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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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que quelqu’un viendra ici à ma recherche. En ce cas,
voudrez-vous lui dire que je séjournerai près de l’étang de Sarusawa ? Il
devra me demander dans les auberges de là-bas.
    — Très bien.
    Etant donné la désinvolture de la
réponse, Musashi crut devoir ajouter :
    — Il s’agit d’un jeune
garçon. Il s’appelle Jōtarō. Il est tout jeune ; je vous prie
donc de lui faire bien clairement la commission.
    Tout en foulant de nouveau le
sentier qu’il avait pris plus tôt, Musashi se marmonnait à lui-même : « Voilà
qui prouve bien que j’ai perdu. J’ai même oublié de laisser un message pour Jōtarō.
J’ai été battu par le vieil abbé ! » L’abattement de Musashi
persistait. Il avait eu beau gagner contre Agon, la seule chose qui restait
gravée dans son esprit était le sentiment d’immaturité qu’il avait éprouvé en
présence de Nikkan. Comment pourrait-il jamais devenir un grand homme d’épée,
le plus grand de tous ? Telle était la question qui l’obsédait jour et
nuit, et la rencontre d’aujourd’hui l’avait laissé au comble de la dépression.
    Au cours des vingt dernières
années environ, la zone située entre l’étang de Sarusawa et le cours inférieur
de la rivière Sai s’était bâtie de façon régulière ; il y avait là tout un
fouillis de maisons, d’auberges et de boutiques neuves. Peu auparavant
seulement, Okubo Nagayasu était venu gouverner la ville pour le compte des
Tokugawas, et avait établi à proximité ses locaux administratifs. Au centre de
la ville se trouvait l’établissement d’un Chinois que l’on disait être un
descendant de Lin Ho-ching ; il avait fait de si bonnes affaires avec ses
boulettes farcies qu’il était en train d’agrandir sa boutique en direction de l’étang.
    Musashi s’arrêta au milieu des
lumières du quartier le plus animé, et se demanda où loger. Les auberges
abondaient, mais il devait faire attention à ses dépenses ; en même temps,
il désirait choisir un endroit qui ne fût pas trop éloigné du centre, pour
permettre à Jōtarō de le trouver sans difficulté.
    Il venait de manger au temple ;
pourtant, l’odeur des boulettes farcies lui donna faim de nouveau. Il entra
dans la boutique, s’assit et s’en commanda toute une platée. Quand elles arrivèrent,
il observa que le nom de Lin était imprimé à la base des boulettes. A la
différence des marinades épicées du Hōzōin, les boulettes avaient un
goût savoureux.
    La jeune fille qui lui versait le
thé lui demanda poliment :
    — Où avez-vous l’intention de
loger ce soir ?
    Musashi, qui connaissait mal le
quartier, sauta sur l’occasion d’exposer sa situation et de demander conseil.
Elle lui dit qu’un parent du patron tenait une pension de famille où il serait
le bienvenu ; et, sans attendre sa réponse, elle s’éloigna en trottinant.
Elle revint avec une femme assez jeune, dont les sourcils rasés indiquaient qu’elle
était mariée – vraisemblablement l’épouse du patron.
    La pension de famille se trouvait
dans une allée tranquille, non loin du restaurant ; il semblait s’agir d’une
demeure ordinaire qui accueillait parfois des hôtes. La patronne dépourvue de
sourcils, qui lui avait montré le chemin, frappa légèrement à la porte, puis se
tourna vers Musashi en murmurant :
    — C’est la maison de ma sœur
aînée ; aussi, ne vous inquiétez pas des pourboires...
    La servante sortit de la maison,
et les deux femmes chuchotèrent entre elles durant quelques instants.
Apparemment satisfaite, la servante mena Musashi au deuxième étage.
    La chambre et son mobilier étaient
trop luxueux pour une auberge ordinaire, ce qui rendit Musashi un peu mal à son
aise. Il se demanda pourquoi une maison aussi cossue prenait des pensionnaires,
et interrogea là-dessus la servante ; mais elle se contenta de sourire
sans répondre. Comme il avait déjà dîné, il prit son bain et se coucha ;
mais la question lui trottait encore dans la tête au moment où il s’endormit.
    Le lendemain matin, il dit à la
servante :
    — Quelqu’un doit venir me
voir. Puis-je rester un jour ou deux jusqu’à son arrivée ?
    — Bien entendu,
répondit-elle, sans même interroger là-dessus la maîtresse de maison, qui vint
bientôt le saluer elle-même.
    C’était une belle femme d’une
trentaine d’années, au teint satiné. Quand Musashi tenta de satisfaire sa
curiosité sur la question de savoir pourquoi elle

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