle croisa son regard.
Curieusement, il ne détourna pas les yeux. Son visage exprimait une tristesse
non dissimulée.
    Longtemps, ils
avaient été deux étrangers. Mais cet instant de douleur les réunissait de
nouveau. Ils se comprenaient. De crainte de rompre ce lien fragile, Jeanne
maintint les yeux fixés sur Jean.
    L’intendant avait
achevé sa lecture. La foule attendait, impatiente. Le fils du maréchal-ferrant
conduisit Jeanne à l’intérieur de la cathédrale. Richild et sa suite entrèrent
à leur tour, et les curieux leur emboîtèrent le pas.
    Fulgence
attendait devant l’autel. À l’arrivée de Jeanne et de son fiancé, il leur fit
signe de s’asseoir. On célébrerait d’abord la fête des Martyrs, puis les noces.
    — Omnipotens
sempiterne Deus qui me peccatoris...
    Comme à l’accoutumée,
l’évêque écorcha son texte latin, mais Jeanne, cette fois, n’en avait cure.
Fulgence fit signe à un prêtre de préparer l’offertoire pendant qu’il se
mettait en devoir de réciter la prière liturgique de l’oblation.
    — Suscipe
sanctum Trinitas...
    Près de Jeanne,
le fils du maréchal-ferrant courba pieusement le front. La jeune fille tenta de
prier elle aussi, mais ne put que remuer les lèvres sans conviction. Son cœur
était désespérément vide.
    — Deus
qui humanae substantiae...
    Les portes de la
cathédrale s’ouvrirent avec fracas. Cessant de bredouiller, Fulgence fixa un
regard incrédule sur l’entrée. Jeanne se tordit le cou pour voir elle aussi ce
qui se passait, mais la foule des fidèles lui faisait écran.
    Elle l’aperçut
tout à coup. Une puissante créature d’aspect humain, mais plus haute d’une tête
que le plus grand des hommes, se découpait dans la lumière aveuglante du seuil.
Sa figure vide d’expression lançait des éclairs métalliques ; ses yeux
étaient enfoncés dans leurs orbites au point d’être invisibles. Deux cornes
dorées émergeaient de son crâne.
    Quelque part, une
femme hurla.
    Wotan, songea Jeanne. Elle avait depuis longtemps cessé de croire aux
dieux de sa mère, mais c’était bien Wotan, tel que le lui décrivait jadis sa
mère, qui remontait en cet instant précis l’allée centrale.
    Serait-il venu
pour me sauver ?
    À son approche,
elle s’aperçut que le visage et les cornes de métal appartenaient à un heaume
de guerrier. La créature était un homme, non un dieu. À l’arrière de sa tête,
de longs cheveux d’or dépassaient de son casque et couvraient ses épaules.
    — Les
Normands ! s’écria quelqu’un.
    L’intrus
poursuivit son avance sans broncher. Arrivé au pied de l’autel, il brandit son
glaive à double tranchant et l’abattit avec une férocité barbare sur la tonsure
d’un clerc. Le malheureux s’effondra, décapité, le sang jaillissant de sa
blessure.
    Un formidable
chaos s’ensuivit. Partout, les gens hurlaient et refluaient vers la sortie.
Jeanne fut entraînée par une foule si compacte que ses semelles, par moments,
ne touchaient plus le sol. La vague de villageois reflua vers la porte, et tout
à coup s’arrêta net.
    La sortie était
bloquée par un nouvel intrus, en tenue de bataille comme le premier, à cela
près qu’il était armé d’une hache, et non d’un glaive.
    La foule oscilla,
indécise. Jeanne entendit une clameur monter de l’extérieur. Plusieurs autres
Normands  – une dizaine au bas mot  – apparurent sur le seuil. Ils

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