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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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apparaissaient de fines étoffes auxquelles répondaient la beauté des manchons, des chausses, des souliers... Cette mise recherchée contrasterait, à n’en pas douter, avec celle, plus sobre, plus noire, du jeune Charles Quint.

    La porte centrale, richement ouvragée, s’entrouvrit pour laisser passer un huissier.
    — Sa Majesté attend Votre Excellence, annonça-t-il en français.
    Montmorency le suivit jusqu’à une vaste pièce où l’empereur tenait la pause devant un portraitiste.
    — Comme vous le voyez, s’excusa Charles, je ne suis pas libre de mes mouvements. Pardonnez-moi si je reste assis et ne vous salue qu’en parole.
    — Les mots de Votre Majesté m’importent plus que tous les gestes, répondit l’émissaire français en appuyant sa révérence.
    — Sire, vous avez bougé, grogna le peintre.
    — Vous m’en voyez navré.
    Pendant un long moment, l’empereur demeura coi, obligeant son visiteur, pour se donner contenance, à feindre de l’intérêt pour le portrait en gestation. Puis Charles Quint attaqua.
    — Depuis qu’il est arrivé en Espagne, votre souverain m’écrit trois fois par jour pour implorer je ne sais quelle entrevue. Il vous faut lui remontrer que cela n’est pas convenable, et que je ne saurais le recevoir avant que n’aient été fixés les termes de la paix.
    — C’est moi, sire, qui conseille ces requêtes à mon maître ; il serait malvenu de ma part de lui en faire le reproche.
    L’empereur ferma son visage aigu, affligé de prognathisme : la réponse lui avait déplu.
    — Pouvez-vous me dire, monsieur le maréchal, comment vous avez réussi à convaincre Lannoy de laisser votre roi quitter Pizzighettone et passer la Méditerranée jusqu’en Espagne ? Je n’avais, pour ma part, nullement envisagé ce rapprochement.
    — Je regrette bien que Votre Majesté n’ait pas été obéie, lança Montmorency, perfide.
    — Je n’avais pas non plus donné d’ordres contraires ! Enfin, puisque François est à Valence...
    — L’accueil de vos sujets envers le roi François, à Valence comme à Barcelone, fut magnifique, plaça le maréchal. Les acclamations de ces foules font honneur au génie espagnol.
    — Oui. Enfin... Je crois savoir que l’on mène joyeuse vie à Valence...
    — Admirable, sire ! La captivité y pèse moins lourd qu’en Italie. Les soupers succèdent aux chasses, ce qui est excellent pour la santé du roi mon maître. À n’en pas douter, ses propres sujets lui trouveront belle mine lorsque les négociations aboutiront, et qu’il pourra rentrer en France !

    Charles Quint détestait perdre le contrôle d’une audience ; il le manifesta en quittant la pause, ce qui impatienta le peintre.
    — Sire ! Vous avez...
    — C’est assez pour aujourd’hui, trancha l’empereur. Vous voyez bien que nous parlons d’affaires ! Vous reprendrez demain.
    L’artiste, sans broncher, rassembla ses brosses et s’inclina pour sortir.
    — Vous êtes très doué, lui lança Montmorency. Votre portrait promet bien de la ressemblance !
    Ce n’était un compliment ni pour l’empereur, ni pour le peintre. Charles tenta de reprendre la main.
    — Mon conseil me signale que les envoyés de la régente Louise se montrent récalcitrants sur la Bourgogne, dit-il.
    Le maréchal feignit aussitôt l’embarras.
    — La Bourgogne... Sire, imaginez l’importance, pour des Français, de ce morceau de France !
    — Elle était le pivot de l’ancienne Lotharingie, fit observer l’empereur. Enfin elle était nôtre et doit le redevenir !
    — Votre Majesté me met au supplice, se lamenta faussement l’émissaire de François.
    En vérité, c’est lui qui avait conseillé à Madame d’ergoter à l’infini sur la Bourgogne, afin de mettre hors de cause, l’une après l’autre, la Flandre, la Somme, la Picardie... Le raisonnement du maréchal était simple : tant que l’empereur se concentrait sur cette unique province, il resterait ouvert à la négociation. Ainsi l’habile diplomate avait-il fait sien ce précepte du sénéchal de Brézé : orienter l’attention de l’adversaire vers un but inaccessible...
    — Les Anglais, fit-il observer, se sont montrés plus souples que Votre Majesté.
    — Ils sont achetés par votre régente !
    — C’est mon père, rétorqua Montmorency, qui a personnellement traité avec le roi d’Angleterre. Et je puis assurer Votre Majesté que mon père n’est pas un maquignon.
    Ainsi, le temps de

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