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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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feuille, Jeanne recula, puis colla un œil à la
fente de lumière.
    On se battait
juste devant sa cachette. Elle entendit le son du métal heurtant le métal, eut
une furtive vision d’étoffe jaune, et devina le flamboiement d’un glaive
dressé. Un corps s’écroula lourdement. Le combat se déplaça sur le côté, ce qui
permit à Jeanne de distinguer l’ensemble de la nef, jusqu’aux portes d’entrée
de la cathédrale. Elles étaient entrebâillées, encombrées d’une masse grotesque
de corps.
    Les Normands
entreprirent de dégager l’entrée en entassant leurs victimes le long du mur de
droite.
    La voie fut
bientôt libre.
    Maintenant, se dit-elle. Je dois courir jusqu’aux portes.
    Mais elle ne put
s’y résoudre. Ses membres refusaient de lui obéir.
    Un homme parut à
l’extrémité de son champ de vision, tellement échevelé et défiguré par la peur
qu’elle mit un certain temps à reconnaître Odo. Il marchait vers la sortie,
boitant bas de la jambe gauche et serrant dans ses bras l’énorme Bible du
maître-autel.
    Il avait presque
atteint les portes lorsque deux Normands s’interposèrent. Il leur fit face, brandissant
sa Bible comme s’il espérait ainsi repousser quelque esprit malin. Un coup d’épée
trancha le saint livre en deux ; un autre lui transperça la poitrine. Odo
resta un moment debout, tenant devant lui les deux moitiés du manuscrit. Puis
il tomba en arrière et ne bougea plus.
    Jeanne se replia
dans les ténèbres. Des cris d’agonie fusaient un peu partout. Elle enfouit sa
tête entre ses bras. Les battements de son cœur lui martelaient les tempes.
     
     
    Les cris s’étaient
tus.
    Les Normands s’interpellèrent
dans leur langue gutturale et peu après, un fracas de bois brisé s’éleva. D’abord,
Jeanne se demanda ce qui se produisait. Puis elle comprit que les barbares
étaient en train de dépouiller la cathédrale de ses trésors, en riant et en
vociférant, d’excellente humeur.
    Il ne leur fallut
guère de temps pour achever leur mise à sac. Jeanne les entendit bientôt
grogner sous le poids de leur butin. Leurs voix s’estompèrent dans le lointain.
    Raide comme une
statue, elle attendit encore, l’oreille aux aguets. Tout était silencieux. Elle
se dirigea vers l’entrée de l’oratoire et passa la tête au-dehors.
    La cathédrale
était dévastée. Ses bancs étaient renversés, ses tapisseries avaient été
arrachées, ses statues gisaient en morceaux sur les dalles. Il n’y avait plus
trace des Normands.
    Des corps
jonchaient le sol, empilés dans le plus grand désordre. A quelques pas, au pied
des marches menant à l’autel, Fulgence était étendu près de la grande croix de
bois. Celle-ci était fendue et luisante de sang. Les corps de deux Normands aux
crânes fracassés gisaient près de lui.
    Avec une extrême
prudence, la jeune fille sortit la tête et les épaules de sa cachette.
    Au bout de la
salle, quelque chose bougea. Jeanne se replia dans l’ombre.
    Une masse d’étoffe
remua, puis se souleva et se détacha du monceau de cadavres.
    Quelqu’un avait
survécu !
    Une jeune femme
se leva. Elle tournait le dos à Jeanne. En titubant, elle se mit à marcher vers
la porte. Sa robe cousue d’or était déchirée et sanguinolente. Ses cheveux
dénoués tombaient sur ses épaules en boucles cuivrées.
    — Gisla !
s’écria Jeanne.
    À l’appel de son
nom, la survivante se retourna et revint d’un pas incertain vers l’oratoire.
    Un rire
tonitruant s’éleva aux portes de la cathédrale.
    Gisla se mit à
courir, mais il était trop tard. Plusieurs Normands franchirent le seuil et se
jetèrent sur elle avec des cris de jubilation. Ils la soulevèrent au-dessus de
leurs têtes.
    Ils la portèrent
jusqu’au pied de l’autel et la plaquèrent sur les dalles en lui écartant bras
et jambes. Elle se tordit en tous sens. Le plus grand des hommes retroussa sa
tunique, en couvrit son visage et se laissa tomber sur elle de tout son long.
Gisla hurla. L’homme plongea les deux mains entre ses seins et la pénétra sous
les encouragements de ses compagnons.
    Jeanne eut un
haut-le-cœur et plaqua une main devant sa bouche. Le Normand se releva. Un
autre prit sa place. Gisla ne se débattait plus. Un des hommes la tira par les
cheveux pour la faire réagir.
    Un troisième
homme la violenta, puis un quatrième. Ensuite, ils l’abandonnèrent et
soulevèrent plusieurs sacs empilés près des portes, dans un cliquetis
métallique.

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