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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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Gravelines et des oranges offertes était loin. À présent l’empereur, en mal de fonds, choisissait pour épouse la riche Isabelle de Portugal, de surcroît jeune et charmante, de préférence à la sœur du roi Henry VIII  26 ...
    — Au reste, reprit le maréchal, c’est pour nous autres, Français, un réconfort sensible que de voir à quel point la régente a su se concilier aussi bien le soutien de nos provinces que la bienveillance de nos voisins. Chaque nouvelle semaine renforce sa puissance !
    — Si vous croyez, en disant cela, me forcer la main et hâter les négociations, répondit Charles avec agacement, c’est que vous me connaissez bien mal...
    — Sire, loin de moi ce projet ! Pour être tout à fait honnête, je dois avouer à Votre Majesté qu’en venant à Tolède, ma seule et modeste ambition était d’y préparer une visite du roi mon maître.
    L’empereur fut un moment silencieux. Il aurait volontiers réparti à Montmorency que François I er demeurait son prisonnier, qu’il était seul maître de le croiser ou non, et qu’il n’en avait, en vérité, pas la moindre intention. Mais la nature prudente et l’éducation politique de Charles Quint plaidèrent, une fois de plus dans son cas, en faveur du sous-entendu.
    — Je transmettrai votre requête à mon conseil, dit-il. Et je vous prie de dire au roi François que rien ne me réjouirait davantage que de le rencontrer.
    L’émissaire français s’inclina profondément.
    — J’allais oublier, dit-il : Madame proposait de vous envoyer, en ambassade et pour vous prouver sa bonne volonté, sa propre fille, la princesse Marguerite, sœur du roi. Qu’en pense Votre Majesté ?
    — Grand bien, naturellement, répondit l’empereur en faisant un geste qui signifiait la levée de l’audience.
    Montmorency, rusé comme un renard, pouvait ricaner dans sa barbe ; il venait, incidemment, et sans éveiller la méfiance du plus retors des princes, d’obtenir la permission qui, seule, avait justifié sa venue à Tolède. Quand il quitta la fraîcheur limpide de l’Alcazar pour retrouver chaleur et poussière, il put à bon droit se targuer d’être sorti vainqueur d’un duel de fines lames.

    Trois jours plus tard, Charles Quint n’en faisait pas moins conduire François I er à Madrid, sous escorte bien forte, en vue de le jeter dans une prison plus sévère encore que celle de Pizzighettone.
    1 - Allemands.

Chapitre IX
    Automne 1525
    Entre Barcelone et Madrid.
    L es deux galères firent une entrée pompeuse dans le port de Barcelone. Sous les acclamations de la foule, trois cents gentilshommes en descendirent, formant une imposante escorte à la sœur du roi de France. Les Catalans, irrités par les origines flamandes de leur empereur, se sentaient plus proches de ces Français, comme eux latins ; ils en eussent fait volontiers leurs héros. La duchesse d’Alençon parut la dernière ; grande et digne, elle portait le deuil immaculé des altesses veuves. Le public ne l’en plaignit que davantage : pauvre dame éplorée qui ajoutait cette perte au malheur de savoir son frère sous les verrous !
    Pendant la traversée, Marguerite avait questionné les capitaines, à propos d’un plan d’évasion qu’avaient conçu les Vénitiens, deux mois plus tôt, en faveur du prisonnier. En effet, tandis que les deux mêmes bâtiments portaient déjà le souverain captif vers les côtes espagnoles, on avait formé le projet de les attaquer, à hauteur d’Hyères, pour le libérer. Puis on avait renoncé... De ses échanges avec les capitaines, le baron de Saint-Blancard et le frère Bernardin des Baux, la princesse tira l’assurance que le veto n’avait pu venir que de la régente elle-même ; et pour agir ainsi, Madame devait avoir eu ses raisons... Peut-être avait-elle craint les conséquences d’une reprise immédiate des hostilités en Europe. C’est que l’échafaudage diplomatique élaboré depuis Pavie, restait fragile. En tout cas, il fallait absolument que le roi n’en eût aucun soupçon.
    Sur un quai noir de monde, alors que le soleil déclinait, Marguerite, au bras du grand maître de Rhodes, qui faisait partie de sa suite, s’avança vers la délégation espagnole. Une forte brise marine s’engouffrait dans les capes et soulevait les robes, mettant chacun sur ses gardes. Don Ugo de Moncada, envoyé de l’empereur, s’abîma devant la princesse dans une révérence trop obséquieuse pour être sincère. Il

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