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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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produit, tu peux y
aller.
    Il se baissa, et Jōtarō
lui sauta sur le dos.
    — ... Tiens-toi debout sur
mes épaules.
    — Mes sandales sont sales.
    — Tant pis.
    Jōtarō se mit debout.
    — Peux-tu atteindre le sommet ?
    — Non.
    — En sautant, y arriverais-tu ?
    — Je ne crois pas.
    — Bon ; mets-toi debout
sur mes mains.
    Il dressa les bras au-dessus de sa
tête.
    — J’y suis ! chuchota Jōtarō
triomphalement.
    Musashi prit d’une main le sac de
charbon de bois qu’il envoya le plus haut possible. Il s’écrasa dans les
roseaux avec un bruit sourd. Rien ne se produisit.
    — ... Il n’y a pas d’eau, dit
Jōtarō après avoir sauté à terre.
    — Prends bien garde à toi.
    Musashi resta l’œil collé à la
fente jusqu’à ce qu’il n’entendît plus les pas de Jōtarō ; puis
il gagna rapidement, d’un cœur léger, la plus animée des allées principales. Aucun
des nombreux fêtards qui s’y pressaient ne lui accorda la moindre attention.
    Quand il sortit par la grande
porte, les hommes de l’école Yoshioka eurent le souffle coupé, et tous les yeux
se concentrèrent sur lui. Outre les guetteurs de la porte, il y avait des samouraïs
accroupis autour des feux où les porteurs de palanquins se chauffaient en
attendant, ainsi que des guetteurs de relève à la maison de thé Amigasa et au
débit de boisson de l’autre côté de la rue. Leur vigilance ne s’était jamais
relâchée. Sans cérémonie, ils avaient soulevé les chapeaux de vannerie pour
examiner les visages, arrêté les palanquins pour scruter leurs occupants.
    Plusieurs fois, ils avaient entamé
des négociations avec l’Ōgiya pour perquisitionner, mais sans résultat. D’après
la direction, Musashi ne s’y trouvait pas. Les Yoshiokas ne pouvaient s’appuyer
sur la rumeur suivant laquelle Yoshino Dayū protégeait le jeune homme.
Elle était trop admirée, tant au sein du quartier qu’à la ville même, pour que
l’on pût s’attaquer à elle sans entraîner des conséquences graves.
    Obligés de mener une guerre d’usure,
les Yoshiokas avaient encerclé le quartier à quelque distance. Ils n’excluaient
pas la possibilité que Musashi tentât de s’échapper en passant par-dessus le
mur, mais la plupart s’attendaient à ce qu’il sortît par la porte, soit
déguisé, soit en palanquin fermé. La seule éventualité à laquelle ils n’étaient
point préparés fut celle qui se produisit.
    Nul ne fit un mouvement pour
empêcher Musashi de passer ; lui-même ne s’arrêta point pour les saluer.
Il parcourut une centaine de pas à grandes enjambées décidées, avant qu’un samouraï
ne criât :
    — Arrêtez-le !
    — Tous après lui !
    Huit ou neuf hommes vociférants s’élancèrent
dans la rue aux trousses de Musashi.
    — Attendez, Musashi ! cria
une voix irritée.
    — Qu’est-ce qu’il y a ?
répliqua-t-il aussitôt en les faisant tous tressaillir par la puissance de sa
voix.
    Il gagna le bord de la route et s’adossa
au mur d’une baraque. Cette baraque appartenait à une scierie, et deux des ouvriers
y dormaient. L’un d’eux entrebâilla la porte, mais après un bref coup d’œil la
claqua et la verrouilla.
    Jappant et hurlant comme une bande
de chiens errants, les hommes de l’école Yoshioka formèrent peu à peu autour de
Musashi un arc de cercle noir. Il les fixait d’un regard intense, jaugeait leur
force, évaluait leur position, supputait l’origine d’un mouvement. Les trente
hommes perdaient rapidement l’usage de leurs trente esprits. Musashi n’avait
pas de peine à déchiffrer les mécanismes de ce cerveau communautaire.
    Comme il s’y était attendu, aucun
d’eux ne s’avança tout seul pour le défier. Ils murmuraient et lançaient des
insultes, qui ressemblaient pour la plupart aux gros mots à peine articulés des
vagabonds ordinaires.
    — Salaud !
    — Lâche !
    — Amateur !
    Eux-mêmes étaient loin de se
rendre compte que leurs fanfaronnades, purement verbales, révélaient leur
faiblesse. Jusqu’à ce que la horde acquît une certaine cohésion, Musashi eut le
dessus. Il examina leurs visages, repéra ceux qui risquaient d’être dangereux,
distingua les points faibles du groupe, et se prépara pour la bataille. Il prit
son temps, et après avoir lentement scruté leurs visages, déclara :
    — Je suis Musashi. Qui m’a
crié de m’arrêter ?
    — Nous. Nous tous !
    — Si je comprends bien, vous
faites partie de

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