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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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descendre sur le pont central et les accueillir tandis que la barque se collait au flanc du navire. Junior n’attendit pas qu’elle soit stabilisée pour grimper à l’assaut de l’échelle de corde.
    Lorsque Mary toucha le plancher du Bay Daniel, après avoir remercié le rameur qui s’en éloignait déjà, ce fut pour trouver Junior et Corneille enlacés comme père et fils, les yeux pétillants de joie. Elle les rejoignit aussitôt, certaine jusqu’au tréfonds de son âme d’avoir fait le bon choix.
    — Où est Clément ? demanda Corneille, se retenant de la serrer dans ses bras devant les marins, qui s’étaient regroupés autour d’eux.
    Ceux-là attendaient Cork. Mary soupira et lui raconta. L’annonce de la mort de leur capitaine endeuilla l’équipage entier, affligeant Corneille plus encore que les autres.
    — Je réclame une minute de silence ! exigea-t-il en regagnant le gaillard d’arrière avec Mary et Junior.
    Elle fut respectée tristement, puis, sans qu’il demandât quoi que ce soit, le son d’un violon s’éleva. Il pleurait pour tous ces matelots qui ne le montraient pas.
    — Par la volonté de Cork, je suis devenu votre capitaine, annonça Corneille lorsque les derniers accords moururent, je pourrais donc exiger qu’il en demeure ainsi. Mais vous êtes sur ce navire depuis plus longtemps que moi. Si quelqu’un veut s’y opposer, qu’il le dise.
    — Moi, je m’y oppose, se dressa le quartier-maître. Le Bay Daniel me revient de droit.
    — Si cela avait été le cas, Cork ne me l’aurait pas confié jusqu’à son retour, souligna Corneille suffisamment fort pour que tous entendent. Pourtant, je considère ta requête comme légitime. Viens me rejoindre.
    Fièrement, celui-ci obtempéra, grimpa les quatre marches qui séparaient Corneille, Mary et Junior du restant de l’équipage ; une trentaine d’hommes au total. Tous avaient les yeux braqués sur eux. Corneille n’avait pas le choix. La passation de pouvoir était délicate. Il devait sur l’heure prouver à ses hommes qu’ils pouvaient lui faire autant confiance qu’à Cork.
    — Le navire est à moi, jubila le quartier-maître en se plantant devant lui.
    — Pas si vite. Nous le voulons tous deux, c’est évident. Il va falloir nous départager. Acceptes-tu un combat singulier ?
    Le quartier-maître le nargua méchamment :
    — Me battre ? Contre toi ? Alors qu’il te manque déjà un avant-bras ?
    Quelques-uns seulement ricanèrent dans l’équipage, pourfendus aussitôt par le regard noir des autres. Chez les pirates, on ne se moquait pas de l’infirmité, elle était souvent signe de courage.
    — Celui qu’il me reste sait tenir un sabre. Le vainqueur aura ce navire et force de loi.
    — Alors, je vais te tuer, décida le quartier-maître, arrachant sa lame de sa ceinture de flanelle, et je prendrai ta putain ensuite ! Elle a beau s’habiller en homme, y a des choses qui trompent pas.
    — Cette putain est ma femme, révéla Corneille à haute et intelligible voix, et elle te bottera elle-même le cul si je n’y arrive pas.
    Croisant déjà le fer, il ordonna à Mary :
    — Ecarte Junior.
    Il ne voulait pas que le quartier-maître puisse se servir de l’enfant pour le contraindre.
    Il avait besoin de sa tranquillité d’esprit. Parce qu’il jouait plus que sa vie. Il la jouait, elle. Elle, Junior et le Bay Daniel. Lorsqu’il les jugea éloignés de toute menace, retranchés sur le palier de l’escalier qui ramenait au pont central, il accorda au quartier-maître toute l’attention nécessaire.
    En quelques secondes, les lames s’entrechoquèrent avec violence, obligeant les deux hommes à un ballet macabre, cherchant chacun la feinte, l’erreur, qui provoquerait l’issue de l’affrontement.
    Au pied de l’escalier, on prenait des paris. Les matelots s’étaient hissés aux drisses et aux haubans, et y demeuraient accrochés telles des araignées. Chacun y allait de sa préférence. Corneille entendait leurs vociférations, jugeant ainsi de la sympathie qu’il inspirait, ravi de découvrir qu’elle couvrait largement celle de son adversaire. Le quartier-maître ne l’inquiétait pas. Il était vaillant et habile, mais avait sous-estimé la puissance contenue dans cette unique main qui le défiait. Corneille en tirait toujours un avantage certain.
    Il se laissa acculer contre la rambarde du gaillard et esquiva le coup de sabre d’un rapide mouvement du buste. Ce

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