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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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répondu qu’ils venaient de vous voir
avec Seinen. Ils ont insisté pour que je vienne vous chercher.
    Sur le chemin du retour au Mudōji,
Musashi demanda au prêtre quels étaient ses visiteurs, et apprit qu’ils
appartenaient au Sannōin, un autre des temples secondaires.
    Ils étaient là une dizaine, en
robe noire et serre-tête brun. Leurs faces irritées auraient bien pu appartenir
aux redoutables prêtres-guerriers d’autrefois, race hautaine de brutes en robes
cléricales, dont on avait rogné les ailes, mais qui semblaient avoir rebâti
leur nid. Ceux qui n’avaient point profité de la leçon de Nobunaga se
pavanaient avec de grands sabres au côté, le prenant de haut avec autrui, s’intitulant
spécialistes de la Loi bouddhiste, mais étant en réalité des bandits
intellectuels.
    — Le voilà, dit l’un.
    — Lui ? demanda un autre
avec mépris.
    Ils le regardaient avec une
hostilité non déguisée. Un prêtre corpulent, désignant de sa lance les
compagnons de Musashi, leur dit :
    — Merci. Nous n’avons plus
besoin de vous. Retournez dans le temple !
    Puis, très bourru :
    — ... Vous êtes Miyamoto
Musashi ?
    Ces paroles manquaient de
courtoisie. Musashi répliqua sèchement, sans s’incliner. Un autre prêtre
déclama comme s’il eût donné lecture d’un texte :
    — Je vais vous notifier la
décision prise par le tribunal de l’Enryakuji. La voici : « Le mont
Hiei est une enceinte pure et sacrée qui ne doit pas servir de refuge à ceux
qui nourrissent des inimitiés et des rancunes. Il ne peut non plus tenir lieu d’abri
à des hommes vils, engagés dans des conflits peu honorables. Le Mudōji a
reçu l’ordre de vous renvoyer sur-le-champ de la montagne. Si vous désobéissez,
vous subirez un châtiment rigoureux, conforme aux lois du monastère.
    — Je me conformerai aux
ordres du monastère, répondit Musashi d’un ton humble. Mais étant donné qu’il
est midi passé et que je n’ai fait aucun préparatif, je vous demanderai l’autorisation
de rester jusqu’à demain matin. De plus, j’aimerais vous demander si cette
décision émane des autorités civiles ou du clergé lui-même. Le Mudōji a
signalé mon arrivée. L’on m’a dit qu’il n’y avait pas d’objection à ce que je
reste. Je ne comprends pas ce brusque changement.
    — Si vous voulez vraiment le
savoir, répliqua le premier prêtre, je vais vous le dire. D’abord, nous étions
contents de vous offrir l’hospitalité parce que vous vous étiez battu seul
contre un grand nombre d’hommes. Mais ensuite, nous avons reçu de mauvais
renseignements sur vous qui nous ont forcés à reconsidérer la question. Nous
avons conclu que nous ne pouvions plus nous permettre de vous abriter.
    « De mauvais renseignements ? »
se dit Musashi avec ressentiment. Il aurait dû s’y attendre. Point n’était
besoin de beaucoup d’imagination pour deviner que l’école Yoshioka le
diffamerait dans tout Kyoto. Mais il jugeait inutile d’essayer de se défendre.
    — Très bien, dit-il avec
froideur. Je partirai demain matin sans faute.
    Comme il entrait au temple, les
prêtres se mirent à dire du mal de lui :
    — Voyez donc le misérable !
    — C’est un monstre !
    — Un monstre ? Un simple
d’esprit, voilà ce qu’il est !
    Musashi se retourna, regarda ces
hommes avec fureur et leur demanda d’un ton tranchant :
    — Vous dites ?
    — Tiens, vous avez entendu ?
demanda un prêtre avec défi.
    — Oui. Et il y a une chose
que je souhaite vous faire savoir. Je me conformerai aux souhaits du clergé,
mais je ne supporterai pas les insultes de vos pareils. Cherchez-vous le combat ?
    — En tant que serviteurs du
Bouddha, nous ne nous battons pas, répondit le prêtre, papelard. J’ai ouvert la
bouche, et les mots sont sortis tout naturellement.
    — Ce doit être la voix du
ciel, dit un autre prêtre.
    L’instant suivant, ils étaient
tous autour de Musashi, à le maudire, à se moquer de lui, et même à lui cracher
dessus. Il n’était pas certain de pouvoir se retenir longtemps. Bien que les
prêtres-guerriers eussent perdu leur pouvoir, ces réincarnations n’avaient rien
perdu de leur arrogance.
    — Regardez-le donc !
ricanait l’un des prêtres. D’après ce que disaient les villageois, je le
prenais pour un samouraï digne de ce nom. Je sais maintenant qu’il n’est qu’un
rustre sans cervelle ! Il ne se met pas en colère ; il ne sait même
pas comment

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