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La Poussière Des Corons

La Poussière Des Corons

Titel: La Poussière Des Corons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Paul Armand
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que tu changeras d’avis. Si jamais tu le fais, pense
que je serai là, prêt à faire tout ce que je t’ai dit. D’ici là, ne crains rien,
je te laisserai en paix.
    — C’est bien vrai ? J’ai ta promesse ?
    — Oui.
    Je ressentis un immense soulagement. Je pourrais continuer à
vivre, heureuse, entre mon mari et mon fils. Je dis simplement :
    — Merci.
    — Ne me remercie pas. J’espère te prouver ainsi
ma bonne foi. Je ne ferai rien contre ta volonté, je le répète. Mais pense à ce
que je t’ai dit, Madeleine…
    Je n’ai pas répondu. J’étais incapable de lui donner un
espoir alors que je savais que je ne changerais pas d’avis. Pourtant, c’était
vrai qu’il fallait peut-être laisser sa chance à Jean. Honnêtement, je ne le
voyais pas, moi non plus, au fond de la mine. Mais je ne pouvais me résoudre à
accepter l’offre d’Henri. De plus, pourquoi perturber Jean ? Il était
heureux entre Charles et moi, dans le coron où il avait ses amis. Ce milieu
était le sien. Il ignorait jusqu’à l’existence d’Henri, et pour rien au monde
je ne lui aurais appris la vérité.
    Le soir, j’étais si agitée que Charles s’en aperçut. Il
attendit que Jean fût au lit ; alors seulement il m’interrogea :
    — Qu’y a-t-il, Madeleine ? Je vois bien que
quelque chose te contrarie !
    J’hésitai un instant. Nous étions si proches l’un de l’autre
que je ne pouvais espérer lui cacher longtemps que j’étais tourmentée. Je me
décidai à lui dire la vérité. Je lui racontai tout, et il me fut doux de me
libérer de mon inquiétude. Je lui parlai de l’offre d’Henri, lui expliquai mon
refus, espérant que Charles m’approuverait et s’indignerait de la démarche d’Henri.
Il m’écoutait gravement, en fumant une cigarette. Lorsque je me tus, il resta
un moment silencieux et pensif.
    — Eh bien, c’est tout ce que tu trouves à dire ?
demandai-je avec une sorte d’impatience.
    Il leva sur moi un regard grave :
    — Je réfléchis, Madeleine. Le problème est
sérieux, c’est de Jean qu’il s’agit, de son avenir. C’est à lui qu’il faut
penser, avant tout.
    — Et tu accepterais de laisser Henri s’immiscer
dans sa vie, dans notre vie ?
    Il hésita :
    — C’est que… tu vois, Madeleine, je pense à Jean.
Je ne sais pas s’il faut refuser ce qui est après tout une chance. Moi je ne
pourrai jamais lui donner ce qu’il pourrait obtenir d’Henri…
    — Mais comprends donc qu’Henri s’est simplement
rabattu sur Jean parce qu’il n’a pas d’enfants ! S’il avait eu un fils, il
aurait continué à ignorer le nôtre…
    — Sans doute. Mais il n’en est pas moins vrai que,
pour Jean, il y a là une chance qu’il ne faut peut-être pas laisser passer, de
crainte de le regretter plus tard. Ne crois-tu pas ?
    Il vit mon geste de dénégation, mon air farouche et buté.
    — Je te laisse décider, Madeleine. Je ne veux pas
t’influencer. Cela dit, moi aussi, je préférerais garder Jean avec nous, l’emmener
avec moi à la mine, plutôt que de le confier à Henri. Mais je crains que ce ne
soit là une réaction purement égoïste.
    Je n’ai rien dit, sentant peut-être qu’il avait raison. Nous
en sommes restés là, mais je n’étais pas satisfaite. J’aurais voulu que Charles
m’approuvât, entièrement. Mais il s’efforçait de voir le problème d’un point de
vue objectif, et cela me donnait mauvaise conscience.
    Cette nuit-là, je dormis peu. J’essayais, comme Charles, d’être
objective, mais je n’y arrivais pas. Je décidai de demander conseil à ma mère.
    Le lendemain, j’allai chez elle. Lorsque j’arrivai, Jeanne
était là. Elle parlait de Pierre, qui allait prendre sa retraite l’année
suivante.
    — Il est temps ! disait-elle. Il s’essouffle
de plus en plus, et éprouve des difficultés pour respirer. Il dit que ses
poumons sont si encrassés qu’ils ne peuvent plus fonctionner normalement.
    J’écoutais distraitement, j’attendais de me retrouver seule
avec ma mère. Lorsque Jeanne partit enfin, je me lançai :
    — Maman, j’ai un conseil à te demander.
    Une nouvelle fois, je racontai tout. Lorsque j’eus terminé, comme
Charles, elle hésita :
    — C’est très difficile de donner un conseil sur
un tel problème…
    Je m’impatientai :
    — Essaie de t’imaginer à ma place. Que ferais-tu ?
    Elle me regarda :
    — Je crois que je réagirais comme toi. Mais
est-ce sage ? Pense que

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