Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
grille, proche du corridor qu’il devait emprunter pour sortir. Comme elle s’y attendait, Boldoni emboîta le pas au marquis.
    — Monsieur de Boldoni, l’interpella-t-elle, m’apprendriez-vous à jouer de la bassette ?
    S’écartant de son ami, celui-ci s’approcha d’elle.
    — À aussi charmant sourire rien ne doit se refuser ! Ici ?
    — Ou chez vous… laissa-t-elle traîner en baissant les yeux.
    — Vous recevoir me comblerait, sœur Maria.
    — Moins que moi, minauda-t-elle encore en lui coulant un œil enflammé.
    — Tenez-vous prête demain à deux heures. Une gondole viendra vous chercher.
    — N’ayez aucun scrupule à tout m’enseigner, monsieur, insista-t-elle.
    — Faites-moi confiance, belle enfant, pérora-t-il avant de la quitter.
    Elle l’entendit demander audience à la mère supérieure, escorté de Baletti qui trouvait que l’ingénue devait cacher de charmants secrets. Jusqu’au lendemain, elle ne put s’empêcher d’imaginer le jour où elle lui ferait cracher les siens, la pointe de sa lame sur son gosier.
     
    La demeure de Giuseppe Boldoni jouxtait le palais du marquis de Baletti. Moins luxueuse que sa voisine, elle abritait cependant quelques trésors inestimables, dont une jolie fontaine décorée de mosaïques chatoyantes, à l’intérieur d’un patio croulant sous les fleurs et les orangers. Un domestique en livrée escorta Mary. C’était là que son hôte avait choisi de l’attendre.
    — Entrez, sœur Maria, la reçut le Vénitien avec civilité. Vous êtes ici chez vous, ajouta-t-il en lui désignant un banc, abrité d’une vigne généreuse.
    — Je n’ai d’autre maison que celle du Seigneur, mentit Mary, espérant jouer assez de cet effet pour qu’il s’en sente flatté.
    Elle passa un doigt léger sur l’échancrure de son décolleté, comme elle avait autrefois vu Emma le faire, et gémit.
    — Je n’en pouvais plus pourtant d’y être enfermée, tant cette chaleur m’accable.
    — Alors venez, mon ange, souffla-t-il en lui prenant d’autorité cette main qui le narguait.
    Il la conduisit à la fontaine, puisa de l’eau dans le creux de sa paume et la fit ruisseler goutte à goutte entre ses seins jusqu’à inonder le tissu et la faire frissonner.
    — Monsieur, dit-elle, l’air coupable, que pensera la mère supérieure si je devais rentrer ainsi trempée ?
    — Elle n’en saura rien, je vous l’assure, susurra-t-il en lui enlaçant la taille.
    Mary rejeta la tête en arrière tandis que les lèvres de Boldoni se rafraîchissaient à son décolleté. Un gémissement non feint lui échappa. La mère supérieure avait eu raison. Cela faisait longtemps. Trop longtemps. Boldoni commença à défaire les lacets de son corsage.
    — Monsieur, minauda-t-elle encore pour l’agacer, vous n’y pensez pas. Si quelqu’un venait.
    — Je ne pense qu’à cela, Maria. Et au plaisir qu’il aurait de nous voir nous caresser.
    En quelques minutes, elle fut torse nu sous les orangers, se grisant de ses caresses, chassant le visage de Niklaus. Il aurait voulu qu’elle vive, pas qu’elle s’éteigne à le pleurer.
    Sa jupe fut remontée avec impatience, ses seins pétris et embrassés avec la même ardeur sensuelle. Mary se retrouva acculée au bassin. Boldoni l’y poussa jusqu’à ce que la fontaine ruisselle sur son front et ses épaules. Elle s’assit sur la margelle, s’y arqua et se laissa aimer.
     
    Le reste de l’après-midi passa à attendre que son habit de novice ait séché, étendu au vent chaud qui s’était levé. Boldoni l’avait drapée d’une étole de soie qui dissimulait l’essentiel en toute indécence. Satisfait de la gêne concupiscente de ses valets, il lui fit visiter son antre et insista sur le fait que, rejetant toute idée de mariage, il était bien aise d’éprouver tant d’inclinaison pour elle qui avait épousé Dieu le premier.
    — Mon seul souci, avoua Mary, serait d’en devenir indigne.
    — Ôtez-le de votre jolie tête, Maria, chuchota-t-il avant de l’embrasser. Avec moi vous ne risquez rien. Mon ami le marquis de Baletti pourvoit à ma stérilité.
    Mary écarquilla les yeux.
    — De quelle manière est-ce possible ?
    — Vous y verriez l’œuvre du diable si je vous le révélais.
    — J’y verrais une belle providence pour me garder du péché !
    Il éclata de rire et l’embrassa. Mary se sentit bien. Faire l’amour lui avait procuré plus d’apaisement qu’elle ne

Weitere Kostenlose Bücher