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La règle de quatre

La règle de quatre

Titel: La règle de quatre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ian Caldwell
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mémoire.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Où est le dessin ? Le plan ? Bill te l’a-t-il remis ?
    — Quel dessin ?
    — Un parchemin de trente centimètres carrés, guère plus, explique Curry en formant un carré avec le pouce et l’index. Caché dans la double page centrale.
    — Il n’y était pas, réplique Paul.
    Curry continue de palper le livre. Son regard est plus froid, distant.
    — Richard, poursuit Paul, j’ai promis à Bill de le lui rendre demain. Je voudrais le lire cette nuit. Cela me permettra peut-être de comprendre le dernier chapitre del’ Hypnerotomachia.
    Curry frissonne, revient au présent.
    — Tu n’as pas terminé ?
    — La dernière partie ne ressemble pas aux autres, répond Paul d’une voix chargée d’angoisse.
    — C’est pourtant demain la date limite ?
    Paul reste muet. Curry caresse une dernière fois la couverture.
    — Termine, dit-il en lui tendant l’ouvrage. Ne compromets pas l’acquis. L’enjeu est trop important.
    — Je terminerai. Je pense avoir trouvé. En tout cas, j’y suis presque.
    — Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas à me le demander. Une autorisation de fouilles, des géomètres, tu n’as qu’à me le dire. Si c’est exact, on le trouvera.
    Je suis intrigué. À mon regard interloqué, Paul répond par un sourire crispé.
    — Je n’ai besoin de rien. Je suis sûr que la réponse est enfouie dans le journal.
    — Ne le quitte pas des yeux, surtout. Nul n’a réalisé ce que tu es en passe de réussir. Souviens-toi de Browning : Vous faites ce que beaucoup rêvent de faire toute leur vie.
    — Monsieur, dit une voix derrière nous.
    Un des administrateurs s’avance dans notre direction.
    — Monsieur Curry, la réunion est sur le point de commencer. Puis-je vous demander de monter ?
    — Nous reparlerons de cela plus tard, reprend Curry, qui semble avoir recouvré ses esprits. Je ne sais combien de temps va durer la réunion.
    Il tapote le bras de Paul et me serre la main avant de gravir les marches de l’escalier. Paul et moi sommes de nouveau seuls, avec les gardiens.
    — Je n’aurais pas dû lui montrer son journal, murmure Paul pour lui-même.
    Il se retourne une dernière fois et embrasse la salle du regard, comme pour se remémorer ces œuvres et pouvoir les admirer en esprit après la fermeture du musée. Nous sortons enfin.
    — Pourquoi Bill aurait-il menti sur la provenance du journal ?
    — Je ne crois pas qu’il ait menti, me rétorque Paul.
    — Alors pourquoi Curry a-t-il réagi de cette façon ?
    — Je l’ignore. S’il en savait plus, il nous l’aurait dit.
    — C’est peut-être ma présence qui l’a gêné ?
    Paul fait mine de ne pas avoir compris. Il se plaît à croire que Curry nous porte, à moi comme à lui, une affection égale.
    — C’est quoi, cette histoire d’autorisation de fouilles ?
    — Pas ici, Tom, m’intime Paul en jetant un œil inquiet vers un étudiant qui nous cède le passage.
    Connaissant Paul, je sais qu’il vaut mieux ne pas insister.
    — Tu peux me dire pourquoi il a réuni tous ces tableaux sur Joseph ? demandé-je au bout d’un long moment.
    Le visage de Paul s’éclaire.
    — Livre de la Genèse, chapitre 37 : « Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils, parce qu’il l’avait eu dans sa vieillesse ; et il lui fit une tunique de plusieurs couleurs. »
    Je mets un peu de temps avant de comprendre. Un cadeau de couleurs. L’amour d’un père vieillissant pour son fils préféré.
    — Il est fier de toi, Paul.
    — Oui, mais je n’ai pas terminé. Le travail n’est pas fini.
    — Cela n’a rien à voir avec ton mémoire.
    Paul sourit à peine.
    — Bien sûr que si !
     
    Le temps ne me dit rien qui vaille. À l’horizon, des nuages lourds de neige tapissent de gris un ciel anthracite, sans étoile. Alors que nous atteignons notre résidence de Dod Hall, une pensée m’affole : ayant laissé nos affaires dans le tunnel, nous n’avons aucun moyen d’entrer dans l’immeuble. Mieux vaut passer par la porte de derrière, qui donne sur le sous-sol. Un étudiant hésite avant de nous prêter sa carte d’identité qui déclenche l’ouverture. Un capteur électronique enregistre notre passage et la porte se déverrouille dans un bruit d’amorce de fusil de chasse. Dans la touffeur de la blanchisserie, deux étudiantes en tee-shirt et short minuscule plient leurs vêtements sur une table. Traverser

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