Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
trouve. La mère, qui est une personne large et lourde en chair,
roule dans son inconscience sur le pauvre rejeton et l’étouffé.
    « Horreur
de la découverte au matin. Mais la femme est pernicieuse. Dans la couche
voisine, sa compagne de labeur dort encore à poings fermés, doucement allongée
contre son petit enfant. La mégère y voit aussitôt la solution de son
malheur : elle échange son nourrisson sans vie avec celui de la dormeuse…
    Elihoreph
ne parvenant plus à traduire ces mots qu’à travers des hoquets d’indignation,
Zacharias interrompit son récit un instant.
    — Poursuis
donc, s’impatienta Makéda.
    En termes
qu’elle ne comprit pas, Zacharias réclama sèchement à A’hia de prendre la suite
de son père.
    — Ainsi
donc, au grand jour, la dormeuse se réveilla avec un enfant déjà froid contre
sa poitrine. Cris et désolation qu’on imagine. Elle se déchaîne, demande à tous
comment cela est possible, pourquoi ? « Qu’ai-je fait au
Tout-Puissant pour être ainsi punie ? » Cependant, au cœur de sa
douleur, son sang de mère parle encore. Elle ausculte mieux le petit cadavre
d’enfant serré contre ses seins, découvre avec effroi que ce n’est pas son
rejeton qu’elle tient là ! Son fils, bien vivant, se trouve dans les bras
de sa commère. Saisie d’une fureur de lionne, elle se jette sur la pernicieuse.
L’autre défend à pleines dents son bien mal acquis. La bataille ameute
l’auberge. Hélas, au travers des hurlements et des coups, nul ne parvient à
discerner le mensonge de la vérité, ni du ventre de quelle mère était sorti le
fils survivant. C’est ainsi que le patron de l’auberge, chérissant la paix dans
son commerce, poussa les femmes devant la justice de Salomon.
    « Ayant
entendu tout cela, notre roi fit apporter le bébé devant lui. Après un regard
au braillard, qui semblait avoir hérité d’un caractère bruyant, notre roi dit
au deux femmes :
    « Aucune
de vous ne peut me donner une preuve convaincante que l’enfant lui appartient
tout entier. Aussi vais-je vous contenter l’une comme l’autre. »
    « Il
donna l’ordre aux gardes de suspendre le nourrisson par les pieds et de le
trancher en deux. « Ainsi, annonça-t-il aux femmes, chacune de vous aura
sa part. « Hurlements d’épouvante à faire frémir les murs de la salle.
    « Ah,
hurla l’une des deux mégères, partagez, mon roi ! Partagez ! Ainsi,
il ne sera ni à elle ni à moi ! « L’autre s’égosille, au comble de
l’horreur. La voilà qui se jette sur les pieds de Salomon, baise sa tunique au
risque de la déchirer. On la repousse, elle s’agrippe aux gardes comme une
folle, se dépoitraillé, s’offre à la lame de l’épée à la place de l’enfant,
glapit : « Puissant seigneur, ne le tuez pas ! Ne touchez pas un
cheveu de ce petit. J’abandonne mon fils, même à cette morue s’il le faut,
pourvu qu’il vive ! »
    « Salomon
notre roi, que l’Éternel le bénisse jusqu’à la fin des temps, leva la main,
suspendit la lame au-dessus de l’enfant. « Voici, dit-il en désignant la
femme effarée de douleur, la bouche qui dit la vérité. »
    Zacharias
se tut, le sourire aux lèvres et le gosier sec. Élihoreph et A’hia, plus
tremblants, scrutaient le visage de Makéda. Dans la mauvaise lumière, il était
aussi indéchiffrable que son silence.
    Puis
soudain elle éclata de rire. Un grand rire joyeux qui attira les servantes. Les
scribes lorgnèrent vers Zacharias avec étonnement.
    — Bravo !
s’exclama Makéda en reprenant son souffle. Voilà de l’habileté ! Voilà qui
montre que la ruse peut conduire à la sagesse.
    Zacharias
approuvait fièrement à petits coups de tête. Emporté par son succès, il crut
bon d’ajouter :
    — C’est
ainsi que Salomon a su qui était la mère et qui ne l’était pas.
    Aussitôt
la langue de Makéda claqua et le sérieux reprit ses droits.
    — J’avais
compris. Qu’a-t-il fait de la menteuse ?
    — Il
lui a dit : « Ton mensonge te souille pour toujours. Porte-le comme
une tunique de fiente pour le reste de tes jours. Là, l’Éternel saura trouver
la punition qui te convient. »
    Makéda
cette fois parut surprise. Son silence fut plein d’une émotion qui frappa les
hommes en face d’elle. Elle baissa les paupières, tendit son gobelet d’une main
absente pour qu’une servante le remplisse. Elle but doucement. Murmura
enfin :
    — C’est
bien. Voilà de la

Weitere Kostenlose Bücher