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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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étaient assis
dans le petit hangar où Matahachi dormait. Musashi venait souvent l’y voir, et
ils causaient tard dans la nuit. Matahachi n’était pas autorisé à coucher au
dortoir qui, à l’instar des autres bâtiments du Hachijōji, était une
construction rustique, au toit de chaume, — car il n’avait pas encore été
officiellement accepté comme prêtre.
    — Oh ! ces
moustiques ! s’écria Matahachi en chassant de la main la fumée qui servait
à chasser les insectes, puis frottant ses yeux irrités. Allons dehors.
    Ils allèrent au bâtiment principal
et s’assirent sur le seuil. Les jardins étaient déserts et il soufflait une
brise fraîche.
    — ... Ça me rappelle le Shippōji,
dit Matahachi d’une voix à peine audible.
    — C’est vrai, dit Musashi.
    Ils se turent. Ils se taisaient
toujours en des moments pareils : penser au pays ramenait invariablement
des souvenirs d’Otsū, d’Osugi ou d’événements dont aucun d’eux ne voulait
parler, crainte de bouleverser leur présente relation. Mais, au bout de
quelques instants, Matahachi demanda :
    — Le Shippōji était sur
une colline plus haute, n’est-ce pas ? Et il n’y a pas ici de vieux
cryptomeria.
    Il observa une pause, regarda un
moment le profil de Musashi puis reprit avec hésitation :
    — ... Je voulais te demander
quelque chose, mais...
    — Qu’est-ce que c’est ?
    — Otsū...
    Sa voix s’étrangla. Quand il s’en
crut capable, il poursuivit :
    — ... Je me demande ce que
fait Otsū, en cet instant précis, et ce qui va lui arriver. Je pense
souvent à elle, ces jours-ci, et en moi-même, je lui demande pardon pour ma
conduite. J’ai honte à l’avouer, mais à Edo je l’ai fait vivre avec moi.
Pourtant, rien ne s’est passé. Elle a refusé de se laisser toucher. Je suppose
qu’après mon départ pour Sekigahara, Otsū devait ressembler à une fleur
tombée. Maintenant, c’est une fleur qui s’épanouit sur un arbre différent, dans
un col différent.
    Son visage montrait sa sincérité,
et sa voix était grave.
    — ... Takezō – non...
Musashi, je t’en supplie, épouse Otsū. Tu es le seul être qui puisse la
sauver. Je n’ai jamais pu me résoudre à dire ça, mais maintenant que je suis
décidé à devenir un disciple de Gudō je suis résigné au fait qu’Otsū
ne m’appartient pas. Pourtant, je m’inquiète pour elle. Ne veux-tu pas la
rechercher et lui donner le bonheur qu’elle désire si ardemment ?
     
    Il était environ trois heures du
matin quand Musashi se mit à redescendre l’obscur sentier de montagne. Il
croisait les bras, tête basse ; les paroles de Matahachi résonnaient à ses
oreilles. L’angoisse entravait sa marche. Il se demanda combien de nuits de
torture Matahachi devait avoir passées à rassembler le courage nécessaire pour
parler. Toutefois, il semblait à Musashi que son propre dilemme était plus
honteux et plus pénible.
    Matahachi, se disait-il, espérait
fuir les flammes du passé dans le salut de l’illumination.
    Musashi n’avait pas été capable de
répondre : « Je ne puis faire cela », et bien moins
encore : « Je ne veux pas épouser Otsū. Elle est ta fiancée.
Repens-toi, purifie ton cœur, et regagne-la. » En fin de compte, il
n’avait rien dit : tout ce qu’il aurait pu dire eût été mensonge.
Matahachi avait plaidé avec ferveur :
    — ... Si je n’ai pas la
certitude que l’on s’occupera d’Otsū, devenir un disciple ne m’apportera
rien de bon. C’est toi qui as insisté pour que je me discipline. Si tu es mon
ami, sauve Otsū. C’est le seul moyen de me sauver.
    Musashi avait été surpris quand
Matahachi avait éclaté en sanglots. Il ne l’avait pas cru capable d’une telle
profondeur de sentiment. Et quand il s’était levé pour partir, Matahachi
s’était accroché à sa manche en le suppliant de lui donner une réponse. Musashi
ne put que dire :
    — Laisse-moi réfléchir.
    Maintenant, il se maudissait de sa
lâcheté, et gémissait sur son incapacité à surmonter son inertie. Il songeait
tristement que ceux qui n’ont pas souffert de cette maladie n’en peuvent
connaître les affres.
    S’irriter contre soi-même, se
rappeler tout ce qu’il avait fait de mal, n’avançait à rien. C’était parce
qu’il éprouvait les premiers symptômes de sa maladie qu’il s’était séparé
d’Iori et Gonnosuke, et avait tranché les liens qui l’unissaient à ses amis
d’Edo.
    Il

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