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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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corps avec Corneille pour ne pas le faire chuter, jusqu’aux franges des vagues.
    Là, il lâcha prise et courut, devançant Corneille jusqu’aux frondaisons tortueuses des arbres. Les premiers marins s’y étaient déjà réfugiés, les yeux rivés vers le large et les bâtiments de l’Empire.
    — Ils s’éloignent, constata le capitaine.
    Junior poussa un soupir de soulagement. Il se tourna vers Corneille, dont le visage était étonnamment crispé.
    — Ça va ?
    Corneille hocha la tête. Il était inutile d’alarmer l’enfant.
    — Il ne faut pas rester là, décida le capitaine. Il y a un village à dix minutes. Nous y serons en sécurité.
    — Je peux marcher, assura Junior crânement.
    Corneille n’insista pas. Des idées sombres l’endeuillaient. Cork leur avait menti, c’était évident. Il refusait de penser que les confidences qu’il lui avait faites sur Mary en étaient responsables. Il soupira et extirpa son pistolet de sa ceinture pour l’armer. Si Baletti voulait Junior, quelle qu’en soit la raison, il faudrait qu’il le tue d’abord. Mais, auparavant, il se chargerait de régler à Cork le prix de sa trahison.
    Ils pénétrèrent dans le village comme on sonnait la messe. Les habitants s’avançaient vers l’église, le front soucieux, inquiets des bruits de bataille que le vent leur avait portés. Quelques-uns, téméraires et curieux, s’étaient avancés en bordure du littoral pour se rendre compte. Ils ne s’étonnèrent pas de voir les Français débarquer.
    La plupart des matelots leur emboîtèrent le pas pour rendre grâce à Dieu de les avoir épargnés.
    — Tu ne veux pas prier ? demanda Junior à Corneille.
    — Je préfère surveiller les alentours, répondit-il en se postant près de l’église.
    — Tu crois qu’ils ont eu La Galatée  ?
    — Non, mentit Corneille.
    Tout était possible en vérité.
    — Alors le capitaine va venir nous chercher, conclut Junior sereinement.
    Il s’étira puis s’installa contre un pilier de soutènement de l’édifice roman. Corneille s’assit à ses côtés, à même le sol crayeux. De longues minutes s’écoulèrent, pendant lesquelles Corneille demeura les sens aux aguets face au sentier qui menait à la plage. Si les Impériaux changeaient d’idée et voulaient les surprendre, il les verrait arriver.
    A leur place, ce furent les silhouettes massives de Clairon et de ses hommes qui apparurent dans la trouée. Junior les avait vues lui aussi. Il tendit son doigt vers eux.
    — Là !
    Avant que Corneille ait pu l’en empêcher, il s’était dressé d’un bond pour courir à leur rencontre.
    « Aussi impétueux que sa mère ! » remarqua-t-il une fois encore.
    Il se leva et fit de même.
    — Content de vous voir, capitaine, lança Corneille en saluant Clairon.
    — Forbin est sauf, annonça Junior, heureux de pouvoir le lui révéler. Il arrive !
    — Où sont les hommes ? interrogea Clairon.
    — Dans l’église.
    — Bien ! C’est un lieu d’asile. Nous y serons en sûreté jusqu’à la venue de Forbin. Benoît, Marlin et les frères Raymond, vous accompagnerez Corneille ! Faites le tour du village et réquisitionnez de la nourriture et du vin.
    — Je peux en être aussi, capitaine ? demanda Junior.
    — Tu peux en être. La Galatée a une avarie au gouvernail. Il va nous falloir attendre. Autant le faire le ventre plein.
    — Vous ne craignez pas le retour des Impériaux ? s’étonna Corneille.
    — Nous n’en avons pas vu la trace en arrivant. Le danger est passé. Mais, par acquit de conscience, nous demeurerons dans l’église, l’office achevé. Rejoignez-nous avec les provisions.
    — A vos ordres, mon capitaine, obtempéra Junior avec un salut très réglementaire qui fit sourire Clairon.
    Accompagné de ses hommes, il se dirigea vers le sanctuaire. Corneille resta sur ses gardes. Son instinct le lui conseillait, et il avait toujours eu à se féliciter de l’écouter. Ils commencèrent leur tournée, s’éloignant de la petite église par une ruelle qui remontait en pente douce entre les habitations. Elles étaient modestes pour la plupart, mais la gentillesse des Vénitiens n’était pas surfaite.
    Partout on leur accorda ce qu’ils demandaient.
    Ils se trouvaient auprès d’une femme charmante de figure et d’allure, d’une trentaine d’années tout au plus, dans la bâtisse qui abritait le four à pain du village, lorsque les coups de feu

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