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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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mettre
cet homme en colère. Ça ne me fait aucun plaisir.
    — Oui, monsieur.
    — Je ne sais pas où nous
irons ensuite. Mais où que nous soyons, tu ferais mieux de suivre les règles et
de te conduire courtoisement.
    Le garçon acquiesça deux fois de
la tête, et fit une petite révérence raide. Ils continuèrent de marcher en
silence un moment.
    — Monsieur, voudriez-vous
porter ma bourse à ma place ? Je ne veux pas la perdre à nouveau.
    En recevant le petit sac en
brocart, Musashi l’inspecta attentivement avant de le fourrer dans son kimono.
    — C’est la bourse que t’a
laissée ton père ?
    — Oui, monsieur. Le Tokuganji
me l’a rendue au début de l’année. Le prêtre n’a rien pris de l’argent. Vous
pouvez en utiliser si vous en avez besoin.
    — Merci, dit légèrement
Musashi. J’en prendrai bien soin.
    « Il a un talent que je ne
possède pas », se dit Musashi en songeant avec regret à sa propre
indifférence envers ses finances personnelles. La prudence innée du garçon
avait enseigné à Musashi le sens de l’économie. Il appréciait la confiance de
l’enfant, et s’attachait à lui chaque jour davantage. Il envisageait avec
enthousiasme la tâche d’avoir à l’aider à développer son intelligence.
    — ... Où donc aimerais-tu
passer la nuit ? demanda-t-il.
    Iori, qui avait regardé avec une
grande curiosité le nouveau décor qui l’entourait, remarqua :
    — Je vois des tas de chevaux,
là-bas. On dirait un marché, en pleine ville.
    Il parlait comme s’il avait
rencontré, en terre étrangère, un ami depuis longtemps perdu. Ils étaient
arrivés à Bakurōchō, la cité du cheval, où se trouvait un grand choix
de salons de thé et d’hôtelleries destinés aux selliers, acheteurs,
transporteurs, palefreniers, et toute une variété de moindres factotums. De
petits groupes d’hommes marchandaient et bavardaient en de multiples dialectes
dominés par le parler perçant et agressif d’Edo. Parmi la canaille se trouvait
un samouraï de mise soignée, en quête de bons chevaux. L’air contrarié, il
dit :
    — Rentrons. Il n’y a ici que
des bidets, rien qui mérite d’être recommandé à Sa Seigneurie.
    En s’avançant à grands pas vifs
entre les animaux, il se trouva nez à nez avec Musashi, cligna des yeux et
recula de surprise.
    — ... Vous êtes Miyamoto
Musashi, n’est-ce pas ?
    Musashi considéra l’homme un
instant puis eut un large sourire. C’était Kimura Sukekurō. Bien que les
deux hommes eussent été à deux doigts de croiser le fer au château de Koyagyū,
Sukekurō se montrait cordial. Il ne semblait pas garder rancune à Musashi
de cette rencontre.
    — ... Je ne m’attendais
certes pas à vous voir ici, déclara-t-il. Il y a longtemps que vous êtes à
Edo ?
    — J’arrive de Shimōsa,
répondit Musashi. Comment va votre maître ? Toujours en bonne santé ?
    — Oui, merci, mais bien sûr,
à l’âge de Sekishūsai... Je séjourne chez le seigneur Munenori. Il faut
venir nous voir ; je serais heureux de vous présenter. Oh ! il y a
aussi autre chose.
    Il eut un regard significatif, et
sourit.
    — ... Nous avons un
magnifique trésor, qui vous appartient. Il faut venir le plus tôt possible.
    Avant que Musashi eût pu demander
ce que pouvait bien être le « magnifique trésor », Sukekurō
s’inclina légèrement et s’éloigna vite, son serviteur sur les talons.
    Les clients des auberges bon
marché de Bakurōchō étaient surtout des marchands de chevaux venus
des provinces. Musashi résolut d’y prendre une chambre plutôt que dans un autre
quartier de la ville, où les tarifs seraient fort vraisemblablement plus
élevés. Pareille aux autres auberges, celle qu’il choisit comportait une vaste
écurie, si vaste en réalité que les chambres elles-mêmes ressemblaient plutôt à
une annexe. Pourtant, après les austérités de Hōtengahara, même cette
hôtellerie de troisième ordre paraissait luxueuse.
    En dépit du bien-être qu’il
éprouvait, Musashi trouva les taons agaçants et commença à grogner. La patronne
l’entendit.
    — Je vais vous changer de
chambre, proposa-t-elle avec sollicitude. Les mouches sont moins méchantes au
deuxième étage.
    Une fois réinstallé, Musashi se
trouva exposé aux pleines ardeurs du soleil de l’ouest, et eut derechef envie
de grogner. A peine quelques jours plus tôt, le soleil d’après-midi eût été une
source de joie, un brillant rayon d’espoir,

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