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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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aussi loyal que Cork le lui avait certifié. Il se félicita de ne pas avoir amené Junior. Il aurait eu tôt fait de le lui prendre, comme il avait séduit Mary.
    — A mon avis, il vaut mieux pour Clément se tenir à l’écart de tout ceci pour l’instant, déclara-t-il. On peut aisément maintenir le Bay Daniel caché dans une crique et faire en sorte que les Impériaux l’oublient. Dans quelques semaines, ils auront d’autres sujets d’inquiétude. Forbin ne leur pardonnera pas de ne pas lui livrer ses prisonniers. Je le connais. Il continuera de brûler tout ce qu’il croisera sur sa route.
    Baletti fronça les sourcils. Il n’aimait pas cette idée.
    — Pourquoi s’acharnerait-il ?
    — Parce qu’il pense Junior captif, affirma Corneille.
    — Je vois. Je crois qu’il est temps d’expliquer la situation à Mary. C’est son fils. Elle saura ce qu’il convient de faire, conclut Baletti.
    — Il me faut d’abord vous révéler son secret, intervint Cork, ennuyé.
    Baletti leur offrit un regard serein qui déplut davantage encore à Corneille.
    — C’est inutile. Elle m’a tout avoué. Mary va bien, Corneille. Vous allez vous-même pouvoir en juger. Venez.
    Ils sortirent du cabinet de Baletti pour enfiler un corridor. La magnificence du palais bouleversa Corneille. Sa complicité avec Junior était insignifiante au regard de ce que Baletti pouvait offrir à Mary.
    Ils pénétrèrent dans le jardin par une porte voûtée. Une explosion de senteurs lui picota les narines, chassant définitivement celles, persistantes et désagréables, du souterrain. Le lieu en lui-même, luxuriant grâce à la diversité des fleurs blanches qu’il abritait, semblait un paradis biblique.
    Puis Corneille aperçut Mary et son cœur se serra, comme autrefois à Saint-Germain-en-Laye, quand elle avait ses atours de lady qu’il détestait. Vêtue d’une robe élégante sans être trop voyante, les cheveux relevés sur sa nuque, elle leur tournait le dos et chantonnait en composant un bouquet au bout de l’allée gravillonnée.
    — Mary ! l’interpella Baletti.
    Corneille était prêt à haïr ses airs de noblesse lorsqu’elle se retourna. Il se figea devant son sourire, la douceur et la sérénité de ses traits, et sa jalousie se heurta à la fatalité. Mary était plus éclatante qu’elle ne l’avait jamais été.
    — Corneille ! lâcha-t-elle dans un cri de joie.
    Oubliant son bouquet qui s’éparpilla à terre, elle retroussa ses jupons pour courir à sa rencontre. Il lui ouvrit les bras, le cœur écartelé.
    Mary s’y blottit, se laissant emprisonner dans cette étreinte, le temps seulement d’en mesurer l’intensité, le temps d’un baiser sur cette joue râpeuse.
    — Je suis si heureuse de te retrouver.
    Ensuite elle s’écarta, réalisant que le désir de Corneille pour elle était inchangé. Elle se tourna vers Cork, qu’un sourire léger illuminait.
    — Ravie aussi de te voir, Clément.
    Clément Cork s’inclina devant elle.
    — Pas autant que moi, brigand de mon cœur.
    Mary s’avança et lui bisa la joue de même. Il fallut que Baletti se presse contre son dos, lui entourant les épaules de ses mains larges et chaudes, pour qu’elle soit enfin surprise de la présence de ces deux hommes.
    — J’ai l’impression, dit-elle, que quelque chose n’est pas à sa place.
    — Les confidences ne sont pas terminées, mon amour, dit Baletti. Allons sous la tonnelle. Pietro nous apportera de quoi nous rafraîchir.
    Mary hocha la tête et se dégagea de l’étreinte de Baletti pour glisser son bras au moignon de Corneille.
    — Comment va Junior ?
    — Aussi bien que toi, princesse, assura Corneille. Tu ne le reconnaîtras pas tant il a grandi et forci. La mer lui va bien. Comme à toi, ajouta-t-il avec une pointe de regret.
    Mary ne releva pas. Pietro s’en venait déjà avec un plateau chargé de verres et d’une carafe de porto. Ils s’installèrent sous la vigne vierge mêlée de chèvrefeuille. Des abeilles tournoyaient au-dessus des pampilles odorantes, et Mary se glissa sur un banc.
    — Racontez-moi tout, ordonna-t-elle, que je prenne la mesure du bonheur que vous me donnez.
    Moins d’une heure plus tard, pourtant, après s’être étonnée de la coïncidence qui faisait du Cork de Venise celui de Calais, avoir ri des souvenirs d’enfance des deux amis, son front s’était plissé d’une ride d’inquiétude et d’embarras.
    — Obligé de nous cacher

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