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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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par le Trésor de sommes que je lui avais avancées.
    Un éclair illumina la chambre ; et bientôt, le tonnerre retentit. Le roi, livide, était fou de rage. Madame poussa son faible avantage.
    — Voyez-vous, je trouve assez malvenu que, sachant ce que vous savez, et notamment ce que vous devez aux efforts infinis de votre pauvre mère, vous osiez l’importuner, sur son lit de douleur, avec des accusations abjectes et dont on ne peut ignorer d’où elles viennent. Le clan grenouillant autour de votre catin est aux abois, mon fils, il essaie de vous circonvenir. Et n’osant vous mettre en cause vous-même, c’est à moi qu’il porte ses plus vilains coups !
    — Madame !
    — Dites à M. de Lautrec et aux dégénérés qui lui servent de frères et sœur, que si votre mère gérait vos finances aussi mal qu’ils commandent à vos armées, ce n’est pas le Milanais que nous aurions perdu, mais la France elle-même !
    Le roi demeura un moment silencieux, immobile. Interdit. C’est un nouveau coup de tonnerre, plus puissant, qui le tira de sa stupeur. Des larmes s’accrochaient à ses yeux. Il fit mine de vouloir parler, serra les mâchoires, se retourna et, d’un geste violent, brisa net le premier objet qu’il trouva : une aiguière en cristal de roche.
    Quand il quitta la chambre, toujours muet, Marguerite lança vers sa mère un regard effaré. Des yeux, Madame l’invita à suivre son frère : elle était la seule à pouvoir le calmer.

    François était anéanti par le sentiment de trahison qui le submergeait. Comment imaginer qu’il se soit vu contrer, dans une affaire d’État essentielle, une action engageant tout le crédit de sa personne royale, par celle-là même qui eût été sensée le soutenir, le seconder : par sa propre mère ! Il n’avait pas trouvé la force de rentrer chez lui, et s’était arrêté dans une antichambre de Louise. Planté dans l’embrasure de la fenêtre, il observait sans le voir le paysage détrempé qu’illuminait encore, de temps à autre, un bref éclair. L’orage s’éloignait.
    Marguerite surgit à ses trousses. Les pleurs dont son visage était baigné paraissaient un tribut aux pluies diluviennes, et son frère le lui fit remarquer. Elle eut un pauvre sourire.
    — Ce sont vos larmes, sire, qui coulent par mes yeux.
    François serra Marguerite dans ses bras. De tout son cœur.
    — Ainsi donc, murmura-t-il, vous seule ne m’aurez jamais déçu.
    S’affalant dans la chaire de bois sombre qui meublait l’embrasure, il l’attira contre lui, et posa sur sa poitrine cette chère tête de grande sœur adorée. Elle avait deux années seulement de plus que lui, mais par sa grande maturité, aurait pu être son aînée de cinq ans, de dix ans peut-être... Le roi soupira.
    — Notre mère est effrayante, dit-il.
    — Elle ne fait tout cela que pour vous. Sa seule passion est de vous être utile.
    — Peut-être... Mais cette fois, elle est allée trop loin.
    — Ne pensez-vous pas qu’il soit tôt pour en juger ?
    François se mit à pleurer à son tour. Discrètement. Tranquillement. Alors, sa sœur tira de ses jupes un mouchoir de dentelle, et dans un geste infiniment pudique, entreprit de sécher les larmes royales.
    — Vous m’êtes plus cher que tout au monde. Plus cher que ma propre vie.
    Le roi donnait le sentiment d’être perdu dans ses pensées ; mais en vérité, il buvait les doux mots de sa sœur comme un blessé boit son remède.
    — Continuez, pria-t-il.
    — Ne vous ai-je pas supplié, récemment, d’éprouver pour moi, ne serait-ce qu’une petite part de ce qu’à chaque seconde, je ressens pour vous  15  ?
    — J’en ressens plus que vous ne croyez, dit-il en embrassant sa sœur tendrement.
    Il prit dans ses mains la tête de Marguerite, et la porta vers lui pour en humer pleinement les cheveux, pour en caresser le front de son nez, pour en contempler les yeux tout humides, pour en baiser, pour en lécher la bouche... Sa langue voulut s’insinuer entre les lèvres de sa sœur.
    La jeune femme eut un sursaut ; elle tenta de repousser cet appendice, secoua la tête. Mais le roi tenait ferme. Il s’appuya contre elle, la plaqua douloureusement sur la chaire et entreprit de bouger lentement son corps contre le sien. Marguerite, affolée, n’osait pourtant alerter la garde ou le service. La nuque lui brûlait, des douleurs lui parcoururent le dos.
    Elle eut alors le désir de tuer ce frère monstrueux.
    Quand il finit

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