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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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porter des billets de M. Georges aux jeunes filles que le hasard amène chez son père.
    – Quant à cela, mistress Dalton, je suis payé pour faire ce qu’on m’ordonne, et je n’ai pas le droit de refuser d’obéir aux ordres de mon jeune maître, quand bien même il aurait quelque petite fantaisie. Au surplus quel mal y a-t-il ? je vous le demande, quel mal y a-t-il ?
    – Songez pourtant bien à l’avis que je vous donne, Thomas ; si je vous y reprends jamais, Sa Révérence en sera informée, et vous n’embarrasserez pas long-temps sa maison.
    Thomas se retira d’un air confus et mécontent, et le reste de la soirée s’écoula sans aucun événement qui mérite d’être rapporté.
    Après les périls et les fatigues de la journée précédente, Jeanie passa la nuit dans un excellent lit, et la satisfaction d’avoir rempli tous ses devoirs lui procura un sommeil si paisible, qu’elle ne s’éveilla que lorsque mistress Dalton vint l’avertir le lendemain à six heures que le guide et le cheval qui lui avaient été promis étaient prêts et l’attendaient. Elle se leva promptement, prononça une courte mais fervente prière, et après avoir accepté un déjeuner que la bonne femme de charge lui avait préparé, elle prit le chemin de Stamford, en croupe derrière un vigoureux paysan portant à sa ceinture deux pistolets, destinés à la défendre en cas d’attaque.
    Ils marchèrent en silence pendant environ un mille, suivant une route de traverse qui rejoignait à peu de distance le grand chemin, un peu au-delà de Grantham.
    – Ne vous nommez-vous pas Jeanie Deans ? lui dit alors son conducteur.
    – Oui, répondit Jeanie surprise de cette demande, en éprouvant déjà un mouvement d’inquiétude.
    – C’est que j’ai un chiffon de papier à vous remettre, lui dit son guide. C’est de mon jeune maître, à ce que je puis juger. Dame ! tout ce qui habite Willingham est obligé de lui obéir, par crainte ou par amitié, car au bout du compte il sera un jour maître de la terre.
    En même temps il lui passa par-dessus l’épaule une lettre qui était sous enveloppe et soigneusement cachetée.
    Jeanie l’ouvrit aussitôt, et lut ce qui suit :
    « Vous refusez de me voir. Sans doute vous redoutez mon caractère ; mais puisque je me suis peint à vous tel que je suis, vous devez au moins m’accorder le mérite de la sincérité, et convenir que je ne suis pas un hypocrite. Cependant vous refusez de me voir ! Cette conduite peut être naturelle, mais est-elle sage ? Je vous ai exprimé le désir que j’avais de prévenir le malheur de votre sœur aux dépens de ma vie, de mon honneur, de celui de ma famille ; vous me regardez sans doute comme indigne de sacrifier pour elle ce qui me reste de vie et d’honneur. Mais si l’offre de ce sacrifice ne peut être faite par moi, la victime n’en est pas moins prête. Il y a peut-être quelque justice dans le décret du ciel qui ne me permet pas de paraître le faire volontairement. Allez donc trouver le duc d’Argyle, et quand vous aurez échoué auprès de lui, dites que vous avez le moyen de livrer à la justice le chef des conspirateurs qui ont fait périr Porteous. Dût-il être sourd à toute autre prière, il vous écoutera quand vous lui parlerez ainsi. Demandez la grâce de votre sœur, faites vos conditions, elles ne dépendront que de vous. Vous savez où l’on peut me trouver. Soyez bien assurée que je ne disparaîtrai pas comme à la butte de Muschat. Semblable au lièvre, je serai pris au gîte d’où je suis parti dans le matin de ma vie.
    » Je vous le répète, faites vos conditions. Ce n’est pas assez de la vie de votre sœur ; demandez une récompense pour vous, une place avec d’honorables revenus pour Butler, demandez tout ce que vous voudrez ; on vous accordera tout pour pouvoir faire monter sur l’échafaud un homme qui mérite bien d’y figurer, un homme déjà vieux dans la carrière du crime, mais qui, après une vie cruellement agitée, n’aspire qu’après le repos et le dernier sommeil. »
    Cette lettre extraordinaire était signée des initiales G. S.
    Jeanie la lut plusieurs fois avec grande attention, ce qui lui fut d’autant plus facile que le cheval, gravissant alors une montagne assez escarpée, n’allait qu’au petit pas.
    Déchirant ensuite cette lettre en aussi petits morceaux qu’il lui fut possible, elle les dispersa peu à peu sur la route, pour qu’une pièce si

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