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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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l’école Yoshioka.
    — Exact.
    — Que me voulez-vous ?
    — Tu le sais bien !
Es-tu prêt ?
    — Prêt ?
    Les lèvres de Musashi se tordirent
en un rictus sardonique. Le rire qui jaillit de ses dents blanches glaça leur
excitation.
    — ... Un véritable guerrier
est prêt jusque dans son sommeil. Avancez-vous quand vous le voudrez !
Quand on vous cherche une querelle absurde, à quoi bon tenter de parler comme
un être humain ou d’observer l’étiquette du sabre ? Mais dites-moi une
chose. Votre seul objectif est-il de me voir mort ? Ou voulez-vous vous
battre en hommes ?
    Pas de réponse.
    — ... Etes-vous ici pour me
régler mon compte ou pour un combat de revanche ?
    Musashi leur eût-il prêté le flanc
par le moindre faux mouvement de l’œil ou du corps, leurs sabres eussent jailli
vers lui comme l’air dans le vide ; mais il garda un parfait aplomb. Nul
ne bougea. Le groupe entier se tenait aussi immobile et silencieux que les
boules d’un chapelet. Du silence confus jaillit un cri sonore :
    — Tu devrais connaître la
réponse sans avoir besoin de la demander !
    Musashi, jetant un coup d’œil à
celui qui parlait ainsi, Miike Jūrōzaemon, jugea d’après l’aspect de
cet homme qu’il était un samouraï digne de défendre la réputation de Yoshioka Kempō.
Lui seul avait l’air disposé à sortir de l’impasse en portant le premier coup.
Il s’avança.
    — ... Tu as estropié notre
maître Seijūrō, et tué son frère Denshichirō. Si nous te
laissons vivre, comment pouvons-nous marcher la tête haute ? Des centaines
d’entre nous, fidèles à notre maître, ont juré de supprimer la cause de son
humiliation et de venger l’honneur de l’école Yoshioka. Ce n’est pas une
affaire de rancune ou de violence aveugle. Mais nous voulons venger notre
maître et apaiser l’âme de son frère tué. Je ne t’envie pas ta position mais
nous voulons ta tête. En garde !
    — Ton défi est digne d’un
samouraï, répondit Musashi. Si c’est bien là ta véritable intention, il se peut
que je meure de ta main. Mais tu parles d’accomplir ton devoir, tu parles de revanche
selon la Voie de samouraï. Dans ce cas, pourquoi ne me défies-tu pas suivant
les règles, comme l’ont fait Seijū et Denshichirō ? Pourquoi
cette attaque en masse ?
    — C’est toi qui t’es caché !
    — Folie ! Tu prouves
seulement qu’un lâche attribue aux autres de la lâcheté. Ne suis-je pas ici
debout en face de toi ?
    — Parce que tu avais peur d’être
pris en essayant de t’enfuir !
    — C’est faux ! J’aurais
pu m’enfuir de mille manières.
    — Et tu croyais que l’école
Yoshioka t’aurait laissé faire ?
    — Je croyais que vous m’accueilleriez
d’une manière ou d’une autre. Mais ne serait-il pas déshonorant pour nous, non
seulement en tant qu’individus mais en tant que membres de notre classe, de
nous bagarrer ici ? Devons-nous semer le trouble parmi les habitants de ce
quartier, comme une horde de bêtes sauvages ou de vagabonds indignes ? Tu
parles d’obligation envers ton maître ; mais une bataille ici n’accumulerait-elle
pas une honte encore plus grande sur le nom de Yoshioka ? Si c’est là ce
que vous avez décidé, alors vous l’aurez ! Si vous avez résolu d’anéantir
l’œuvre de votre maître, de dissoudre votre école et de renoncer à la Voie du
samouraï, je n’ai rien d’autre à dire – excepté ceci : Musashi
se battra tant que ses membres tiendront ensemble.
    — A mort ! cria le
voisin de Jūrōzaemon en dégainant à la vitesse de l’éclair.
    — Attention ! Voilà
Itakura ! cria une voix éloignée.
    Magistrat de Kyoto, Itakura
Katsushige était un homme puissant qui gouvernait bien, mais avec une main de
fer. Les enfants eux-mêmes le chansonnaient : « A qui donc est ce
rouan / Qui passe dans la rue ? / A Itakura Katsushige ? / Fuyez,
vous tous, fuyez ! » Ou bien : « Itakura, seigneur d’Iga, a
/ Plus de mains que la Kannon aux mille bras, / Plus d’yeux que le Temmoku aux
trois yeux. / Ses gendarmes sont partout. »
    Kyoto n’était pas une cité facile
à gouverner. Alors qu’Edo se trouvait bien parti pour la remplacer comme plus
grande ville du pays, l’ancienne capitale demeurait un centre économique,
politique et militaire. A l’avant-garde de la culture et de l’éducation, les critiques
contre le Shōgunat s’y exprimaient davantage. Les bourgeois, depuis le XIV e

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