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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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deuxième fut un véritable hurlement : le malheureux avait l’impression qu’on lui arrachait la peau du dos. Le ricanement d’Agalar le révolta :
    — Comment osez-vous vous prétendre du sang de Napoléon alors que vous n’êtes qu’un fou criminel et sadique…
    — N’oublie pas mon sang asiatique, pauvre imbécile ! Continue, Timour !
    — Un jour… Un jour vous paierez vos…
    Un troisième coup lui coupa la parole et la souffrance fut si rude qu’il faillit perdre connaissance et l’espéra… Que vienne la bienheureuse inconscience avant que le quatrième n’entame davantage sa chair ! Mais il était solide et il en fallait hélas plus pour qu’il s’évanouisse. Deux autres coups l’atteignirent sans obtenir ce résultat. Il ferma les yeux, attendant une recrudescence de souffrance, ouvrit la bouche… Un cri jaillit, mais ce n’était pas lui qui l’avait poussé, et le fouet ne s’abattit pas.
    Tournant péniblement la tête il vit le Mongol tomber, un couteau dans la gorge. Un couteau qu’une main sûre venait de lancer de la porte arrière. En même temps des hommes vêtus de couleurs vives envahirent son champ de vision. L’un d’eux vint à lui pour trancher ses liens. Il se laissa glisser à terre et le spectacle qu’il eut sous les yeux lui parut relever du rêve, d’autant qu’un admirable contralto féminin se faisait entendre. Malheureusement il ne comprit pas les paroles car Masha Vassilievich s’adressait à Agalar en russe. Dressée en face de lui dans ses oripeaux rutilants, la grosse femme apostrophait le marquis avec une violence qui n’avait pas besoin d’interprète, tant elle exprimait la haine et le mépris. Médusé, celui ci l’écoutait sans faire le moindre geste pour l’écarter mais ce fut quand, à son tour, il cria qu’Adalbert comprit : elle venait de lui enfoncer dans la poitrine le poignard quelle tenait devant elle. Agalar tomba à ses pieds et elle leva le bras pour frapper encore.
    — Non ! gémit Adalbert. Il faut qu’il parle ! Il faut qu’il dise où est Morosini…
    Il essaya de se relever, ne réussit qu’à se mettre à genoux.
    — Aidez-le donc, vous autres ! ordonna la tzigane. Vous voyez bien qu’il est plein de sang ! Soignez-le !… Mais toi, petit frère, tu as raison : il faut qu’il parle.
    D’une seule main, elle empoigna Agalar par son vêtement pour le hisser jusqu’à ses genoux :
    — Tu as entendu, assassin ? Où est le prince ?
    — Je ne le dirai pas… Je sais que je vais… mourir mais il mourra aussi… plus lentement… voilà… tout !
    Le poignard que Masha avait retiré de la blessure s’approcha de son œil droit :
    — Tu parles ou je te fais sauter cet œil… puis l’autre ! Tu as tué mon frère, tu n’as aucune pitié à attendre de moi. Allons, parle, au moins pour sauver ton âme si c’est encore possible !
    — Fais… ce que tu… veux ! Tu… tu n’auras pas le temps…
    Il eut un spasme qui le rejeta en arrière. C’était la fin. Le comprenant, la tzigane le laissa retomber.
    — Il faut pourtant que quelqu’un nous dise où il est !
    Elle regarda autour d’elle, vit que l’Espagnol qui gardait Martin toujours inconscient était mort. Mort aussi Timour.
    — Il y a les hommes que nous avons enfermé se souvint Adalbert. L’un dans une chaise à porteurs… L’autre là, dans le placard.
    On les en tira mais Martin avait fait du trop beau travail : ils n’étaient plus que des corps sans vie…
    — La femme ! s’exclama alors Adalbert. La Mongole ! Elle doit savoir…
    — La femme aux chiens ? dit l’un des frères. Aliosha a tué les deux bêtes qui attaquaient un homme. Elle s’est enfuie.
    — Et l’homme ? Comment est-il ?
    — Amoché ! fit le tzigane qui n’ignorait apparemment rien des finesses de la langue française. Mais il s’en tirera !
    — Je veux le voir !
    À ce moment, Agalar, que l’on croyait bien mort cependant, ouvrit des yeux terrifiés. Une larme en coula et on l’entendit murmurer avec une horrible tristesse :
    — Sur le salut… de mon âme ! Je… je n’ai pas tué le tzigane… ni l’Américain ! Ce n’est pas moi... Napoléon ! Pas moi !… Dieu… Dieu me pardonne !
    Les yeux se fixèrent dans leur épouvante et le corps se raidit une dernière fois pour ne plus bouger. Cette fois c’était bien fini. Masha ferma les paupières d’une main qui tremblait un peu et se signa avant de

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