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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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ouvertures vitrées adoucissaient par leurs motifs discrets la lumière qui entrait à flots, inondant le tapis de Perse, le plancher marqueté, les coffres, l’armoire et la coiffeuse au miroir encerclé d’or et de rubis. Comme le reste de la demeure de Baletti, cette pièce la fascina par sa magnificence. Un instant, elle oublia la blessure de son âme.
    — Cela vous plaît-il ?
    Elle n’avait pas entendu entrer le marquis de Baletti, occupée à s’émerveiller de tout quand elle s’imaginait n’avoir plus le goût de rien.
    Mary se tourna vers lui, le cœur battant, angoissée à l’idée de le découvrir méprisant et jubilatoire. Elle ne trouva dans son regard qu’un reflet inquiet et protecteur.
    — Que me vaut un tel honneur, marquis, après ce que vous m’avez dit et fait ? Je ne comprends pas. Que me voulez-vous ?
    Baletti s’approcha d’elle à la frôler. Insidieuse et soudaine, une vague de désir la submergea, ranimée par son parfum aux notes musquées. Le souffle de Mary s’accéléra.
    — Il n’y a rien à comprendre, Maria. A moins que vous ne préfériez « Mary » ?
    — Comme il vous plaira, dit-elle, de plus en plus désorientée.
    Il n’y avait que douceur dans le regard de Baletti. Douceur et patience. Peut-être s’était-elle trompée après tout ? Peut-être ne savait-il rien de plus que son identité ? Clément Cork avait très bien pu la lui donner si, comme elle l’avait imaginé, il existait un lien entre eux. Baletti lui releva le menton d’un doigt léger, et traqua son regard fuyant.
    — Je vous l’ai dit, Maria, je ne veux que vous absoudre. Vous laver de cette souillure dans laquelle Boldoni vous a entraînée. Désormais, c’est à moi, et à moi seul, que vous appartenez.
    — Et lui ? N’en est-il pas blessé ? Il m’aimait.
    — Nous n’avons pas, en ce cas, la même conception de l’amour, lui et moi. Rassurez-vous. Il se lasse de tout. Toujours. De l’amour comme de l’amitié. Vous n’y auriez pas échappé. Le regretterez-vous ?
    — Non, répondit-elle sans hésiter.
    — Vous pouvez partir si vous le souhaitez, mais j’en serais attristé. Sachez que vous êtes libre. Totalement libre d’aller et venir où vous le désirez sans avoir aucun compte à me rendre. Ce palais vous est ouvert. Dans ses moindres recoins, à l’exception d’un seul dont je possède la clé. Nul ne vous surveillera, Maria. Je ne vous demande qu’une chose en retour. Ne me trahissez jamais. Je peux tout comprendre et tout pardonner. Sauf cela.
    Il s’écarta et la salua courtoisement.
    — Une chose encore. Gardez cet habit, il me plaît. Vos armoires en sont pleines pour pouvoir le changer. Et ne me provoquez pas. Moi seul déciderai du jour et de l’heure où je vous aimerai. Si cela devait advenir un jour. Je ne suis pas comme les autres, vous vous en apercevrez. J’espère qu’alors vous me ferez assez confiance pour me dévoiler vos secrets. Jusque-là, ils sont vôtres et je n’en veux rien connaître.
    — Je vous en remercie, marquis.
    — La confiance est une perle rare, Maria. Il faut du temps et beaucoup d’abnégation pour la trouver. Une vie parfois n’y suffit pas. Je m’emploierai pourtant à gagner la vôtre. Alors peut-être cesserez-vous de me craindre.
    Mary se troubla mais ne s’empara pas du court instant de silence qu’il fit planer entre eux. Qu’aurait-elle pu répondre à cela ? Baletti enchaîna, dans un sourire triste :
    — Une femme de chambre et un valet de pied sont désormais à votre service. Usez-en comme il vous semblera bon. Dépensez ce que vous voudrez. Tout ici vous appartient. Tout. Y compris le temps que vous accepterez de me consacrer. Bonne journée, termina-t-il en s’inclinant, avant de s’effacer aussi discrètement qu’il était entré.
    Mary resta silencieuse, décontenancée. Elle se laissa choir sur une chaise.
    Le mystère s’intensifiait. Jamais elle n’avait imaginé Baletti sous ce jour-là. Jusque-là, elle n’avait croisé dans les parloirs du couvent qu’un homme mondain, chaleureusement léger et inconséquent. Indifférent à elle. Que s’était-il passé ? En lui. En elle. Elle n’avait plus envie que de le découvrir. Pas uniquement à cause de cette lettre trouvée chez maître Dumas, pas à cause d’Emma, juste pour elle. Pour comprendre. Parce que l’attitude du marquis n’obéissait à aucune logique. Elle songea à l’énigme de maître Dumas, à

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