Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Prophétie des papes

La Prophétie des papes

Titel: La Prophétie des papes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Glenn Cooper
Vom Netzwerk:
sizars . Marlowe était plein d’entrain et il commanda des bouteilles supplémentaires pour sa table. Il n’avait guère les moyens de se les offrir, mais son serviteur, un jeune homme de première année, nota soigneusement la somme dans les comptes de Marlowe en vue de règlements ultérieurs.
    Â«Â J’imagine que vous pouvez tous boire quelques lampées supplémentaires, mais la part du lion est pour maître Marlowe, annonça Marlowe à sa tablée.
    âˆ’ Ça sonne bien, vous ne trouvez pas ? Maître Marlowe ! s’exclama son ami Lewgar. Demain à cette heure-ci, j’espère avoir moi aussi réussi mon examen et reçu mon diplôme. J’en ai la chair de poule, rien que de penser à ce que deviendrait mon vieux si je rentrais à Norfolk sans diplôme. »
    Lewgar avait des boutons sur son visage glabre et il restait bien en chair alors que la plupart de ses collègues étaient maigres comme des clous. Bien que Marlowe soit notoirement intempérant et enclin à pilonner ses collègues de ses sarcasmes narquois et cinglants, il épargnait Lewgar qui passait son temps à se dénigrer.
    De l’autre côté de la table, un étudiant de deux ans plus âgé que Marlowe, un jeune homme sérieux qui finissait son second cycle, prit la parole :
    Â«Â Pas mal, ta prestation aujourd’hui, Marlowe. Presque aussi impressionnante que celle que j’avais donnée à l’époque. »
    Marlowe leva son gobelet dans sa direction. Bien qu’il l’ait vu presque tous les jours ces quatre dernières années, il pouvait dire honnêtement qu’il connaissait à peine Robert Cecil, et, en fait, Cecil était l’un des rares hommes à Cambridge qui l’intimidaient. Oui, bien sûr, son père était le baron Burghley, le secrétaire d’État de la reine, de fait, l’homme le plus puissant dans un pays qui n’avait pas de roi. Mais il n’y avait pas que cela, Cecil était fort comme un bœuf, aussi intelligent que n’importe lequel des boursiers du collège Nicholas Bacon et aussi confiant dans ses propres compétences que Marlowe.
    Mais Marlowe damait le pion à Cecil dans un domaine apprécié par tous et il éprouva une reconnaissance quelque peu émoustillée lorsque Cecil lui demanda de faire une démonstration.
    Â«Â Allez, maître Marlowe, faites-nous l’honneur de quelques-uns de vos vers sur cet événement, à l’occasion de votre promotion. »
    Marlowe se leva et s’appuya d’une main sur la table.
    Â«Â Maître Cecil, je n’ai que quelques vers d’une petite œuvre en cours d’achèvement, ma première pièce.
    âˆ’ Vous tâtez donc du théâtre ? demanda Cecil.
    âˆ’ Moi qui partage sa couche, s’écria Lewgar dans un rugissement de rires, je peux attester qu’il tâte toute la nuit !
    âˆ’ Allez, silence ! ordonna Cecil à la tablée. Entendons ce que notre homme a écrit et, si cela ne nous sied pas, j’enverrai un petit oiseau à la cour pour informer Notre Majesté que ses écoles tombent en ruine. »
    Marlowe leva les bras dans un geste très mélodramatique, attendant son moment, et, lorsque tous les yeux furent posés sur lui, il commença :
    Â 
    Comment, ami, pourrais-je oublier ta jeunesse,
    Dont la face reflète à mes yeux le plaisir,
    Au point que, captivé par les rayons de feu,
    J’ai souvent repoussé les chevaux de la Nuit,
    S’ils devaient le dérober à ma vue ?
    Reste sur mes genoux et condamne à ta guise,
    Asservis le Destin, coupe le fil du Temps.
    Est-ce que tu n’as pas tous les dieux à tes ordres,
    L’univers comme espace ouvert à tes désirs 2 .
    Â 
    Il sourit, avala ce qui restait de son vin et se rassit, avant d’appeler un sizar d’un geste de la main.
    Les convives attendaient que Cecil se prononce.
    Â«Â Assez bien, maître Marlowe, dit-il, assez bien. Mon petit oiseau devra rester dans sa cage et oublier son voyage à Londres. Qui prononce ces vers et quel titre donnerez-vous à votre pièce ?
    âˆ’ Ce sont les paroles de Jupiter ! s’exclama Marlowe. Et j’appelle la pièce Didon, reine de Carthage .
    âˆ’ Eh bien, Marlowe, si, d’ici trois ans, vous entrez dans les ordres, le

Weitere Kostenlose Bücher