Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
Vom Netzwerk:
ville en poussière.
    – Amparo a toujours été libre. Je ne la commande en rien. Elle vous aime, Mattias. » Elle hésita. « Je vous aime. Je vous aime tous les deux. »
    Mattias tressaillit, comme si cette information ne faisait qu’ajouter à ses fardeaux. Il battit une fois de plus en retraite dans son café.
    « Quant à notre accord, continua-t-elle, je m’y tiendrai avec joie si vous le souhaitez. Nous pourrions nous marier avant votre départ et mettre tout cela sur papier. Vous auriez votre titre. »
    Il leva la main. « Nous sommes désormais bien au-delà de telles trivialités, dit-il. Et vous méritez un époux bien meilleur que moi. Votre engagement va vers quelque chose de noble. Plus que noble. Vous voulez ma bénédiction ?
    – Il n’existe rien que je chérirais davantage. »
    Il sourit, de son sourire d’avant. « Alors, elle est à vous, librement et pleinement », dit-il. Il se leva. « Mais il est des choses auxquelles je dois réfléchir pour moi-même. » Il fit une courbette, avec la galanterie primitive qui l’avait touchée, avant. « Voulez-vous bien m’excuser ? »
    Carla se leva aussi. « Bien sûr. De toute façon, je dois aller à l’infirmerie. »
    Il lui offrit son bras. « Alors je revendique l’honneur de vous escorter. »
    Carla posa sa main sur son bras et cela faisait du bien. Elle eut peur de ne jamais plus le revoir. Elle aspirait encore à son amour. Et pourtant elle avait fait la paix avec elle-même. Elle ne pouvait pas demander plus.
    Quand elle arriva à l’infirmerie, Lazaro lui dit qu’Angelu était mort.
     
    TANNHAUSER ET BORS étaient assis entre des merlons sur les remparts de Saint-Ange comme deux gamins désœuvrés, leurs jambes pendant dans le vide, à plus de cent pieds au-dessus de l’eau claire et bleue. Ils partageaient une outre de vin et une cruche d’olives, et regardaient le coucher de soleil derrière le mont Sciberras. La fumée ocre des canons de siège prêtait au coucher de soleil une lueur infernale. Du cavalier, derrière leur tribune, le canon cracha une salve de fer et de malheur. De l’autre côté de la baie, le fort Saint-Elme semblait n’être plus qu’un tas de pierres désintégrées mais, malgré toutes les probabilités, son enceinte explosée fourmillait de bravade.
    « C’est paradoxal, dit Tannhauser, que des hommes envoyés à la mort s’accrochent à la vie avec une telle ténacité.
    – La gloire », dit Bors.
    Il regarda Tannhauser et le cœur de celui-ci s’emplit d’une tristesse inattendue face à ces yeux gris sauvages et à ce visage nordique noueux.
    « Toutes chaînes mortelles brisées, toutes dettes morales abandonnées, poursuivit Bors. Nul éloge, ni honneurs, ni grande renommée mais l’extase et un avant-goût du divin. Voilà ce qu’est la gloire. » Il emplit sa gorge de vin et essuya ses lèvres. « Mais tu connais cette joie aussi bien que moi. Nie-le si tu veux, et je te traiterai de menteur.
    – La gloire est un moment qui ne peut être connu qu’en enfer.
    – C’est bien possible, mais à quoi peut-on la comparer en ce monde ? À l’argent ? à la célébrité ? au pouvoir ? à l’amour des femmes ? » Il renifla. « Un moment, oui, mais une fois qu’on a vu sa lumière, tout le reste n’est que mélancolie. »
    La mélancolie de Tannhauser avait d’autres racines. « Mettre la main sur ce garçon est comme essayer d’arracher des poux dans l’entrejambe de quelqu’un d’autre. Déplaisant, frustrant, hasardeux et sans réel bonheur au final.
    – En général, ce sont les poux qui te trouvent, et le garçon n’est pas passé loin. » Bors vida une autre prodigieuse gorgée et tendit l’outre à Tannhauser, qui fit non de la tête. « Nous partons pour la Calabre, alors ? demanda Bors. Et est-ce que ces tendres et belles dames viennent avec nous ?
    – Après avoir prié Notre-Dame de Philerme, Carla a décidé que sa place était ici, dans le Borgo. La divine providence, la grâce de Dieu, la guideront désormais. Elle va se changer en martyre pour ceux qui souffrent, ou un non-sens dans le même style. » Il fit un geste las de la main. « Tel était le fond de sa pensée.
    – Eh bien, on ne peut contredire la Providence, dit Bors. Mais n’était-ce pas une livre d’opium qui lui a ouvert la porte de frère Lazaro ? »
    Tannhauser n’avait pas besoin qu’on le lui rappelle. Ses motivations

Weitere Kostenlose Bücher