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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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aucun espoir. Renvoyez-le sans appel.
    — Le voir ? Mais le voir où, et quand ?
    — Ici même, tout de suite. Il est dans cette maison.
    — Gautier ?
    Le visage de Françoise venait de s’empourprer ; quant à ses yeux, ils accueillirent, l’espace d’un instant, tout un feu d’espérance. Mais Diane de Brézé se chargea de tuer ce feu-là.
    — N’oubliez pas que le sort de votre favori, et sa vie, sont entre vos mains. Françoise, soyez courageuse.
    Sur quoi elle laissa la jeune fille interloquée. Plus morte que vive.
    Rouen, tour de Bouvreuil .
    L ouis de Brézé attendait son épouse au milieu d’un amas de documents enroulés ; il lisait ou relisait la missive envoyée par son cher maréchal.
    — M. de Montmorency me donne de bien intéressantes nouvelles, annonça-t-il. Elles concernent votre père.
    — Mon père ?
    Diane tremblait, maintenant, sitôt qu’on évoquait Saint-Vallier devant elle. Son mari le savait, mais il continuait à dessein d’en parler – moins pour provoquer Diane que pour éviter, dans son intérêt, qu’elle ne tirât un trait définitif sur son père.
    — Oui, confirma-t-il, votre père. Figurez-vous que l’empereur exigerait, parmi les préalables au règlement d’une paix, que M. de Saint-Vallier, en bon fidèle du connétable, fût rétabli dans tous ses droits.
    — Mais c’est terrible !
    Ce cri du cœur surprit le grand sénéchal, qui ne put s’empêcher d’en rire.
    — La bonne fille que vous faites !
    — Mais Louis, ne craignez-vous pas que cela n’indispose la régente, et qu’elle ne prenne ombrage de ce pardon forcé, plus encore que de la trahison elle-même ? Sa faveur nous est tellement chère...
    — Rassurez-vous, Madame sait bien que nous ne sommes pour rien dans les exigences de Charles Quint. Sauf à douter de la droiture du maréchal, ce qui est improbable.
    — Qu’en savez-vous ?
    — J’ai moi-même recruté le secrétaire de Montmorency : c’est un agent de Madame, et qui lui adresse copie de tout le courrier envoyé et reçu par le maréchal !
    Louis de Brézé s’amusa de la surprise affichée par sa femme.
    — Pour le reste, reprit-il, la nouvelle ne devrait pas tant vous déplaire ; car il est question de rétrocessions importantes au profit de votre famille !
    Ce fut au tour de Diane de sourire à belles dents.
    — Pensez-vous, demanda-t-elle sans détour, que je devrais alors rentrer en relation avec mon père ?
    — Surtout pas ! Il sera toujours temps... Par contre, ce que vous pourriez faire – ce à quoi je vous engage même – c’est un courrier pour Madame, protestant de notre fidélité sans faille, et de notre passion de la servir, quelles que puissent être les conditions de la paix.
    — Dans ce cas, dit Diane, il y aurait peut-être mieux à imaginer...
    Son mari la fixa par en dessous, de ces gros yeux que l’âge, peu à peu, avait rendus vitreux.
    — Je vous écoute.
    — Si nous souhaitons rassurer Madame entièrement, et tirer parti de notre loyauté sans nous priver des bénéfices de la paix, le mieux serait que soit copié, à son intention, un courrier destiné, officiellement, au maréchal de Montmorency. Notre fidélité n’aurait que plus de poids...
    — Bonne idée. Je vois d’ici le message : « Mon cher maréchal, si la paix doit nous rétablir dans nos possessions familiales, tant mieux ; mais l’essentiel, pour nous, est que Madame nous conserve cette confiance sans laquelle la vie elle-même perdrait tout sens à nos yeux... »
    — Quel diplomate vous êtes !
    — Et vous, quelle intrigante !
    — Louis !
    Le grand sénéchal riait de bon cœur.
    — Mais alors, il faut renvoyer le messager sur-le-champ. Le pauvre garçon aurait sans doute préféré souffler un peu.
    — Quelque chose me dit qu’il va être ravi de quitter Rouen au plus vite.
    Diane avait prononcé cela si bas et d’un ton si détaché, que son mari ne releva pas.
    Rouen, tour de Bouvreuil .
    F rançoise de Longwy en voulait lourdement à celui qu’elle voyait déjà comme son beau-frère : Simon de Coisay. Elle le tenait pour responsable de son malheur. Rien n’eût été pareil si ce jeune homme, au lieu de rester à Blois des semaines et des mois durant, à boire, à rire, à jouer, avait mieux pris à cœur la mission qu’elle lui avait confiée, et transmis à Gautier les appels de sa fiancée, et ses billets d’amour. Au lieu de quoi tout cela était demeuré lettre morte,

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