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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Hennequin de Charmont. Il est même étonnant qu’il n’ait pas succombé, lui préférant Maria Contini. Non qu’elle ne soit pas jolie, entendons-nous bien, rectifia aussitôt l’ambassadeur, ne voulant pas vexer Boldoni, mais à côté d’Emma Read…
    — Quel nom avez-vous dit ? tiqua Boldoni.
    — Emma Read. Vous l’ignoriez ? Elle fut en secondes noces l’épouse d’un armateur bien connu en Europe : Tobias Read. Elle s’est présentée à Venise sous le nom de Mortefontaine.
    — Baletti a appelé Maria du nom de Mary Read, un certain soir.
    — Vraiment ? Je n’en savais rien. Cela a-t-il une quelconque importance ?
    — Non, grinça Boldoni, cela confirme seulement les soupçons que j’avais. Pourriez-vous avoir l’amabilité de transmettre ce courrier à Emma de Mortefontaine ? Baletti a intercepté tous ceux que je lui avais envoyés. J’aimerais que celui-ci lui parvienne.
    — Vous pensez avoir été remplacé, je présume, comprit aussitôt l’ambassadeur.
    — Disons que ma fierté a quelque peu été ébranlée. Je compte bien sûr sur votre discrétion, exigea Boldoni, ennuyé de devoir offrir pareille confidence à personnage aussi désagréable.
    — J’ai de nombreux défauts, mon cher, mais, à l’inverse de M. de Baletti qui vous a si odieusement trompé, je suis fidèle en amitié. Nul ne saura ce que vous venez de me confier. Cette lettre partira et trouvera son destinataire. Entre nous, pourtant, que vous a offert Emma contre ce petit service ?
    Boldoni soupira.
    — Des promesses ! Seulement des promesses.
    — Mais une seule d’entre elles rendrait un roi plus servile qu’un valet. J’en conviens sans discuter, assura l’ambassadeur. Il nous reste à espérer que Baletti se contente de Maria. Cela nous donnerait de belles raisons d’espérer que nos rêves deviennent réalité.
    Boldoni ne répondit pas. Il avait pour l’heure davantage envie d’étrangler Emma que de la caresser. Il prit congé de l’ambassadeur, plus léger pourtant de s’être épanché.
     
    Se comportant comme un ami et un protecteur attentif, Baletti présenta Mary partout dès le lendemain de son installation chez lui, l’entraînant à ses côtés dans ce carnaval qui de nouveau masquait les âmes vénitiennes. Bals, concerts, dîners, jeux. Baletti choisissait ses soirées en fonction de son humeur du moment, ne pouvant répondre à toutes. Il n’était pas un lieu sur la lagune où sa présence ne fût instamment désirée. Mary put ainsi vérifier ce que Boldoni lui en avait dit et ce qu’elle avait pu entrevoir dans les parloirs du couvent. Où qu’il aille, Baletti éblouissait.
    Il paraissait faire une cour discrète à toutes les femmes qui l’approchaient. Indifférent à leur âge ou à leur physique, il s’appliquait à les trouver belles et leur offrait le moyen de le rester par des conseils. Il leur prescrivait des décoctions de fleurs et de fruits pour leur teint, des infusions de racines pour qu’elles gagnent de la vigueur, des activités au grand air.
    — Marquis, marquis, se pâmaient-elles, vous seul nous comprenez !
    Il eût pu profiter de cet avantage pour jouir de nombreuses amantes, et cependant il se gardait de tout geste, de toute formule, qui eût pu se les attacher. Il en était de même avec Mary. Lorsque leurs regards se croisaient, c’était pour se nourrir du même trouble, du même désir sans pour autant qu’ils osent y succomber et briser la méfiance qui les tenait. Ils demeuraient à parler de tout, de rien.
    Mary repoussait sans cesse l’envie de forcer la porte interdite. Se contentant de rester figée à son seuil, dans l’espoir d’un courage qui ne venait pas. Au moment d’en abîmer la serrure, elle se souvenait de cette souffrance sur les traits de Baletti, lorsqu’il lui avait demandé de ne pas le trahir. Mille raisons lui disaient de le faire. Mais tout en elle s’y refusait.
    Quelques jours seulement après s’être installée, elle s’était égarée dans Venise, vérifiant les dires de son hôte sur sa prétendue liberté. Elle avait reproduit l’expérience plusieurs fois. Baletti n’avait pas menti. Personne ne la suivait. Le marquis ne lui demandait jamais comment elle occupait ses journées, lui racontant les siennes en revanche. Il semblait absorbé par son métier d’armateur et y consacrait beaucoup de temps. Elle voulait le vérifier. Pour ce faire, profitant de la confiance qu’il lui

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