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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pâle, défait, se tenant debout par on ne sait quel prodige, les bras et les jambes paralysés par les chaînes.
    Lancelot fit deux pas en avant, et prenant son air le plus digne, son ton le plus autoritaire :
    « Drôles ! » fit-il, qu’on délie le prisonnier et au plus vite… »
    Au même instant, le son du cor se fit entendre. Lancelot s’arrêta net.
    « C’est Guillaume Bourrasque qui sonne la retraite ! rugit Buridan. Enlevons Philippe et fuyons ! »
    Il n’avait pas achevé que déjà Gautier était à l’autre bout de la salle, saisissant Philippe dans ses bras.
    « Frère ! Frère ! c’est moi ! Qu’as-tu ?… Parle… »
    Philippe tourna vers son frère un visage livide et un regard sans expression.
    « Seigneur Dieu ! hurla Gautier… mon frère est dément !… Marguerite ! Marguerite !… »
    Au même instant, un tumulte effrayant éclata ; on vit surgir des hommes d’armes qui se ruèrent sur Buridan et ses compagnons, tandis que Valois, sur le seuil de la chambre, l’épée à la main, criait d’une voix de tonnerre :
    « Tue !… Tue !… saisissez-moi le fou et l’autre, là-bas, l’officier !… prenez-les vivants !… pour les autres, tue, tue !… pas de quartier. »
    Et un être chétif, le visage animé par une joie féroce, dissimulé prudemment derrière Valois, criait à tue-tête, en désignant Lancelot :
    « Trahison !… arrêtez-le !… ne le laissez pas fuir ! »
    Et cet être hideux à voir, trépignant de joie sauvage, c’était Simon Malingre.
    Cependant, en voyant la salle se remplir d’hommes armés, Lancelot Bigorne avait tiré sa rapière et, faisant un signe à ses hommes, s’était rué en avant, disant à Buridan :
    « Tirons au large, l’affaire est manquée. »
    Déjà, devant eux, une dizaine d’épées leur barraient la route. Ils foncèrent, tête baissée. Au même instant, Riquet Haudryot et ses hommes apparaissaient et chargeaient par-derrière.
    Il y eut des cris, des plaintes, des râles, mais Buridan et les siens passèrent comme un tourbillon, bousculant tout sur leur passage, pendant que le cor précipitait ses appels et que derrière eux les clameurs grandissaient, les hurlements s’élevaient.
    En quelques bonds, ils gagnèrent la salle que Riquet Haudryot venait de quitter momentanément et si fort à propos.
    En un clin d’œil, la porte fut poussée, le verrou tiré et ils repartirent, gagnant dans une course effrénée la cour intérieure.
    Le pont-levis était baissé et une troupe d’archers pénétrait à l’intérieur de la prison à l’instant même.
    Buridan et ses hommes foncèrent, frappant d’estoc et de taille, jetant le désordre dans les rangs des soldats, surpris par cette attaque soudaine.
    Aidés par Guillaume Bourrasque et ses hommes, ils franchirent le pont-levis et allaient s’élancer droit devant eux, lorsque Guillaume leur cria :
    « Par ici !… À droite… »
    Un homme vint à leur rencontre, tenant deux chevaux par la bride et disant :
    « Vite, tous les chevaux sont là… je les gardais. »
    L’instant d’après, ils fuyaient au galop, cependant qu’une troupe de cavaliers se lançait à leur poursuite.
    Heureusement, ils étaient bien montés et avaient une certaine avance, en sorte que bientôt ils furent hors d’atteinte de ceux qui les poursuivaient…
    Deux heures plus tard, les compagnons de Buridan se trouvaient dans la Cour des Miracles… Alors, ils se comptèrent et Buridan poussa un cri terrible.
    Non seulement il n’avait pas délivré Philippe, mais Gautier manquait à l’appel !…
    Les deux frères étaient restés au Temple…

XXII
 
ENGUERRAND DE MARIGNY
    Après l’extraordinaire entrevue du roi de France et du roi d’Argot, après la mort de Hans, après enfin, la délivrance de Marigny, des seigneurs et des archers enfermés dans la Cour des Miracles par l’audacieuse manœuvre de Buridan, Louis Hutin, tenant religieusement la parole qu’il avait donnée, avait prescrit aux chefs de retirer leurs troupes et, vaincu, mais non humilié, était lui-même rentré dans son Louvre.
    Pendant le reste de cette journée, le Louvre retentit donc des éclats de la colère royale qui, à propos de tout et de rien, menait grand tapage.
    Cette colère du roi se manifestait d’autant plus violente qu’il n’avait personne autour de lui pour l’apaiser, personne pas même ses courtisans, pas même Valois, pas même la reine qui, en

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