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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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veut la guerre, je vais le contenter.
    — Vous l’avez déjà privé de ses commandements, puis réfuté comme héritier de sa femme...
    — C’étaient là mes chiens de tête ; le gros de la meute est à venir. S’il a cru pouvoir impunément me bafouer, cet homme-là s’est trompé.
    François prit sa mère par le bras et l’entraîna vers les appartements de la favorite. De faibles torchères ne parvenaient pas à repousser des ombres envahissantes.
    — Et quelles mesures comptez-vous prendre ?
    — Toutes celles qui s’imposent ! Je viens de voir avec Duprat le moyen de contester son héritage devant le Parlement de Paris.
    Le visage marmoréen de Louise se découpait de temps à autre, à la faveur d’un halo, sur l’obscurité. François s’inquiéta.
    — Devant le Parlement, dites-vous. Et qu’irons-nous réclamer à ces messieurs ?
    — Nous, rien. C’est la Couronne qui exigera le retour au domaine des apanages cessibles aux seuls enfants mâles.
    — Nous allons nous perdre dans une procédure interminable...
    — Au besoin, nous confisquerons des terres. À titre provisoire, s’entend...
    Le roi soupira. La perspective d’user d’une telle rigueur envers le premier soldat de France le contrariait. Madame n’en fut pas surprise.
    — Vous aimez encore Bourbon... Moi aussi, mon fils, je l’ai porté dans mon cœur. Simplement n’oubliez jamais que les rois n’ont que faire des sentiments lorsqu’il y va de la tranquillité de leurs peuples.
    — Mais que viennent faire mes peuples dans cette querelle de famille ?
    — Quand je vous disais que vous n’aviez pas tout saisi ! Écoutez-moi bien, François : les territoires des Bourbons sont vastes, riches et bien placés. Auvergne et Bourbonnais font le cœur même de votre royaume ! Ils en sont un peu le ventre ou mieux : l’ombilic. Indépendants, ils finiraient par devenir, pour votre couronne, une menace mortelle.
    Elle s’interrompit pour souffler dans un grand mouchoir de batiste, raffinement suprême et neuf. Puis elle reprit d’un ton enragé.
    — Que ce cochon de connétable n’ait pas été fichu de conserver ses rejetons en vie, et que les territoires des Bourbons puissent ainsi retomber dans le giron de l’État, j’y vois plus qu’une aubaine : un bienfait de la Providence ! Mais que vous-même soyez assez aveugle pour ne pas sauter sur l’occasion, voilà ce que je ne saurais souffrir. Dites-vous qu’il y va de la prospérité présente et de la paix future ! Croyez-en votre mère ; elle ne vous a pas trop mal avisé, jusqu’ici...
    Le jeune monarque en convint volontiers. Sa mère avait toujours été pour lui du meilleur conseil.
    — Ce que vous me demandez est malaisé, dit-il.
    — Je ne prétends pas le contraire.

    Ils étaient parvenus au seuil des appartements de Mme de Châteaubriant. Mais François montrait peu d’empressement à admettre sa mère en ce qu’il regardait sûrement comme une sorte de sanctuaire.
    — Entrons, dit Madame, je m’en voudrais de différer vos plaisirs...
    Il y avait dans sa voix comme une pointe d’envie. Le roi ne céda pas. Il poussa l’huis juste assez pour s’y glisser lui-même, et de la main droite, maintint sa mère au-dehors.
    — Bonne nuit, madame. Je vais songer à tout cela.
    — Sire ! Je n’en ai pas terminé !
    — Demain, madame, demain.
    — Enfin, vous allez m’écouter !
    — Dormez bien...
    Le panneau de chêne ciré se referma au nez de Louise.
    Château de Saint-Germain.
    F in janvier, la reine Claude mit au monde son cinquième enfant vivant : Charles. Elle avait vingt-trois ans...
    Pendant le jour et la nuit qui suivirent, des courriers partirent de Saint-Germain à destination de toutes les Cours d’Europe ; il s’agissait moins d’annoncer une nouvelle majeure – deux frères aînés de Charles assuraient déjà la postérité du roi – que de claironner à la face du monde, en ces temps de guerre contre l’Empire, l’étonnante vitalité de la Maison de France.
    Le duc d’Alençon, pour la circonstance, avait mis ses propres messagers au service du palais, qui lui-même en disposait selon les besoins ; c’est ainsi que Gautier de Coisay, vers six heures du soir, se trouva sommé d’aller prendre ses ordres chez le grand sénéchal de Normandie.
    — Savez-vous à qui je dois m’adresser ? demanda-t-il au vieux concierge qui, revêche, gardait l’entrée des appartements de Brézé.
    — Restez ici, je vais

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