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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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car
ils étaient renforcés par des bandes d’un métal plat aux reflets bizarres, à la
fois argenté et ocre, comme si une poussière de safran le recouvrait.
    Au premier
coup d’œil, Tan’Amar comprit qu’il ne s’agissait pas d’argent ni, bien sûr, de
bronze. Ce métal paraissait d’une dureté rare sous le doigt, lisse, et sa
tranche irrégulière portait la marque d’une masse. La ferrure qui maintenait le
coffre clos était aussi de ce métal. Cela rendait toute ouverture naturelle
impossible à qui n’en connaissait pas la technique.
    Tan’Amar envoya
quérir le meilleur forgeron du chantier. L’homme poussa aussitôt un sifflement
d’admiration.
    — Du
fer, seigneur. Du fer, voilà ce que c’est. J’en suis certain. Un métal aux
qualités incomparables. Sauf qu’il n’aime pas l’eau. Un marchand de Maryab, il
y a longtemps, m’en a parlé. Les peuples du Nord savent le travailler au feu.
Ce qui est bien plus délicat que le bronze, mais qui donne des armes
incomparables. On dit que les guerriers de Pharaon en possèdent eux aussi.
    Tan’Amar
songea un instant à tirer du repos l’un des rescapés pour ouvrir les serrures.
L’homme volubile devait en connaître la manière si le blessé, qui paraissait
être le capitaine du bateau, n’était pas en état de le faire. Il se ravisa,
trouvant inutile de leur dévoiler son ignorance. Il demanda au forgeron de
montrer son art.
    L’homme
s’attela à la tache avec gourmandise. Hélas, il ne parvint qu’à détruire les
planches de cèdre sans faire céder les langues de métal. C’était toutefois
suffisant pour qu’apparaisse un contenu tout aussi étonnant que les coffres
eux-mêmes.
    L’un était
rempli de pointes de flèches et de dagues enveloppées dans des linges imbibés
d’une huile verte odorante. L’autre regorgeait de pierres multicolores et
transparentes. Le moindre éclat de lumière leur tirait des feux de grenats, de
bleus et de verts qui faisaient danser les yeux.
    Tan’Amar
fit aussitôt transférer ces merveilles dans des coffres traditionnels de bois
et de cuir.
    — Si
vous tenez à votre gorge, gronda-t-il à l’adresse de l’officier et du forgeron,
gardez vos bouches bien closes. Et qu’on transporte ces coffres chez la reine.
    Makéda se
tenait dans l’une des rares pièces chauffées de son petit palais. Les servantes
maintenaient les flammes dans les braseros et se pressaient près de leur reine.
    Elle n’accorda
d’abord qu’un regard distrait aux coffres que l’on apportait. Elle savait déjà
que les naufragés ne venaient pas de Maryab. Sa curiosité s’en était détournée
et l’arrivée d’un messager d’Axoum avait plissé son front d’inquiétude.
    Elle
accueillit Tan’Amar en lui tendant un court rouleau de papyrus.
    — Kirisha
m’envoie de mauvaises nouvelles. Mon père est malade.
    Un message
bref qui ne réclamait pas le retour de Makéda à Axoum ni ne livrait de détails.
Un message inquiétant par son silence plus que par ce qu’il annonçait. Tan’Amar
s’en étonna.
    — Il
n’était pas difficile d’en dire un peu plus. Kirisha ne précise pas même quelle
est la maladie de notre roi, ni si elle est grave.
    Makéda eut
un sourire triste.
    — C’est
parce qu’elle sait que je la comprends sans qu’elle ait besoin d’écrire ou de
prononcer des mots qui peuvent se répandre dans le royaume et inquiéter. Cela
signifie que la maladie de mon père la tourmente et que je dois les rejoindre
au plus vite.
    Elle
croisa le regard de Tan’Amar. Elle non plus n’avouait pas entièrement ce
qu’elle pensait. Akébo le Grand était en danger. L’émotion figea les traits de
Tan’Amar.
    — Je
t’accompagne dès que tu en donnes l’ordre, déclara-t-il d’une voix blanche.
    — Demain
à l’aube. Une caravane légère avec les chameaux les plus rapides. Les servantes
demeureront ici. Et, ce soir, je veux voir Abo-aliah pour lui donner mes
ordres. Le travail doit avancer pendant notre absence. Fais de même avec trois
bons officiers qui te remplaceront ici et surveilleront la côte…
    Makéda
s’interrompit. Les sourcils froncés, elle ajouta :
    — Ce
n’est pas suffisant. La tempête va donner le goût du sang à Shobwa. Il va
croire que nous sommes affaiblis et voudra en profiter. Trouve des hommes sûrs
et quelques barques de pêcheurs en état de naviguer. Qu’ils aillent en mer tous
les jours et qu’ils soient nos

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