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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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galanterie... Je lui ai fait porter une douzaine d’artichauts, et j’ai dit à ses gens que monseigneur ferait un bon homme, et qu’il aimerait les femmes. De surcroît, je leur ai confié, pour son usage, un livre d’Allemagne plein d’images sur le plaisir qu’on prend avec les dames...
    — Précisément ! dit le gendre qui paraissait suivre une idée préconçue. N’auriez-vous pas eu vent, chez le connétable, d’un certain projet de mariage ?
    — De mariage ?
    — Oui. Une proposition venue de l’étranger.
    Saint-Vallier était bavard, soit ; mais il n’était pas naïf.
    — Non, déclara-t-il d’un air dégagé. Je crois que les visées de monseigneur, en fait de remariage, se portent sur des partis bien français.
    — Cependant, nous avons de bonnes raisons de penser que l’empereur et le roi d’Angleterre ont récemment tenté d’approcher le connétable.
    — Vraiment ?
    — On vous l’aura caché, sachant nos liens...
    Saint-Vallier n’était pas naïf, soit ; mais il était glorieux.
    — Pour ne vous rien celer, reprit-il, le duc m’a entrepris d’un mot sur le sujet. Sa religion là-dessus est loin d’être faite. Mais pour ma part, je lui ai remontré, bien sûr, toute l’abomination d’une telle alliance !
    — Que lui proposait Charles Quint ?
    Le père de Diane soupira ; la conversation prenait un tour déplaisant.
    — Au juste, je ne sais plus. Mais rassurez-vous, monseigneur est aussi bon vassal du roi que vous et moi.
    — À cela près qu’il est aussi un très puissant suzerain... Voyez-vous, je pense qu’il commettrait une lourde faute en trahissant la Couronne. Et d’autant plus que – je vous dis cela entre nous – je sais de bonne source que l’intention du roi, quelle que soit l’issue du procès intenté par Madame, est de restituer au connétable l’ensemble de ses possessions, afin qu’il en jouisse sa vie durant.
    — Un usufruit, en somme...
    — Un usufruit, c’est bien cela.
    Palais de Lyon.
    À peine un huissier eut-il annoncé : « Le roi ! » que François fit irruption dans la chambre de sa mère. Il avait le regard sombre et le teint fort animé. Les effluves de genévrier flottant autour de Madame le firent toussoter. On referma doucement la porte derrière lui, laissant la sainte Trinité sans témoin. Marguerite accourut vers son frère.
    — Je connais ce visage, dit-elle, c’est celui des mauvais jours.
    Le roi salua sa sœur puis, se plantant au pied du lit de jour de Louise de Savoie, attendit que sa mère daignât le considérer.
    — Qu’avez-vous donc, sire ? finit par demander Madame d’une voix éteinte. Ne voyez-vous pas que votre mère souffre le martyre ?
    — Toujours cette crise de goutte, confirma Marguerite, anxieuse.
    François n’était pas d’humeur à s’attendrir.
    — Madame, j’ai besoin que vous m’expliquiez certaines choses d’importance.
    — Un autre jour, voulez-vous ?
    — Non, tout de suite. À l’instant même !
    Frappée par la fermeté du ton, Madame se redressa dans un râle de douleur. Elle affectait de surmonter d’intolérables souffrances, mais posa sur son fils un regard néanmoins attentif.
    — Parlez, François.
    — Je vois M. de Semblançay qui m’annonce que la somme énorme de quatre cent mille écus, destinée à Lautrec pour sa campagne à Milan, n’en aurait jamais pris le chemin.
    — Allons, bon.
    — Et cela pour une bonne raison : elle aurait fini dans vos propres caisses !
    — Eh bien ?
    — Mais... Confirmeriez-vous, madame, que ces fonds ont été détournés sur vos ordres ? Si cela était...
    — Il suffit, mon fils ! Apprenez, avant d’en faire emploi, le sens de certains termes. Je n’ai jamais, grands dieux, détourné le moindre écu. Tout au plus me suis-je trouvée, récemment, dans la nécessité de rentrer dans les fonds que j’avais prêtés, jadis, aux généraux des Finances. À combien se montait l’ensemble de la créance ? Semblançay pourrait le dire... Elle est à présent apurée.
    — Madame, c’est le roi de France qui vous le demande : avez-vous, pour une raison quelconque, capté les quatre cent mille écus qui m’ont fait perdre le Milanais ?
    — Je déplore autant que vous la perte du Milanais, et je sais bien à qui – et non à quoi – l’imputer ! Et je vous redis que je n’ai donné aucun ordre concernant vos fonds de guerre ! J’ai tout simplement, de la manière la plus nette, été remboursée

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